L'amie prodigieuse, t.2 Le nouveau nom - Elena Ferrante
01/10/2017
Le jour de son mariage avec Stefano Carraci, Lila comprend la duperie de son époux, l'épicier s'est acoquiné avec les frères Solara, camorristes qu'elle déteste. Commence pour elle une période trouble, faite de renoncements, concessions, passion et fulgurantes rébellions.
A distance, Elena, l'amie d'enfance, assiste au manège fou de cette vie napolitaine tonitruante, violente où se débattent Lila et ses proches ; un monde dont les études représentent pour elle une issue.
L'amie prodigieuse est une histoire ancrée dans le quotidien des gens d'un quartier pauvre de Naples, les moeurs en toile de fond.
Dans le 1er tome, années 50, on suit plus particulièrement Lila et Elena, deux gamines qui dès l'enfance se tirent la bourre sur les bancs de l'école. Une émulation intellectuelle qui amènera Elena à se dépasser et poursuivre ses études tandis que Lila, malgré des capacités supérieures, n'aura au final d'autre choix que de se marier dès 16 ans pour sortir de la misère et tenter de briller autrement.
Le tome 2, Le nouveau nom, continue de faire la part belle aux deux filles, devenues jeunes femmes, et signe la chronique d'une forme de rupture entre elles malgré un attachement viscéral qui finit toujours par les ramener l'une vers l'autre.
Dans cette Naples des années 60, Lila et Elena affrontent des tourments personnels qui les lient et les désunissent. Tantôt complices, tantôt opposées, elles poursuivent leur destinée. Chemin de croix ou route du succès, dans tous les cas vers une forme de liberté.
C'est aussi la chronique d'un mode de vie qui n'a pas tout à fait à voir avec la dolce vita, d'une époque en mouvance où perce les prémices d'une révolution féministe, celle de se libérer du joug patriarcal et matrimonial, de sortir d'une condition qui ne destinerait la femme qu'à être une épouse soumise, enfantant et pliant sous l'autorité masculine.
Lila et Elena sont des femmes qui se battent peut-être contre elles-mêmes, mais elles se battent surtout avec fougue et audace contre les archaïsmes d'une société patriarcale. Dans cette Italie en pleine mutation sociologique, elles continuent la leur, parfois pour le pire mais surtout pour le meilleur.
L'amitié, la passion amoureuse, la jalousie, la vie de quartier, la violence conjugale, la maternité, l'émancipation, l'être et le paraître, la réussite comme l'échec, l'ascension sociale sont les ingrédients qui, sur fond sociétal, ont rendu ma lecture captivante.
Avec des petits riens ou des grands tout de la vie, Elena Ferrante a construit une histoire intime à la portée universelle. Cela me parle, cela me touche, cela me fait réfléchir.
La boucle n'est pas encore bouclée et il reste beaucoup à découvrir... Les tomes 3 et 4 m'attendent.
"Depuis l’enfance, nous avions vu nos pères frapper nos mères. Nous avions grandi en pensant qu'un étranger ne devait même pas nous effleurer alors qu'un parent, un fiancé ou un mari pouvaient nous donner des claques quand ils le voulaient, par amour, pour nous éduquer ou nous rééduquer."
"Elle m'expliqua que je n'avais rien gagné, qu'il n'y avait rien à gagner dans le monde, que sa vie était pleine d'aventures diverses et déraisonnables, exactement autant que la mienne, que le temps s'écoulait sans avoir de sens, et que c'était bien de se voir de temps à autre pour entendre le son fou du cerveau de l'une résonner dans le son fou du cerveau de l'autre."
"Tout à coup, je me rendis compte de ce presque. J'y étais parvenue ? Presque. Je m'étais arrachée à Naples et au quartier ? Presque. J'avais des nouveaux amis garçons et filles qui venaient de familles cultivées, souvent bien plus que Mme Galiani et ses enfants ? Presque. D'examen en examen, j'étais devenue une étudiante accueillie avec bienveillance par les professeurs absorbés qui m'interrogeaient ? Presque. Derrière ce presque, j'eus l'impression de comprendre comment se passaient vraiment les choses. J'avais peur. J'avais peur comme au premier jour de mon arrivée à Pise. Je craignais ceux qui savaient être cultivés sans ce presque, avec désinvolture".
"Ma longue hostilité envers Lila se dissipa, et tout ce que je lui avait pris m'apparut soudain beaucoup plus important que ce qu'elle avait pu me prendre."
"Je lui ai donné la main, j'ai entrelacé mes doigts avec les siens et je les ai serrés bien fort, et les lâcher était une douleur."
6 commentaires
J'ai adoré cette saga. J'attends le tome 4 avec impatience !!
Bonjour Bibliblog.
Je viens d'aller constater cela sur ton blog (belle découverte!) et tes avis (sur les 2 premiers tomes) rejoignent bien les miens. Je ne manquerai pas de lire ton dernier avis sur cette saga dès que j'en aurai fini du tome3. Vivement!
Je n'en entends que du bien de cette saga, je ne vais pas résister longtemps
Hello Mlle Javotte, tu te doutes bien que parce que j'ai aimé, je ne peux que t'encourager à découvrir cette saga. En souhaitant surtout que cette histoire te plaise! J'avoue que ça met toujours un peu de pression ^^
Une saga addictive dont il me tarde de lire le tome 4.
Bonsoir Alex,
J'ai parcouru tes avis et pu en apprécier la teneur. Tu as comme beaucoup de l'avance sur moi mais c'est un plaisir de voir ton impatience quant à lire le tome 4 :)
Addictive c'est bien le mot ^^
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