La jeune fille à la perle - Tracy Chevalier
11/10/2013
Delft, XVIIè siècle. La jeune Griet est contrainte de partir travailler comme servante auprès d'une famille catholique de la ville. Et quelle famille! Celle du peintre Johannes Vermeer. Si la demoiselle ne trouve pas vraiment sa place auprès de tous - par jalousie surtout - elle peut au moins se consoler d'avoir été choisie pour aider le peintre dans son travail et d'avoir par sa fonction première eu accès à son atelier et par là, à l'intimité de l'artiste.
Qu'on ne s'y trompe pas, La jeune fille à la perle n'est pas une peinture de Vermeer (enfin si mais là non). Non, c'est avant tout l'histoire d'une petite servante appelée à devenir le portrait d'un des plus fameux tableau de l'artiste.
Que Tracy Chevalier ait choisi de faire flotter un parfum de romance toute contenue entre la demoiselle et son maître n'a rendu la lecture que plus plaisante et intense.
Alors oui pendant tout le roman, je n'ai pas cessé de me dire : "ils vont conclure oui ou m..." Je sais ce n'est pas très beau dit comme ça, mais que voulez-vous en même temps, Miss Chevalier joue beaucoup sur ce ressort-là dans son livre et, moi, en tant qu'être "sentimentale" (oui oh hein!), j'ai rebondi dessus encore et encore. Soupir... Ce n'est pas un mal, ça a attisé mon intérêt pour ce roman qui est au demeurant très calme (je n'ai pas dit ennuyeux, ce n'est absolument pas le cas).
Bien, mais il serait réducteur de dire que tout n'est que là : Griet, Vermeer, fera, fera pas...
Ce roman est aussi (surtout!) digne d'intérêt car il parle de création, il parle du regard de l'artiste et de la (non)initiée sur l’œuvre qui naît et s'épanouit. Comme je le disais il touche à l'intime du peintre et, si ce n'était Griet, nous n'y aurions pas accès car, personne, à part elle et son commanditaire, Van Ruijven, n'entre dans l'antre du peintre. Qui n'a jamais rêvé de pénétrer l'atelier d'un Maître, de voir ce qui se joue dans le processus créatif... puis encore de voir simplement l’œuvre naître, grandir, aboutir sous sa main.
J'ai beaucoup aimé les moments où il est question des couleurs, du travail fait pour aboutir à la juste tonalité. Ça m'a donné envie d'aller dans un magasin spécialisé et de partir à la pêche de ces couleurs dont il est question, d'apprendre moi aussi à faire ces savants mélanges pour obtenir LA couleur. Mais je digresse...
Dans ce livre tout est en ressentis. Timides et contenus d'abord puis affirmés. A l'image de Griet d'ailleurs qui, au fil des pages, prend de l'assurance et se révèle à tous, pour finir par s'imposer même sur la toile.
Je n'ai eu de cesse de faire des allers retours entre la couverture et la description du tableau de La jeune fille à la perle, de sa mise en forme à sa réalisation finale. Mais même à la lumière de ce qui nous est dit, je suis bien incapable de saisir ce qui se cache derrière ce visage. Une bouche entrouverte, un regard...mystérieux, les couleurs de cette coiffe et, bien sûr, le détail qui appelle le regard : la perle.
Tout un symbole cette perle...
Cette histoire bien que romancée s'appuie quand même sur quelques faits réels de la vie du peintre. C'était tout à fait intéressant. Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis maintenant incollable sur Vermeer mais, au moins, prolonger ma lecture du livre par quelques articles sur le peintre me l'aura rendu plus familier.
Dois-je ajouter que la fin m'aura tout de même apportée la consolation d'un geste que j'aurais moi même répété à maintes reprises si j'avais été à la place de Griet?... Ce n'est pas essentiel mais qu'est-ce que ça m'a fait du bien!
7 commentaires
Processus créatif, couleurs, c'est un bouquin pour moi ! C'est certain !
Ton billet est intéressant mais je reste un peu septique...je ne suis que moyennement tentée pour le moment par le sujet tout simplement.
Je suis bien d'accord avec ta chronique, j'ai eu la même sensation à la lecture.
J'avais vu le film avant je crois. Très beau film qui ressemble vraiment à un tableau de Vermeer. J'ai découvert ce peintre avec cette histoire et je pense qu'il fait partie de mes peintres préférés (bien que je ne m'y connaisse pas trop en art)
Finalement, tu me donnerai presque envie de le lire.
Tu vantes parfaitement les mérites de ce petit roman intelligent qui nous apprend bien des choses sur Vermeer. L'histoire est bien menée, la relation contenue entre les deux protagonistes est délicatement romantiques. Un chouette bouquin.
Je viens tout juste d'en emprunter un autre du même auteur: Prodigieuses créatures.
As-tu vu le film? Une des seules adaptations que je trouve MAGNIFIQUE. Tout un poème à lui tout seul. J'ai découvert Tracy Chevalier avec ce roman et je dois avouer que tout revête ce côté.. doux. Pas ennuyeux juste.. beau :)
@Ingrid : attention hein, ce n'est pas non plus un manuel de peinture :)
@Stéphanie : c'est la romance ou le côté Vermeer qui ne te tente pas ? Un temps pour chaque chose, un temps pour chaque lecture. Si ce n'est pas celle-ci ce sera une autre, je sais que tu as plein de choix :)
@Camille : il faudra que je me le trouve ce film, voir comment il a été adapté. Pour Vermeer, je suis contente que ce roman m'ait permis d'aller à sa rencontre et de son œuvre. Ça en valait la peine.
@Alex : :) que faut-il ajouter de plus pour que tu le lises vraiment alors?
@Sound : Merci! Un roman qui nous a conquise toutes deux. "délicatement romantique" c'est exactement ça! Je ne manquerai pas de te questionner sur ce Prodigieuses créatures dont j'ai déjà entendu parler par ailleurs sur LA.
@Lavinia : eh non, pas vu. Simplement vu l'affiche... Me suis d'ailleurs demandée si la romance n'était pas plus poussée dans l'adaptation, voire concluante ^^
Tu as raison il y a de la douceur dans ce roman et aucun ennui, absolument aucun.
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