09/05/2018
Sous Béton - Karoline Georges
Tour de Babel
L'enfant est enfermé avec Père et Mère dans l’Édifice, immense tour de béton où si l'humain subsiste, l'humanité non. En lui grandit la question et elle grandit jusqu'à occuper un espace trop restreint. L'enfant matricule, sans nom, roué de coups, se fait petit, invisible jusqu'à vouloir se fondre dans le béton.
15:43 Publié dans Bang | Tags : sous béton, karoline georges, roman d'anticipation, maltraitance, non survivalisme, béton, huis clos, transcendance métaphysique, sf, oppression, tu es béton et tu retourneras au béton | Lien permanent | Commentaires (14)
08/06/2015
Une fille comme les autres - Jack Ketchum
De charybde en scylla
Une petite bourgade du New Jersey, fin des années 50, David, 12 ans, vit sa vie pépère d'ado avec ses potes, dont son meilleur ami Donny Chandler. Jusque-là pas de fille à l'horizon susceptible de l'intéresser. Cet été-là, pourtant, il rencontre Meg qui avec sa petite sœur Susan ont été confiées à leur tante, Ruth Chandler, après le tragique accident qui a tué leurs parents.
David conquis par le sourire de Meg est loin d'imaginer que l'arrivée des filles chez les Chandler va bouleverser sa vie à jamais. Bienvenue en enfer!
22:17 Publié dans Boum boum | Tags : une fille comme les autres, jack ketchum, maltraitance, l'horreur est humaine, folie, effet de groupe, terrible et efficace, à lire pour plein de raisons | Lien permanent | Commentaires (8)
03/12/2012
Autobiographie d'une courgette - Gilles Paris
Une Courgette c'est gratiné!
Icare 9 ans, surnommé Courgette, vit tout seul avec sa maman invalide et alcoolique. Une maman qui parle à la télé et distribue les coups sans plus aucune raison. Une maman qui dit que du ciel pleuvent les malheurs. Alors Icare trouve un pistolet et décide de tuer le ciel. Il le rate mais pas sa mère en colère. Courgette est alors placé dans un foyer pour enfants orphelins ou abandonnés pour divers motifs. Dans ce lieu, il va nouer ses premières vraies amitiés entre pitreries et instants plus graves et, surtout, y apporter un optimisme à toute épreuve.
Autobiographie d'une courgette c'est une petite pépite. Ou le grave côtoie le léger, les "brimades" la tendresse, les larmes le rire. Un roman plein de candeur, de mots, de regards d'enfants qui se posent sur leur quotidien et sur le monde des adultes qu'ils côtoient. Et dans la bouche de notre petit narrateur ou des autres enfants, il y a des questionnements, des remarques qui sonnent très justes, qui émeuvent ou qui au détour d'une réplique de Courgette provoquent un rire franc :
"-Tous les hommes ont la tête dans les nuages.
Qu'ils y restent donc, comme ton abruti de père qui est parti faire le tour du monde avec une poule.
Des fois, maman dit n'importe quoi. J'étais trop petit quand mon papa est parti, mais je vois pas pourquoi il aurait emmené une poule au voisin pour faire le tour du monde avec."
"Je m'appelle madame Papineau, dit la dame aux cheveux blancs. Mais tu peux m'appeler Geneviève [...] C'est marrant tous ces gens qui veulent qu'on les appelle par leur prénom alors qu'on les connaît pas".
"Tout est un jeu, monsieur Raymond.
-Raymond, ma petite, il ne faut pas croire que la vie est un jeu. Qui t'a dit une chose pareille?
-Personne, c'est moi toute seule, pour me protéger de la sorcière qui voulait que je l'appelle Nicole et après elle était méchante. Quand je frottais le parquet, si je me disais que tout ça n'était qu'un jeu, alors j'avais moins mal."
Gilles Paris aborde dans son livre un thème certes grave, celui de la maltraitance aux enfants, de leur vie en institution, mais jamais il ne sombre dans le pathos. Bien au contraire, en donnant la parole à Courgette il fait de son roman, un livre où le sourire ne nous quitte presque jamais. Courgette c'est une bouffée d'oxygène et un vrai rayon de soleil dans un ciel couvert. Je parle de Courgette oui, mais comment ne pas citer ses camarades d'infortune (Camille, Simon, Ahmed, les frères Boris et Antoine...) qui sont autant de raisons de sourire et d'aimer ce livre. Quelques figures adultes (Raymond, Rosy, Ferdinand le cuisinier, Mme Papineau...) nous amènent aussi leur lot de bons sentiments, gentillesse et compassion qui réussissent à nous réconcilier avec cette nature humaine capable du pire et parfois du meilleur.
Les enfants nous délivrent une sacrée belle leçon d'amitié et de solidarité, "l'union fait la force"! oui avec eux on le comprend et j'en souris encore ; mais j'ai le coeur aussi serré de cette fin qui est certes entendue mais que j'aurais voulu encore plus belle pour chacun d'eux... Inutile de vous dire que j'ai pleuré?
Un livre qui se lit tout seul, une écriture simple mais pas simpliste, des mots d'enfants qui percutent, des personnages drôlement attachants, des attitudes d'adultes qui touchent ou qui font grincer des dents, de l'émotion en veux-tu en voilà, voilà la recette de cette Autobiographie d'une courgette. Et attention hein, défense de dire j'aime pas sans avoir goûté! :)
Allez quelques extraits bonus pour vous mettre l'eau à la bouche :
"C'est pas parce qu'on demande rien qu'on sait tout."
"Et les grandes personnes c'est pareil.
C'est plein de points d'interrogation sans réponses parce que tout ça reste enfermé dans la tête sans jamais sortir par la bouche. Après, ça se lit sur les visages toutes ces questions jamais posées et c'est que du malheur ou de la tristesse.
Les rides, c'est rien qu'une boîte à questions pas posées qui s'est remplie avec le temps qui s'en va."
21:35 Publié dans Bang | Tags : autobiographie d'une courgette, g.paris, maltraitance, foyer pour enfants, courgette c'est pas un légume mais quand ça l'est on peut en fai | Lien permanent | Commentaires (9)