30/08/2012
Malevil - Robert Merle
Recherche gîte rural post-apocalyptique
Le jour de l'Incident, Emmanuel Comte - ancien instituteur ayant pris à la mort de son oncle la succession des terres et du château de Malevil - a eu la bonne idée de se trouver dans sa cave pour "tirer le vin" avec la vieille Menou et son fils Momo. Heureusement pour eux, les amis d'enfance d'Emmanuel (Peyssou, Colin, Meyssonnier) ainsi qu'un jeune étudiant en "cailloux", Thomas, les y ont rejoint.
Après des heures de souffrance Emmanuel et Thomas, en éclaireurs, quittent leur abri de fortune pour rejoindre l'extérieur. Là, ils ont la confirmation de ce qu'ils avaient pressenti : une bombe dite propre (sans retombées) a laissé un paysage dévasté, des cendres, de la grisaille à perte de vue et le silence. Cette vision d'apocalypse nous est donné à voir à travers le regard d'Emmanuel.
"Maintenant oui, il y a du silence. Et ciel et terre, rien d'autre que du plomb, de l'anthracite et du noir. Et en plus, l'immobilité. Un cadavre de paysage. Une planète morte." [...] "Le monde n'était plus qu'une fosse commune, et moi, on m'avait laissé seul sur ce charnier, avec mes compagnons, pour enterrer les morts et vivre avec leur odeur"
De désespoir ("mince on est 6 hommes pour une "vieille" femme! Comment allons-nous perpétuer l'espèce?" question existentielle s'il en est une dans le roman) en espoir ("oh chouette une femme, faites tourner!" Comme quoi les hommes ne sont bien rien sans nous!!!), nos 7 compagnons reprennent du poil de la bête mais, c'est sans compter les Hommes et cette nature humaine portée à l'auto-destruction. Eh oui, même dans un monde en ruine où l'on pourrait s'attendre à de la solidarité entre rescapés, il faut encore se battre contre l'avidité, la jalousie, la tyrannie, la soif de pouvoir et les pillards...
Le Cercle affublé petit à petit de nouveaux membres se reconstitue pour former la communauté de Malevil (toute allusion à l'autre communauté avec des elfes, des nains, des orcs serait fortuite, bon on a bien Colin qui se prend pour Legolas mais bon...). Je disais... Il s'agit non plus de survivre à une bombe mais à l'Homme et de sauvegarder à tout prix la terre, la "famille recomposée" et l'ultime vestige du temps d'avant : le château de Malevil, le dernier abri contre la bêtise humaine.
"Malevil, aujourd'hui, c'est bien autre chose. C'est une tribu - avec des terres, des troupeaux, des réserves de foin et de grain, des compagnons unis comme les doigts de la main, et des femmes qui nous porteront des enfants. C'est aussi notre repaire, notre tanière, notre nid d'aigle. Ses murs nous protègent et nous savons que nous serons enterrés dans ses murs."
Malevil, roman d'anticipation de 1972, écrit sous forme d'un "journal de bord" tenu par Emmanuel est empreint d'un réalisme mis en avant par les commentaires, annotations et corrections apportées par Thomas. Ce roman n'a pas mal vieilli (Tchernobyl, Fukushima en sont la preuve dans une moindre mesure).
Les réflexions qu'il amène sont toujours d'actualité. Comment survivre à un cataclysme qui éradiquerait toute vie animale, végétale sur terre ; en l'absence de technologies? Comment et en qui trouver la force pour tout reconstruire et repartir de "zéro"?
Leçon de survie
Je n'sais pas si ce livre donne des réponses mais il autorise la remise en question de tout un tas d'idées pré-établies dans nos sociétés modernes. Comme le dit si bien Emmanuel, comme tous finissent par le comprendre et s'y résoudre, "les valeurs ont changé" : la religion, l'ordre et la morale, les relations homme/femme, la propriété. On met en place de nouveaux consensus qui à la lumière des évènements ne nous choquent pas plus que ça.
Leçon de choses
Malevil c'est aussi une mise en garde sur ce que nous prenons pour acquis.
"On s'y habitue, à ce qui vous fait vivre. On finit par croire que ça va de soi. Et ce n'est pas vrai, rien n'est donné pour toujours, tout peut disparaître."
Leçon d'humilité
Un roman qui ne demande qu'à exploser entre vos mains ^^
11:17 Publié dans Bang | Tags : malevil, robert merle, guide de survie, bêtise humaine, apocalypse, vive les caves à vins, le cercle, les hommes ne sont rien sans les femmes | Lien permanent | Commentaires (8)