08/08/2012
Contretemps – Charlie Smith
Une histoire qui prend au "trip"
« Alice et moi avions été amoureux dès l’enfance, puis amants à un jeune âge, mais nous nous étions séparés – explosés, bouleversés, fulminés, badaboumés, serait-il plus juste de dire – en raison de notre propension aux disputes à mort façon scorpions […] Je dis séparés, mais le terme n’est pas approprié. Nous nous étions l’un et l’autre mis immédiatement ensemble, à distance. Ensemble par l’esprit. Parfois comme une idée derrière la tête, parfois devant. Elle était toujours là, quelque part, en circulation. »
En 4ème de couverture on nous dit que Charlie Smith signe avec Contretemps son retour après 10 ans d’absence.
Bien, c’est peut-être le temps nécessaire à l’écriture d’une telle histoire. L’histoire d’un amour à la « je t’aime moi non plus », à la « je vais et je viens » mais… que rien ne retient.
Contretemps, c’est l’histoire d’une passion dévorante, d’une addiction, d’un amour excessif qui abîme (qui s’abîme), celui de Billy et Alice. Ils s’aiment depuis l’enfance. Depuis le temps où lui, digne fils de son père, était un prêcheur précoce, habité par Dieu.
Billy est la voix de Contretemps. Une voix qui tente de donner un "surplus de vie" à ce désordre amoureux, une voix qui se perd souvent dans les méandres d'un esprit embrumé par la drogue ou par l'obsession d'Alice.
Tel un ange déchu, junkie en errance, Billy n'est plus habité que par Alice. Elle le hante comme il la hante. C'est à elle maintenant qu'il voue un culte, pour elle qu'il prêche l'amour. Alice est une drogue dont il ne peut se passer : « L’amour rongeait mon cœur […] chaque jour il m’en fallait davantage. »
Alors il la cherche, il la "harcèle", quémande un peu de son attention malgré cette conscience aiguë de toute la rage et la violence qui les animent une fois réunis. Alice, elle, se tient à distance de Billy, femme mariée à d'autres qui se refuse hypocritement à succomber à son appel mais qui succombe pourtant. Alice qui l'aime, qui lui revient mais qui s'échappe toujours.
Et quand enfin ces deux-là semblent définitivement se retrouver, ils se heurtent et s’entraînent mutuellement dans une nouvelle chute qui les abîme un peu plus, un peu trop. Ces deux-là s'aiment à contretemps, avec une mesure de retard, d'un amour qui ne fait que se déchirer, amants maudits. Contretemps, est une dérive des sentiments, les tourments d’une passion dont on sort comme d’une fièvre, vidé.
Contretemps c'est aussi des personnages "colourful". Henry l'ami d'enfance, figure stable s'il en est une dans ce roman, homme tendre, fidèle en toutes circonstances, l'ancre de Billy et d'Alice. Le Garçon Rieur, tueur en série juvénile. Les contrebandiers... Autant de vies qui se croisent, se lient et se délient au gré des mésaventures du couple.
Contretemps est un poème, une prose métaphorique qui laisse pantois et Charlie Smith est un magicien des mots. Auteur à découvrir.
22:15 Publié dans Boum boum | Tags : contretemps, charlie smith, drogues, globe-trotter junkie, prison, passion, obsession, je t'aime moi non plus, harcèlement téléphonique, éloquence | Lien permanent | Commentaires (2)