Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/09/2012

Cadres Noirs - Pierre Lemaître

cadres noirs,pierre lemaître,chômage,chômeur sénior,rh,prise d'otage,jeux de rôle foireux et foirés,monde carcéral,tu me manipules je te manipule on se manipule...de la Difficulté de Recruter un vieil Homme...

"Je n'ai jamais été un homme violent. Du plus loin que je remonte, je n'ai jamais voulu tuer personne. Des coups de colère par-ci par-là, oui, mais jamais de volonté de faire mal vraiment. De détruire. Alors là, forcément, je me surprends. La violence, c'est comme l'alcool ou le sexe, ce n'est pas un phénomène, c'est un processus. On y entre sans presque sans apercevoir, simplement parce qu'on est mûr pour ça, parce que ça arrive juste au bon moment. Je savais bien que j'étais en colère, mais jamais je n'aurais pensé que ça se transformerait en fureur froide. C'est ça qui me fait peur."


Alain Delambre, ancien DRH de 57 ans, est au chômage depuis 4 longues années. Il jette un regard désabusé sur cette société qui réserve un piètre sort aux chômeurs longue durée, aux séniors comme lui qui plus est.
Sa quête d'emploi n'a été qu'échecs, aussi il s'est résigné à accepter des petits boulots mal payés où il a fini par perdre l'estime de lui et pense-t-il des siens. C'est un homme à bout de nerfs que nous rencontrons dans les premières pages, un homme qui a cédé à la violence et qui s'enfonce un peu plus dans les emmerdes. Pourtant, une offre d'emploi comme il n'en espérait plus, dans son domaine donc et correspondant à son profil se présente à lui. Cet homme désespéré, cet homme blessé dans son orgueil va alors tout faire pour obtenir ce travail afin de restaurer son image de mari et de père et remonter l'échelle de la misère dans laquelle il se voit finir.


A lire mon résumé, on pourrait croire qu'il s'agit d'un drame, d'un roman traitant d'un fait de société que nous connaissons tous (personnellement ou par personne interposée): le chômage. Ne vous y trompez pas, du drame il y en a, un constat moche de notre société il y a aussi, mais Cadres noirs c'est avant tout un bon roman à suspens, avec une bonne dose de stress.


Ce roman décomposé en triptyque (Avant - Pendant - Après) joue avec nos nerfs comme avec ceux des protagonistes. 3 parties donc, 3 "environnements", 3 phases différentes qui nous plongent dans une grande tension et, si au départ il n'est "que" question de retrouver un emploi, on comprend vite qu'il sera rapidement question de vie ou de mort.


Je me suis demandée à un moment si cette quête absolue de Delambre pour retrouver une situation, et briller à nouveau aux yeux de son épouse et de ses enfants, n'en avait pas fait un homme froid, calculateur, manipulateur voir détestable dans certains aspects au même titre que ces hommes qu'il abhorre. Peut-on au final véritablement se sentir en phase avec un tel personnage? La souffrance psychologique peut-elle excuser tous les actes? Y avait-il plus à perdre ou à gagner dans cette histoire?


J'ai refermé ce "thriller" en me posant pas mal de questions... Et certes, de Lemaître j'ai préféré Robe de Marié mais celui-ci d'un genre différent n'en reste pas moins bon.