The perks of being a wallflower - Stephen Chbosky
01/11/2013
A 15 ans, Charlie se prépare à entrer au lycée. L'angoisse l'étreignant il décide de confier ses pensées, ses doutes, ses réflexions a quelqu'un là dehors qu'il juge apte à entendre ses confidences. De cette personne nous ne savons rien mais c'est à elle que Charlie va se livrer et s'ouvrir de la manière la plus profonde et intime qui soit. Mieux qu'un journal intime, une correspondance à sens unique, anonyme et gardienne sans faille de ce nouvel univers dans lequel il entre.
Publié tout d'abord sous le titre Pas raccord puis réédité avec pour titre Le monde de Charlie, histoire d'être en accord avec le film éponyme, cette comédie dramatique axée jeunesse a rencontré un franc succès auprès d'un large public. A moins d'être sourde et aveugle, je ne pouvais passer à côté du roman et, forcément, l'envie de le lire m'a vite titillée. Moi, les personnages qui sortent de l'ordinaire, différents ça m'intéresse toujours. Mais pourquoi un titre anglais me direz-vous? Parce que lecture V.O. ^^ Un voyage à New York et la promesse avec Soundandfury de trouver une librairie et revenir en France avec un titre américain. Dès que j'ai vu la couverture verte de The perks of being a wallflower je me suis jetée dessus, ce serait celui-ci ou rien! (Sound elle a choisi To kill a mocking bird d'Harper Lee -assez drôle quand on pense que Charlie y fait référence dans les 1ères pages du roman).
Charlie est un joyaux brut, un de ces êtres rares à la sensibilité et l'intelligence de cœur et d'esprit que l'on aimerait croiser sur sa route et en faire un ami pour la vie. Comment résister à la pureté de ses sentiments, à ce regard naïf, tendre, cru, violent, étonné, bouleversé et si aiguisé qu'il porte sur les autres et la vie? Comment résister à sa sincérité, à sa spontanéité, à cet oiseau blessé? Ce n'est pas un niais, un nigaud. Il est juste au début du roman en retrait, presque effacé, à tel point qu'il paraît bizarre (un weirdo comme on dit). Comme l'évoque le titre anglais, il fait tapisserie, il est "à part" des autres oui mais il ne laisse rien passer, son regard sur le monde est lucide. Il voit et comprend. Ses lettres adressées à un "ami" anonyme révèlent toute la force du personnage, donnent encore plus de portée à ses émotions, plus de profondeur à sa pensée. La douleur qu'il exprime, sa souffrance devient par moments terriblement palpable. Ce personnage m'a paru tellement juste, tellement en adéquation avec ce qui peut animer le monde intérieur d'une personne qui est dans le monde mais qui n'y participe pas.
Et qu'est-ce que c'est beau et bouleversant cet éveil au monde et aux autres quand Charlie croise la route de "Nothing"Patrick et de sa demi-soeur Sam. Il lui faut cette rencontre avec ces deux aînés pas tout à fait raccords non plus pour que Charlie sorte de son cocon et révèle toute sa beauté intérieure, pour qu'il devienne apte à vivre pour lui-même et non plus par les autres. Quelle belle rencontre aussi que celle avec son professeur de littérature, Bill. Un enseignant qui saura voir en Charlie l'être exceptionnel qu'il est et l'inciter à devenir partie prenante de ce monde qu'il ne faisait alors qu'observer.
Charlie traverse la vie des gens et la marque d'une empreinte indélébile.
Ce gamin c'est une chouette rencontre. Au fil des pages, il a pris cette place particulière des personnages de roman qu'on n'oublie pas. La place de ces personnages qu'on voudrait réels et avec qui on voudrait poursuivre le chemin au-delà de la fiction. C'est peu de vous dire que j'aurais aimé être là pour lui, lui offrir une épaule sur laquelle s'appuyer, des bras dans lesquels se blottir comme une amie, comme une mère ; juste être là et qu'il le sache. C'est dingue non de ressentir ça pour un être fictif! Enfin fictif... ce Charlie c'est un peu de notre part d'adolescence qu'il ramène à la surface non? L'adolescent à fleur de peau que nous avons été... et puis, les doutes et les souffrances propres à cet âge, les belles amitiés, l'amour extrême, les virées nocturnes avec la bande de copains, les dérives et le cœur qui bat fort quand d'un coup en communion avec les autres, on se sent beaux, jeunes et vivants.
The perks of being a wallflower est un bijou et, s'il est centré autour de Charlie, il laisse la part belle à de beaux personnages secondaires. Tous m'ont paru pertinents, tous avaient quelque chose à dire d'eux ou du monde qui les entoure et c'est juste judicieux de la part de Chbosky d'avoir donné une portée à tout ça à travers les yeux, les mots et les émotions de Charlie.
J'ai poursuivi l'aventure en me constituant une playlist des titres préférés de Charlie dans le roman (Asleep des Smiths est superbe) et puis, j'ai visionné le film adapté du roman. Même si c'est Chbosky lui même qui l'a réalisé, je l'ai trouvé moins intense que le roman. J'ai regretté que Bill, le prof de littérature n'y soit pas aussi présent et si je salue le jeu d'Ezra Miller (Patrick, excellent dans We need to talk about Kevin) et Logan Lerman (Charlie), Emma Watson dans le rôle de Sam ne m'a pas trop convaincue.
Il me faut remercier Clédesol d'avoir tiré ce roman de ma PAL pour le challenge Livradeux pour PALaddict6! :)
Citations (en V.O. of course) :
"Charlie, we accept the love we think we deserve"
"The thing is some girls think they can actually change guys. And what's funny is that if they actually did change them, they'd get bored. They'd have no challenge left. You just have to give girls some time to think of a new way of doing things, that's all."
"It's just that sometimes people use thoughts to not participate in life."
"And in that moment, i swear we were infinite."
11 commentaires
ça semble très très comtemplatif comme intrigue. Très lent et intériorisé.
J'ai comme l'impression, en effet, que ce qui t'a plu, c'est d'y retrouver un echo de tes jeunes années d'étudiante :)
hmm "contemplatif"... méditatif me convient mieux. Intériorisé au départ mais justement le choix d'un récit "épistolaire" permet de faire sortir tout ce qui est contenu, tout ce que Charlie retient de ses pensées face aux autres. Je n'ai pas eu le sentiment que c'était lent, vraiment pas parce qu'il se passe quand même pas mal de choses.
Ce qui m'a plu va bien au-delà d'un écho à mon propre vécu de l'ère lycéenne. C'est vraiment lié à Charlie, à sa manière d'être et de s'exprimer et à ces quelques autres personnages forts du livre et à la relation que tous entretiennent, qu'elle soit simple ou compliquée.
Et puis, je ne l'ai pas vraiment évoqué dans mon billet mais il y a aussi cette part de mystère liée à cette tante disparue...
Je vois que toi aussi tu as succombé, à Charly, mais en même temps, il est tellement attachant, et surtout la façon dont le livre est écrit (épistolaire), nous permet de vraiment connaitre ce personnage, puisqu'on a l'impression que c'est à nous lecteur qu'il écrit.
Comme tu dis : Un petit bijou de littérature.
Tu as choisi ce citer le passage que j'ai trouvé le plus beau, intense et représentatif de l'histoire :)
J'ai partagé ton ressenti entièrement avec les mêmes bémols que toi
@clédesol : oui, un gros coup de coeur effectivement. Comme tu le dis, le choix de la forme "épistolaire" est très judicieux de la part de Chbosky. On pénètre vraiment dans l'intime de Charlie, au plus profond de ses pensées et au plus près de son ressenti et c'est ce qui m'a permis de me sentir très proche de lui et d'être bouleversée par sa souffrance et aussi ses flashs de bonheur.
@Aveline : :) il faut croire que les grands esprits se rencontrent Aveline :p En même temps, c'est une citation qui a dû clairement nous parler :) Je viens d'aller lire ton article, marrant nous avons lu ce livre à un an d'intervalle quasiment. Le ressenti est identique oui. Une pépite n'est ce pas? :)
Je sens comme un complexe de n'avoir pas encore lu ce titre ! Je suis souvent réticente à lire de l'épistolaire mais c'est sans doute un bête a priori que je devrais oublier (ou surmonter) ! Je passe sûrement à côté d'une belle lecture ! Ce que tu en dis dans ton avis me tente, j'aime ces récits un peu méditatifs où le lecteur a directement accès aux pensées et aux émotions des personnages ! Je ne vois plus qu'une chose à faire, l'ajouter à ma PAL (eh oui, encore...) !
Ton avis me donne très envie :)
Un bijou ! Et bien...tu risques de bouleverser ma pal c'era avec ce genre de billet. Je te signale que dans un.mois c'est le salon du livre de Montreuil...
@Ingrid : ah ben nous voilà bien si je te donne des complexes. :) On ne ressent pas vraiment la forme épistolaire je trouve, en tout cas pas comme on l'entend habituellement. Je crois qu'on se laisse vite happer par les pensées, réflexions et tourments de Charlie. C'est ce qui devrait te plaire je crois!
@gaellooo : quand on aime on est toujours ravie d'avoir écrit un billet tentateur :p
@Stéph : le salon de Montreuil voyez vous ça... c'est une invitation? :)
Les pal sont faites pour grossir de manière exponentielle, je suis contente de contribuer à leur développement chez les copines :p
Ooooh, ce livre, ce livre, ce livre.... Que dire de plus, ton article est tellement complet ! ( Si, que la playlist de Charlie est top, bien plus que la playlist du film, SAUF Come on Eileen)
:) Je ne dirais pas mieux : "ce livre, ce livre, ce livre". Si "ce Charlie, ce Charlie, ce Charlie!!!"
La playlist du livre je me la suis rentrée dans deezer ^^ Il faut que j'écoute le titre que tu indiques car je ne sais pas si j'y ai fait attention pendant le film.
Les commentaires sont fermés.