Le hameau des purs - Sonja Delzongle
05/01/2020
Audrey Grimaud est une jeune journaliste cherchant encore à faire ses preuves auprès de son chef. Elle est envoyée par ce dernier sur une enquête mettant en scène un serial killer appelé l'Empailleur.
Fait important, la scène de tous ces crimes la renvoie à son histoire personnelle, une histoire dont elle va devoir démêler des fils bien tordus.
Le hameau des purs est le premier roman de Sonja Delzongle. Il met en scène une journaliste d'investigation. Il me semble juste de penser que l'autrice a dû puiser dans son histoire professionnelle de quoi inspirer le profil de ce personnage, crédible et bien campé.
L'histoire démarre d'emblée en plaçant les protagonistes de l'histoire (et donc le lecteur) sur les lieux du crime. Des lieux qui vont tout de suite faire appel au passé d'Audrey Grimaud. Pas de détours, l'on comprend rapidement qu'elle sera impliquée jusqu'au cou dans l'enquête. Reste à savoir jusqu'à quel point et quelles en seront les conséquences.
C'est intrigant, accrocheur.
Puis, nous voilà plongés dans son passé, son histoire personnelle, le hameau des purs où elle a vécu de nombreux été, devant se plier aux règles sectaires de cette communauté, à un mode de vie archaïque et austère. Un lieu où elle n'était pas forcément bien accueillie, lourd de secrets.
Si j'ai trouvé ce fil narratif de qualité, j'avoue avoir été un peu désarçonnée que la narration s'éloigne si rapidement et longuement de l'enquête.
Je ne suis pas contre le fait de creuser le passé d'un personnage pour la mise en place et la bonne compréhension de l'histoire, mais pour le coup, ça génère un certain détachement sur la durée, comme si on entrait dans un autre roman. Il a beau être bon, on s'interroge sur son rapport à la trame initiale bien que l'on sache qu'il n'est pas là pour rien.
Pour autant, le récit de l'enquête repart, se fait à nouveau tendu, prenant. Je me revois tourner les pages, intriguée, intéressée.
Puis, rupture. Un rebondissement auquel je ne m'attendais pas vraiment. Circonspection est ma première réaction. Soit, voyons où ça mène. Et ça mène quelque part malgré tout, les wagons sont raccrochés.
Mais contre toute attente, alors que je m'attendais à une résolution finale sur ce twist, en survient un autre.
Un de trop à mon goût, qui m'a fait bien soupirer.
Au final, c'est encore la partie consacrée au passé de la journaliste qui s'est révélée la plus aboutie, la plus plaisante à lire en définitive.
Le Hameau des purs a des qualités, l'autrice a un style accrocheur, que j'ai retrouvé dans ses romans suivants mais il souffre aussi d'un défaut : ne pas s'être arrêté quand tout était encore crédible. Entre ne pas en faire assez ou trop, il y a un juste milieu que l'autrice n'a pas trouvé ici. Dommage.
Mais lisez-le et faites vous-en un avis, le mien n'engage que moi.
"Étrangement, cet été-là, il me semblait que ce qu’il pouvait rester de mon enfance m’abandonnait. Pourtant, le Gars en avait fait partie. Nos jeux dans les bois, les cabanes, les arcs qu’il m’apprenait à fabriquer, les nasses pleines de poissons frétillants, nos silences, lui et moi, assis côte à côte à regarder le ciel se charger de nuages noirs, nos baignades au lac, nos plongeons périlleux depuis les rochers, nos défis à la vie, à la mort. Des trucs d’enfant, simples et essentiels. En communion avec une nature rude et imprévisible."
"Sans électricité, avec des bougies et des lampes à pétrole pour seul éclairage, on vivait au rythme de la nature. En hiver, la nuit tombait à quatre heures et demie. L’été, les journées étaient un peu plus longues, mais les bois de conifères et de feuillus, proches, semblaient absorber la lumière et projeter leur ombre épaisse tout autour."
Livre lu dans le cadre d'un partenariat avec les Éditions Folio
21 commentaires
Je connaissais pas du tout, merci pour la découverte ^^
De rien ^^
Je suis totalement de ton avis… Du coup, j'ai un problème car je crois que j'ai du lire les 2 plus mauvais Delzongle, je suis bien refroidit mais Dust, qui semble bien meilleur me tente quand même un peu.
Oui Dust est pour moi son meilleur, celui qui me paraît le plus abouti et finement mené de bout en bout. Je te l'ai, il me semble, déjà conseillé. :)
C'est le 1er titre que j'ai lu de l'autrice et je ne lui avais pas trouvé de défauts, au contraire!
Ah, dommage pour le point de juste équilibre non atteint !
Du coup, tu ne m'en voudras pas si je t'avoue ne pas être plus tentée que ça ? Je sais que tu as de nombreux autres atouts dans tes manches, alors ce n'est que partie remise, hein ;)
Clap clap clap pour ces billets de début d'année en cascade !
Un policier de Sebastian Fitzek m'avait fait la même chose, un rebondissement de trop et flop flop flop.
Bon c'était le 1er roman de Delzongle hein. Même si elle en a trop fait, son style est agréable et elle sait raconter une histoire. Ce n'est pas quelque chose que je peux lui enlever. C'est plus une question de pêcher par excès qu'autre chose.
Et d'autres ont adhéré totalement.
(merci, il était temps que je me motive!)
Mon préféré de l'auteure reste Dust. Celui-ci ne m'avait pas convaincu.
Nous sommes d'accord sur ce point.
J avais aime dust et boréal je crois. Elle va toujours tres loin dans ses rebondissements, je te rejoins sur le fait que ca finit par faire beaucoup a accepter et a digérer. J ai "quand la neige danse" à lire. On verra si le syndrome persiste
Oui, il me semble me souvenir que tu as apprécié les 2. Ils ont tous 2 une histoire qui pointe des problèmes importants : Dust c'est la violence envers les albinos en Afrique (trafic) et Boréal c'est les problèmes écologiques au Pôle Nord.
Autant Dust m'avait totalement conquise, autant Boréal m'a laissé un sentiment mitigé car comme je l'avais dit dans ma chronique, il y avait trop de similitudes avec Terror.
Quand la neige danse, je crois me souvenir que je l'avais trouvé plutôt bien ficelé. Tu me diras :)
Merci d'être passée, ça fait plaisir
Je passerai promis ! ;)
Je l'avais reçu, un moment donné... je reste curieuse suite à ton billet! Peut-être que je vais le lire.
Il y a de bonnes choses dans ce roman et je comprends que d'autres lecteur.ices y adhérent totalement.
Lis-le, oublie ce que j'en ai dit :)
Ah dommage !
Pas grave Zina, ce n'est pas une lecture négative. Elle comporte de bonnes pages
Bonjour itenarasa, si j'ai bien compris, il faut lire Dust et puis c'est tout! Je note. Je ne connais cette femme écrivain. Bon dimanche.
Bonjour Dasola,
Ben je ne sais pas s'il faut hein, en tout cas, c'est celui que j'ai trouvé le plus convaincant dans son entièreté, sans défauts.
Mais ça reste mon humble avis.
Comme je dis, à chacun de se faire une idée en lisant tel ou tel roman et en oubliant un peu ce qui a pu être dit :)
Merci d'être passée par ici. Bon Dimanche oui
Zut, une lecture qui n'a pas répondu totalement à tes attentes !
Je ne connais pas du tout cette écrivaine mais si je dois un jour la découvrir, je commencerai par un autre de ses romans ;-)
ça arrive :)
Sonja Delzongle a été journaliste avant de devenir écrivaine. Elle fait dans le thriller policier, en abordant parfois dans ses titres des problématiques réels, d'actualité (dans Dust il est question des albinos, dans Boréal elle aborde la question du climat et des extinctions d'espèces).
Dust est selon moi, très bien.
Mince... j'ai bien aimé moi, malgré un flottement dans cette double fin.
J'ai aussi beaucoup aimé Dust, mais j'ai encore préféré celui qui vient juste après: Quand la neige danse. J'y ai trouvé les même qualités mais les quelques bémols en moins. Et j'ai aimé aussi Récidive qui "clot un peu" cette histoire. Les as-tu lu?
C'est le double qui est de trop pour moi sur ce coup-là, limite triple aussi. Et c'est ce qui m'a laissé un goût mitigé. Pour autant, et je crois bien le dire dans ma chronique, il y a de très bonnes choses dans ce polar, en dehors du final.
Pour moi, il n'est pas question de dire qu'il est mauvais ou que l'autrice ne sait pas écrire. Bien au contraire, y a une écriture qui est là et qui sait faire plaisir. Simplement, pour moi il y a un défaut, que j'ai souligné ailleurs, qui est de ne pas savoir s'arrêter, du surajout qui gâche un peu le truc.
Dust etait dur et passionnant. Quand la neige danse est un bon polar, plus classique mais qui était bien ficelé et plaisant. Je crois avoir lu tous les livres de l'autrice.
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