En BREF, j'ai lu... - Avis sommaires #4
19/01/2018
Hello!
J'aurais aimé que ce billet arrive avant la nouvelle année, mais diverses occupations m'ayant tenue éloignée du blog, c'est aujourd'hui qu'il se présente à vous :)
J'ai quand même tenu ma promesse et n'ai pas attendu 9 mois pour ce #4 ^^
Allez, en avant pour ce tour d'horizon des lectures du 2ème semestre 2017
(nb : je n'y reparle pas des titres ayant fait l'objet d'une chronique solo)
La maison d'à côté - Lisa Gardner (livre audio écouté le 13/08/2017)
Sandra Jones disparaît, seule témoin sa petite fille de 4 ans. Son silence ne permettra pas de lever les soupçons qui pèsent sur le père qui, par ailleurs, semble avoir quelques secrets. Dans le voisinage, certains trimballent aussi quelques casseroles. Autant de pistes que de coupables potentiels, l'enquête de l'inspectrice D.D. Warren ne va pas être simple et le temps presse.
Mais quelle bonne idée j'ai eu d'emprunter ce livre audio pour m'accompagner durant mon périple vers la Bretagne. Je salue d'ailleurs la voix de Elodie Huber, juste parfaite ici.
Dans ce policier/thriller tout y est. Le suspens, la complexité des personnages, l'enquête qui piétine et nous fait tourner en bourrique tant on hésite entre une piste et d'autres, le(s) mystère(s) qui n'ont cessé d'attiser ma curiosité et puis quand même derrière tout ça, matière à réflexion.
Évidemment, je me suis attachée à certains et, non, je ne voulais pas croire en leur culpabilité. J'ai été émue, et triste même, quant à leur sort. Agacée par notre inspectrice qui ne m'a pas paru de prime abord bien sympathique, mais ce sentiment-là a évolué. Je me suis repue de cette intrigue rebondissante au final relativement surprenant. A tel point, que sur la route du retour, je me la suis réécoutée avec jubilation.
◊"On peut avoir tout ce qu'on a toujours voulu et s'apercevoir qu'on ne voulait pas les bonnes choses."
◊"Ainsi va le monde. Ça merde, on essuie, on tire la chasse. Et ça remerde."
◊"Un jour, tu m'as dit qu'on ne peut pas effacer le passé. Qu'on ne peut plus oublier ce qu'on sait. Tu avais raison."
Avant toi (T.1) - Jojo Moyes (livre lu le 14/08/2017)
Will est un jeune homme d'affaire brillant qui a tout pour lui et vit sa vie à fond. Jusqu'à ce qu'un accident le cloue dans un fauteuil. Lou vit dans une famille modeste dont elle est quasiment le principal soutient financier. Aussi lorsqu'elle se retrouve au chômage, elle n'a d'autre choix que de postuler à une offre d'emploi "d'auxiliaire de vie". Le patient n'est autre que Will et il veut tirer sa révérence.
Des années que ce roman adulé traînait dans ma bibli et je ne me résignais pas à le lire, méfiante que j'étais devant tant d'avis élogieux. Une proposition de lecture commune par Aveline et l'envie de voir son adaptation cinématographique m'auront décidée.
C'est plutôt surprise que je me suis laissée prendre dans les filets de cette "romance". Elle n'a pourtant rien d'innovant dans le genre. Je crois que ça tenait juste aux personnages. Ce sont eux qui m'ont séduit, amusée, émue (oui ok j'avoue aux larmes... mmpf). Je n'ai pas trouvé la manière dont était abordé le handicap cliché, facile ; la relation entre Will et Lou mièvre. L'histoire amène sa part de réflexion sur des thèmes aussi délicats à traiter que le droit à mourir dans la dignité, le handicap. Il y est aussi question de relations familiales, du couple, d'accomplissement personnel. J'ai trouvé que c'était sincère.
Le film est sympathique aussi et joliment interprété.
◊"Il y a des heures normales et d'autres bizarres où le temps paraît se figer et glisser, où la vie -la vraie vie- semble être à la fois très proche et très lointaine."
◊"Mais, au fond, que prouvait une photo ? A la maison, j'en avais une sur laquelle je regardais Patrick, le visage rayonnant, exactement comme s'il venait de me sauver d'un immeuble en flammes. En réalité, juste avant qu'elle soit prise, je venais de le traiter de "sale con", à quoi il m'avait répondu : "fais pas chier"."
Seul le silence - R.J. Ellory (livre lu le 21/08/2017)
Joseph Vaughan est un tout jeune adolescent lorsqu'il découvre le 1er cadavre d'une longue série de meurtres sur fillettes. Cela aurait pu s'arrêter là mais sa vie va se trouver irrémédiablement marquée, compromise par cette affaire.
Ce thriller a été pour moi une claque. Non à cause de l'intrigue criminelle, qui ne manque aucunement d'intérêt (attention d'ailleurs, c'est rude!), mais qui est somme toute en filigrane derrière l'atout principal de ce roman. Et cet atout principal, c'est la destinée tragique de Joseph Vaughan. Quel personnage nous a créé-là Ellory! Même si je reconnais être particulièrement sensible aux personnages torturés et malmenés par la vie, ça ne fait pas toujours tout. Suffit pas de poser évènements pourris après évènements pourris dans la vie d'un mec pour que ça accroche, émeuve, etc. Il faut que le gars soit solide pour camper le personnage et que tout ce qu'il incarne vous prenne aux tripes. Il faut ce petit truc qui fait que la rencontre avec un tel personnage, vous chamboule vraiment et vous poursuive longtemps après avoir tourné la dernière page. Alors voilà : Joseph Vaughan. Son introspection sombre, mélancolique fut la mienne durant les 602 pages de ce roman très noir parsemé quand même de quelques étincelles de lumière. 5 mois après ça m'étreint encore...
Et puis le cadre de la Géorgie, cette Amérique rurale-là (avec aussi un joli passage sur New York) parcourue sur quelques décennies, son ambiance, ça a été une immersion fascinante.
L'écriture d'Ellory, sublime, m'a parlé, comme me parle celle de Baricco dans Novecento pianiste ou de Coe dans La pluie avant qu'elle tombe, comme me parle celle d'Irving dans Une prière pour Owen. Dans tous ces livres qui m'ont profondément touchée et marquée, il est question de destins qui ne peuvent pas laisser indifférents.
◊"Peut être est-il des cicatrices -sur l'esprit, le cœur- qui ne se referment jamais. Peut-être est-il des mots qui ne peuvent jamais être prononcés ni chuchotés, des mots qu'il faut écrire sur une feuille de papier que l'on plie pour faire un bateau qui voguera sur un ruisseau pour se faire avaler par les vagues. Peut-être est-il des ombres qui vous hantent à jamais, qui viennent se serrer contre vous dans ces moments d'intime obscurité, et vous seul pouvez reconnaître les visages qu'elles revêtent, car ce sont des ombres, les ombres de vos pêchés, et nul exorcisme terrestre ne peut les chasser. Peut-être ne sommes-nous pas si forts que ça en fin de compte. Peut-être mentons-nous au monde, et en mentant au monde nous mentons à nous-mêmes."
◊"L'hiver en Géorgie était une chose à part ; une énormité effrontée et arrogante, tel un parent irritable et fruste bien décidé à s'installer et s'immisçant dans les moments et les conversations intimes, les poings serrés, l'haleine chargée de whisky, doté d'autant de savoir-vivre qu'un peloton d'exécution unioniste"
◊"Elle ne parlait pas beaucoup, ne l'avait jamais fait, et ne le ferait jamais plus."
◊"Ils avaient traversé l'ombre et étaient ressortis de l'autre côté."
Trois fois dès l'aube - Alessandro Baricco (lu le 28/08/2017)
Un hôtel, un homme et une femme, une longue conversation nocturne.
Un autre hôtel, un employé vient au secours d'une jeune fille qui tente d'échapper à son violent petit ami. Confidences sur la route.
Ailleurs, une policière récupère un gosse qui vient de perdre ses parents.
Trois histoires posées telles trois scènes de théâtre avec cette unité de temps respectée. Le temps d'une histoire qui s'achève à l'aube, une aube qui ouvre à un possible recommencement.
Trois rencontres, six portraits. Tous liés.
J'ai aimé l'écho entre chaque histoire, les réponses qu'elles se font et celles que j'ai trouvées quant aux imbrications qu'elles pouvaient avoir les unes par rapport aux autres.
J'ai savouré les dialogues et l'écriture de Baricco, musicale, poétique, toujours si exquise.
◊"Elle regardait cette maison, devant elle, et pensait à la mystérieuse permanence des choses dans le tourbillon incessant de la vie. Elle pensait que chaque fois, en vivant avec elles, on finissait par laisser sur ces choses comme une légère couche de peinture, la couleur de certaines émotions destinées à s'estomper, sous le soleil, en souvenirs."
Il y a encore des noisetiers / La vérité sur Bébé Donge / La veuve Couderc - Georges Simenon (lus en Août)
Dans le 1er, un patriarche fortuné reçoit une triste nouvelle qui l'amène à replonger dans son passé. Il en ressortira changé.
Dans le 2nd, un bourgeois survit à la tentative d'empoisonnement de sa femme. Incompréhension puis réflexion et remise en question amèneront au pardon.
Dans le 3ème, un homme sorti de prison trouve un emploi dans une ferme auprès d'une veuve au prise avec la famille de son défunt mari. Deux destins qui se croisent pour le meilleur et le pire.
Tout d'abord, merci à Nicolas de Livrepoche.fr de m'avoir transmis cette envie de lire cet auteur que je ne connaissais qu'à travers ses Commissaires Maigret.
Ces courts romans m'ont révélé une plume que je ne connaissais pas et qui est excellente. S'il est un auteur (j'ai envie de dire comme Baricco) qui peut démontrer qu'il n'est pas nécessaire de faire dans la longueur pour toucher le lecteur par l'histoire qu'il nous donne à lire, et par les portraits dressés, c'est bien Simenon.
En enchaînant les lectures, je me suis rendue compte que l'écrivain aimait plonger ses personnages dans une profonde introspection. Une introspection intéressante parce que les portraits sont tous bien différents et les cheminements psychologiques aussi. Aucun ennui, que du plaisir.
Il ne fait jamais noir en ville - Marie-Sabine Roger (lu le 08/09/2017)
De ce recueil de nouvelles, récits tranches de vies, il me reste les émotions qui m'ont parcourue parce que j'ai souri, ri et aussi... pleuré. Encore une fois, ça a beau être court, l'intensité est au rendez-vous. En tout cas, ça l'a été pour moi. Sur Livraddict, j'ai écrit "Les mots de Marie Sabine Roger sont comme une musique, un tempo d'émotions". Je ne veux rien changer aux mots choisis à ce moment-là pour parler de l'écriture de cette autrice, ils me paraissent encore justes aujourd'hui.
◊"Ils se postent en haut de la rampe, sur la glissière de métal. Ils restent en équilibre, un court instant, puis sautent dans l'enfer, le vide, la gueule du volcan, prennent la pente à contre-courant pour s'en aller jaillir dans un bruit de tonnerre, presque à la verticale, tout en haut de l'autre paroi. On dirait qu'ils s'envolent. Parfois, le vol s'immobilise, ils restent un court instant hors du temps, se tournent sur eux-mêmes et repartent à l'assaut des pentes."
◊"J'ai décidé de l'appeler Moïse, parce que je lui avais sauvé les os"
◊"Je ne sais pas comment on dit adieu au père, lorsqu'on reste sans lui du côté des vivants."
◊"La mémoire est un bien qui ne prend sa valeur que lorsqu'elle se partage.
Si la parole est sans écho, elle n'atteint pas l'autre versant. Elle ne prend pas les vents, les courants ascendants. Elle s'abîme."
◊"Comment pourrais-je me convaincre, au jour suivant le dernier soir, que les mots jetés là n'iront pas au hasard."
Clair de femme - Romain Gary (lu le 27/09/2017)
Michel et Lydia se percutent sur un trottoir. Tous deux sont à la dérive, malheureux. Lui est torturé par la mort imminente de sa femme, elle par la perte de son enfant. A la faveur d'une nuit interminable, ils vont se trouver, se confier, s'aimer avec l'envie du désespoir.
Je suis sortie de ma lecture perplexe, ne trouvant pas de mots pour exprimer mon sentiment face à cette lecture, n'arrivant d'ailleurs pas exactement à savoir si je l'avais appréciée. C'est que cette histoire surfe sur 2 vagues, celle du burlesque et celle du drame. Du coup, j'ai été plutôt désarçonnée. Reste que l'écriture de Gary est exquise.
Pour dire quelques mots sur les personnages, j'ai, peut-être parce que je suis une femme, été plus touchée par la sincérité de Lydia. Son abandon m'a paru plus altruiste. Lui, obéissant à l'injonction de son épouse mourante, m'a moins touchée alors que ce qu'il vit (la perte de l'amour de sa vie) n'est pas moins dramatique.
J'ai aimé qu'elle, elle est une conscience plus vraie de ce qui se jouait entre eux, qu'elle ne se soit pas voilée la face malgré l'envie d'un nouveau départ. Fredd avec qui j'ai fait cette lecture commune, porte un regard plus éclairé que moi sur l'écriture de Gary dont il connaît bien l’œuvre et, je crois, la vie. Nos échanges m'ont permis d'adoucir mon regard et mon jugement sur Michel, que je trouvais plutôt égoïste dans la démarche...
Si jamais tu passes par là, merci de m'avoir donné l'envie de lire encore plus de Gary, un auteur, comme tu dis, plein d'humanité.
◊"Nous avions besoin d'oubli, tous les deux, de gîte d'étape, avant d'aller porter plus loin nos bagages de néant."
◊"Le rire, c'est parfois une façon qu'a l'horreur de crever."
◊"C'est merveilleux, pouvoir aider quelqu'un quand on a soi-même besoin de secours."
Dieu me déteste - Hollis Seamon (lu le 01/10/2017)
Richard a 18 ans et se trouve dans une unité de soins palliatifs de l'hôpital Hilltop à Hudson. Jusqu'au bout, il veut vivre, s'envoyer en l'air et faire la nique à ce dieu qui le déteste.
Je lis très peu de romans young adult, c'est peut-être pourquoi mon avis sur ce titre qui ne casse pas trois pattes à un canard (quelle expression horrible quand même ^^ ) reste indulgent. Loin de la vulgarité qu'on a pu lui prêter (oui on a affaire à 2 ados qui bien que mourants se laissent emporter par la vague de derniers désirs), une histoire qui se révèle être plus tendre qu'il n'y paraît. Pas larmoyant pour un sou, dans ces pages il y a surtout malgré l'inéluctable de la vie, de la rage aussi.
Bref, un roman yound adult qui saura toucher plus que son lectorat habituel.
◊"Une fois, j’ai fait une liste de tous les trucs dont je n’aurai pas à m’inquiéter – trouver du boulot, élever des enfants ingrats, divorcer, me faire opérer des dents de sagesse, surveiller mon cholestérol -, et maintenant je sais que je peux y ajouter avoir du bide et me rabattre une longue mèche sur le crâne pour planquer les trous. Ça a beau être bizarre, ça me fait du bien."
Une femme - Annie Ernaux (lu le 17/10/2017)
Le livre s'ouvre avec l'annonce de la mort de la mère. Une mère souffrant de la maladie d'Alzheimer placée depuis 2 ans en maison de retraite. Annie Ernaux nous raconte à travers cette petite centaine de pages, qui fut sa mère, une femme qui voulait s'élever, réussir. Elle raconte aussi leur relation faite de "je t'aime moi non plus".
Il y a la culpabilité aussi et, au fond, un amour viscéral pour cette mère qui n'est plus.
Ce n'est pas évident de parler d'un livre qui fait écho à tant de choses et douleurs...
◊"Quelquefois, dans la maison, il m'arrive de tomber sur des objets qui lui ont appartenu, avant-hier son dé à coudre, qu'elle mettait à son doigt tordu par une machine, à la corderie. Aussitôt le sentiment de sa mort me submerge, je suis dans le vrai temps où elle ne sera plus jamais."
◊"Je n'entendrai plus sa voix. C'est elle, et ses paroles, ses mains, ses gestes, sa manière de rire et de marcher, qui unissaient la femme que je suis à l'enfant que j'ai été. J'ai perdu le dernier lien avec le monde dont je suis issue."
Toi - Zoran Drvenkar (lu le 22/10/2017)
D'un côté, des meurtres en série et à priori commis sans mobile par celui qu'on nommera Le Voyageur. De l'autre, 5 adolescentes embarquées dans un very bad trip qui les conduira jusqu'en Norvège. Une fuite éperdue en avant et à l'issue détonante.
De cette lecture commune avec Kyra, je vous livre le commentaire que j'ai laissé le 26 octobre sous son avis et qui reflète encore bien ce que j'en ai pensée :
"-Il est vrai que la narration a un petit côté convenu, différent de ce que l'on rencontre régulièrement dans le genre. Elle s'apprécie dans cet effort-là que fait l'auteur de nous donner à voir ce que ressent chacun des personnages impliqués dans cette sombre et chaotique histoire.
Je suis d'accord avec toi pour dire que l'auteur prend aussi le risque de perdre son lecteur, de le fatiguer par ce perpétuel aller retour des faits à travers les yeux des uns et des autres (complexifié aussi par le passé de certains d'entre eux, les liens entre quelques-uns qui se découvrent au fur et à mesure, quand d'autres sont évidents).
J'ai dû m'accrocher moi aussi, quelques longueurs, oui... Mais contrairement à toi, les wagons, j'ai réussi à les raccrocher et là, ça a été l'apothéose, l'applaudissement à deux mains.
J'ai aimé suivre Le Voyageur. J'étais très curieuse par rapport à ce personnage. La fin ne nous livre d'ailleurs pas toutes les réponses attendues. On aime ou pas, moi ça ne me gêne pas.
Drvenkar a tissé une histoire d'apparence complexe (ou décousue pour reprendre tes mots -mais ce n'est pas mon avis), une vraie toile d'araignée qui ne trouve un sens que dans ses dernières pages. Il faut être patient en reconstituant le puzzle.
Une sacrée brochette de personnages en tout cas, tous pas mal travaillés. Pas cartésiens, parce que rien n'est jamais tout blanc, tout noir... Et ce Voyageur, ahlala...
Le vrai méchant de l'histoire n'est pas pour moi celui que l'on croit, malgré tout ce que l'on sait de ses actes.
Et puis, il y a quand même une sacrée leçon derrière toute cette histoire, outre l'escalade dramatique auquel peut conduire un acte que l'on pense sans répercussion ou même juste une main tendue, c'est que la vie finit toujours par régler ses comptes et qu'elle nous botte le popotin.
Donc, malgré quelques bémols, et avec un peu plus de recul encore, je crois que j'ai vraiment, vraiment aimé ce Toi.-
Ce que je dirai aujourd'hui de ce livre? Toi de Zoran Drvenkar c'est d'abord le chaos puis l'ordre. ^^
◊"Tu n'es plus. Quand tu te déplaces, autour de toi l'air reste immobile. Pas un souffle. Tu parles et c'est le silence qui te répond. Tu es là sans être là. Et tu ne le croiras peut-être pas, mais c'est un plaisir de faire enfin ta connaissance."
Block 46 de Johanna Gustawsson (lu le 07/11/2017)
Branle bas de combat à Falkenberg lorsque le cadavre d'une jeune femme est retrouvé sur la plage d'Olofsbo. Un crime qui semble trouver un tragique écho du côté de Londres. Unissant leurs forces, le commissaire Bergström et la profileuse Emily Roy rejoints par Alexis, autrice de faits divers, vont tenter non sans mal de résoudre cette énigme par-delà les frontières.
Voilà un thriller qui n'a rien d'original et qui pourtant m'a fait passer un bon moment de lecture. Sans doute lié au style de Gustawsson.
Le duo Alexis et Emily fonctionne bien, il est plaisant à suivre. Chacune a sa personnalité, ses forces et faiblesses. Elles sont pertinentes dans leurs rôles bien distincts. Un seul regret, que les portraits n'aient pas été encore mieux brossés. Un petit manque de ce côté-là (peut-être lié au fait que je n'ai pas lu les précédents tomes de la série?).
Les autres personnages ne m'ont pas laissé une empreinte indélébile. Mis à part... chuuuut!
Le fond historique prêté à cette enquête criminelle sert bien l'intrigue et a une vraie portée. Il fait sens. J'ai par ailleurs apprécié que l'autrice n'est pas fait de surenchère dans l'horreur des faits relatifs à Buchenvwald. L'horreur de ce qui est suggéré entre les lignes est déjà bien assez terrible.
Pour moi, ce thriller, malgré une enquête qui n'est pas menée tambour battant, remplit le contrat par son efficacité. Il se lit vite, il maintient l'intérêt du début à la fin, parfois c'est juste ce qu'il faut pour passer un bon moment.
◊"La mort n'est pas une absence, lui avait un jour dit Alba, elle est une présence secrète."
◊"Le quotidien du camp avait désacralisé son corps. L'intimité et la pudeur n'avaient pas leur place à l'intérieur des barbelés: chacun était bien trop occupé à survivre."
Si c'est un homme - Primo Levi (lu le 17/11/2017)
Primo Levi raconte dans les pages de ce livre autobiographique l'horreur des camps d'extermination nazis. Ce témoignage sur Auschwitz est une analyse de la nature humaine, de l'atrocité dont les hommes sont capables, de la force de vie aussi.
La neutralité du ton de Levi, dénué de haine n'atténue pas le choc de tant d'horreurs. Il n'y a pas grand chose à ajouter si ce n'est que de tels témoignages doivent être lus, aussi durs soient-ils à ingurgiter.
◊"Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter."
◊"Beaucoup d’entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que « l’étranger, c’est l’ennemi »"
14-14 - Paul Beorn et Silène Edgar (lu le 18/11/2017)
Adrien et Hadrien sont des adolescents que tout sépare et rapproche à la fois. Des préoccupations quasi similaires mais à un siècle de distance. La courbe du temps s'est mystérieusement pliée et les deux garçons peuvent communiquer, sans se douter dans un 1er temps du siècle qui les sépare. Branle bas de combat lors de la prise de conscience!
Sympathique petite histoire que ce roman jeunesse. Une amitié qui touche au cœur, d'une grande sincérité.. Le parallèle entre les 2 époques est très bien construit à travers le regard des 2 (H)(A)drien. Vraiment une lecture prenante et forte et dotée aussi d'un certain suspens.
◊"C'est donc cela l'amitié, être si proche l'un de l'autre qu'on vit avec lui, qu'on ne pense qu'a l'aider et à lui confier ses secrets."
Saga Testament, T.1 L'héritière, T.2 Alouettes - Jeanne A. Debats (lus les 02 et 10/12/2017)
Agnès Cleyre, a perdu brutalement père, mère et frère dans un accident de voiture. De sa mère sorcière, elle a hérité la capacité à percevoir les morts. Un don que d'ailleurs elle ne maîtrise pas et qui lui pourrit bien l'existence, la poussant au confinement à domicile et à s'imbiber copieusement d'alcool. Survient "l'oncle" Géraud, un immortel, qui va la prendre sous son aile.
Dans ce Paris revisité où les humains côtoient les espèces de l'AlterMonde (vampire, loup-garou, sirène, sorcier, etc), Agnès et ses nouveaux acolytes (les membres de l'office notarial tenu par Géraud) vont devoir régler un 1er problème de succession vampirique (introduction du charmant personnage de Herfauges fils honni de Dame Bathilde).
L'histoire est savoureuse, truculente, avec une palette de personnages qui vous donne d'emblée la furieuse envie de les côtoyer et d'en savoir plus sur leurs vies. Le cadre parisien est quant à lui superbe. Pour ne rien gâcher, il y a de l'action et c'est parfois hilarant.
J'ai aimé que cette gamine ait un caractère affirmé, qu'elle soit constituée comme tout un chacun de forces et faiblesses. J'ai aimé que les personnages secondaires soient aussi bons que ceux mis sur le devant de la scène. J'ai enfin aimé les réflexions bien senties posées ça et là par Jeanne A. Debats, des réflexions tout sauf anodines.
Un 1er tome hyper divertissant qui m'a donné l'envie de m'attaquer fissa à sa suite (heureusement acquise rapidement au cours d'une rencontre proposée par la Librairie La Virevolte - débat sur Quel sexe dans la SF avec J.A. Debats, S. Lainé et D. Douay).
Ce tome 2 permet donc de retrouver avec plaisir les membres de cet office notarial bien particulier. L'action se situe quelques années plus tard, Agnès se remet difficilement des évènements survenus dans L'héritière. Mais il est temps de se secouer, un vent de folie secoue l'AlterMonde qui voit sa jeunesse prise d'une frénésie amoureuse contre-nature. Géraud a d'ailleurs reçu la consigne de n'entériner aucune union sous peine de représailles. L'affaire se complique lorsqu'un membre de l'équipe disparaît en enquêtant sur cette histoire.
En revisitant le thème de Roméo et Juliette façon urban fantasy, Jeanne A. Debats m'a ravie. C'est intensément pétillant, follement amusant. La panoplie des personnages de l'AlterMonde s'étend par ailleurs considérablement (kitsune, zombie, faune, etc viennent rejoindre le panel des espèces du 1er opus). Cela peut donner le sentiment d'un immense bordel (sans vouloir faire de jeu de mot sur le contenu) mais c'est parfaitement organisé et maîtrisé au niveau de l'intrigue. Navarre est toujours aussi charismatique, Herfauges m'amuse énormément quand il intervient (je suis sous le charme du bad boy de service, je l'avoue!), Agnès suit son chemin, prenant de plus en plus la mesure de ses capacités et de ses désirs sexuels (oui parce qu'il est un peu question de sexe dans ce tome). Elle grandit et c'est plaisant. Un seul regret, que le mystère qui entoure Gerfaud soit aussi opaque que mon unique paire de collants noirs :p
Derrière tout ça, on continue de sentir l'engagement féministe et humaniste de Jeanne A. Debats. Bref que du bon.
Les 2 premiers tomes de cette saga Testaments m'ont donc clairement plu. C'est drôle, intelligent, sensuel même. Maintenant reste à savoir quand je lirai le tome 3, Humain.e.s, trop humain.e.s qui d'après les retours glanés de ci de là souffle le chaud et le tiède. Affaire à suivre donc...
◊"On pouvait dire ce qu'on voulait de la plupart des éternels, Herfauges en tête, mais jamais ils n'égaleraient en horreur ce que les simples humains étaient capables de concevoir rien que pour s'éliminer les uns les autres."
◊"- Oh, les grands manitous monothéistes ? J'en ai jamais vu la queue d'un. Navarre dit que c'est parce qu'ils crèvent de honte dès qu'on cause de certains de leurs supporters. De toute façon, ils préfèreraient se retourner un ongle plutôt que léguer quelque chose à quelqu'un."
◊"Mais les vamps accusent traditionnellement un retard certain par rapport à la norme contemporaine. Ils ont autant de mal à se faire aux changements de société que l’Académie française aux évolutions de langage. L’immortalité ne rend pas forcément très réactif, il faut croire."
◊"La plupart des meurtres que la presse qualifie hâtivement de « passionnels » naissent de ce malentendu : confondre l’amour, voire moins que cela, avec un titre de propriété en bonne et due forme."
Travail soigné - Pierre Lemaître (lu et écouté le 23/12/2017)
Le commandant Camille Verhoeven est appelé à enquêter sur deux crimes atroces, premiers d'une série qui le mènera en enfer. Malmené par sa hiérarchie et mené par le bout du nez par le meurtrier, Verhoeven ne baissera jamais les bras.
Titre parfait qui a accompagné de longues heures de travail créatif nocturne. Il m'a tenue bien éveillée le bougre. Quand je pense qu'il y a quelques années, je n'avais pas réussi à dépasser la première page. Il faut dire que c'était le dernier titre que je tentais de lire pour un readAthon, et à 7h du matin mes yeux ne demandaient qu'à se fermer...
Trêve de digression.
Lemaître propose encore une fois un thriller tout ce qu'il y a de plus intense et terriblement glauque. Pour sûr, il faut avoir l'estomac accroché pour supporter les descriptions des tortures qu'infligent le meurtrier à ses victimes. Surtout que l'homme se délecte de les narrer au commandant Verhoeven.
Dans cet énième titre de Lemaître que j'ai lu, j'ai aimé que l'auteur fasse le choix d'un flic atypique (physiquement parlant). Cela ne lui enlève aucunement sa force, bien au contraire même. Force de caractère, intelligence, persévérance. J'ai aimé que cet homme ait une femme et qu'il s'inquiète souvent d'elle. L'épouse du policier n'est pas remisée aux oubliettes, elle fait partie intégrante de l'histoire. J'ai aimé la figure du meurtrier proposée, son mode opératoire. Quelle bonne idée! j'ai aimé les références littéraires au genre du polar noir, thriller et me suis, du coup, notée des tonnes de titres à lire.
Le seul bémol a été pour moi la prévisibilité d'un certain nombre de points sur lesquels je ne peux que garder le silence sous peine autrement de vous spoiler ^^ Ce fait d'avoir senti les choses arrivées ne me fera pas dire que l'intrigue n'est pas bien menée parce que c'est resté hyper prenant jusqu'au bout. Le rythme est bon, certes lent dans la première partie (il faut bien poser les bases), il s'accélère bien dans la seconde.
En résumé, j'ai passé un très bon moment avec ce Travail soigné de Lemaître et nul doute que je poursuivrai la série consacré au Commandant Verhoeven.
(ceci dit le titre ne détrônera pas Robe de marié du même auteur.
◊"C'est aux moyens dont la police dispose qu'on mesure l'intérêt que suscitent, en haut lieu, les grandes affaires médiatiques. Camille se vit attribuer une grande salle du sous-sol. Aveugle.
- C'est bête, un crime de plus, on avait droit aux fenêtres, commenta-t-il."
Ouf! Une journée pour venir à bout de ce looooong récapitulatif ^^
J'en connais une qui va devoir se montrer un peu plus régulière dans la tenue de ce rendez vous.
En attendant, j'espère que vous trouverez ici, dans ces modestes avis, des envies de lecture. Comme j'aime à le répéter, n'hésitez pas à venir partager vos propres impressions, c'est avec intérêt et plaisir que je vous lirai.
15 commentaires
Pleins de belles lectures.
Effectivement Alex :p
Il faut que je continue la série de Jeanne A Debats !
Je ne me souviens pas, tu en es restée au 2? Tu as trouvé ça comment?
Je ne me souviens pas, tu en es restée au 2? Tu as trouvé ça comment?
Woaw, ça c'est du rattrapage ! Tu fais pas les choses à moitié :)
Coucou
Quand je me réveille effectivement, je ne fais pas semblant :p Mais il faudrait quand même que je sois plus régulière!
Merci d'être passée (faut que j'aille lire tes derniers bilans!)
De bonnes lectures !
J'avais beaucoup aimé avant toi de Jojo Moyes même si j'avais pleuré comme une madeleine à la fin du livre.
La série Testament est vraiment top, je te souhaite une bonne lecture avec le troisième tome ;)
C'est vrai que la fin est touchante. D'une certaine manière, elle est aussi lumineuse et pleine d'espoir. :)
J'espère que le 3ème tome saura me plaire autant que les deux premiers. Merci bien :)
Après ce long récap ! je sais que tu vas bientôt lire le dernier de Mme A-Debats ! MJ t'a gâté ! ;) Je suis dans le premier et j'aime beaucoup pour l'instant ;) souvenir rapide de la madame aux utopiales.
j'ai noté Lemaître évidemment ! pour le reste, je ne connais pas ou pas d'envie immédiate ! Tu nous as fait une sacré rétrospective quand même ! bravo !
Et oui, je pense que dès réception, il ne restera pas bien longtemps sans être lu ^^ MJ et la main heureuse qui m'a tirée au sort m'ont bien gâtée :)
J'ai vu que tu l'avais fini, j'espère qu'il a continué de te convaincre jusqu'au bout. Je verrai ça à la lecture de ta chronique!
Un peu longue la rétrospective... Il faut vraiment que je sois plus régulière pour que ce soit plus digeste ^^ L'avantage c'est que ça fait travailler ma mémoire :p (on fait ce qu'on peut pour lutter contre Alzheimer hein...).
Merci de ton intérêt en tout cas ma Lili!
Ohhh, mais ton buffet livresque est gargantuesque !
Alors… par où commencer ? Par les titres que je connais, de réputation, ou déjà lus :
- Avant toi de Jojo Moyes : Je ne connais que l’adaptation cinématographique, et je pense m’en tenir là, sous peine d’écluser ma réserve de Kleenex déjà bien entamée avec le film. Je suis d’accord avec ton ressenti, et j’ai découvert une Emilia Clarke touchante et vraie dans ce rôle.
- Seul le silence de R.J. Ellory : J’avais lu Mauvaise étoile, qui est implacable aussi ! C’est très juste cette analogie avec Coe, Irving, ou encore Baricco (3 auteurs que j’aime aussi), mais les personnages salement amochés d’Ellory me glacent tellement...
- Trois fois dès l'aube d’Alessandro Baricco, justement ! J’ai bien l’intention de lire tous ses romans et celui-ci ne fera naturellement pas exception !
Que dire des autres titres ? Eh bien que plusieurs d’entre eux sont, ou seront programmés (Si c'est un homme de Primo Levi Saga (the big priority !) Testament de Jeanne A. Debats, 14-14 de Paul Beorn et Silène Edgar…) et pour les autres, pas de plan prévu, on verra, au fil de l’eau ^_^
Merci pour ce copieux et aiguillonnant menu livresque ;-) Bises !
Promis je vais essayer de faire plus digeste à l'avenir :)
Ellory est pour moi une très belle découverte. S'il revient aux QdP cette année, j'espère que j'oserai aller lui parler de ce titre et de son personnage. ^^
Pour Baricco, nous avons la même ligne directrice : tous les lire.
Merci de ce généreux commentaire, c'est toujours un plaisir de te lire par ici ET chez toi
Copieux ne veut pas dire indigeste, loin de là ^^ Je me suis régalée :)
Merci Lupa. T'es chou
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