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14/11/2015

Cinéma #films à voir : Nous 3 ou rien de Kheiron - Les Suffragettes de Gavron

J'ai été au cinéma. Oui oui, jusque-là rien d'exceptionnel. Exceptionnel en revanche sont ces films que j'ai vus. Alors, exceptionnellement, je voulais en dire quelques mots qui j'espère vous donneront envie de les voir à votre tour et d'en parler, parler, parler :)

Nous trois ou rien_Kheiron.jpgNous trois ou rien de Kheiron Tabib - Comédie dramatique française

De l'Iran jusqu'à Paris, Kheiron nous raconte l'histoire de ses parents.
Hibat Tabib (incarné par le réalisateur lui-même), jeune étudiant contestataire du régime du Shah d'Iran, est arrêté puis enfermé durant plusieurs années en prison. Là, jamais il ne renie ses convictions malgré les coups et l'isolement. A sa sortie, il rencontre Fereshteh (Leïla Bekhti) et parvient à convaincre les parents (Zabou Breitman et Gérard Darmon) de la jeune femme de lui accorder sa main. La révolution a eu lieu, en 1979, l'Iran devient une république islamiste aux mains de l'ayatollah Khomeini. Les jeunes époux devenus parents décident de fuir l'oppression et la terreur qui règnent dans leur pays et après un long périple émigrent en France.
Là, dans une cité en banlieue parisienne, après avoir repris avec succès des études (droit pour lui, médical pour elle), les deux jeunes gens s'engagent dans des actions sociales et éducatives dans leur quartier.

Pour commencer, je vous dirai que lorsque j'ai regardé la bande-annonce de ce film, je n'ai pas été plus tentée que ça d'aller le voir. Surtout parce qu'elle ne laissait entrevoir grosso modo que quelques scènes empreintes d'un humour dérisoire qui m'a paru sur le moment bof. Et puis, à la faveur d'une sortie entre amies, le film s'est imposé et là...

Là, une très très très belle surprise.
Laissez-moi reprendre les mots que j'ai écrit plus tôt dans la semaine. Ce film est drôle et sérieux à la fois. Émouvant certainement. Intelligent assurément!
Il parle de luttes, il parle d'amour, il parle de déracinement, il parle d'intégration...
C'est une fresque familiale, sociale, humaniste.
Un très bel hommage du réalisateur au courage de ses parents, à leur force, à leur amour pour eux, pour la vie, pour les autres.
Ne vous y trompez pas si le film fait rire souvent, il émeut beaucoup aussi. Kheiron n'hésite pas à montrer les maltraitances, tortures subies par les opposants (dont son père) au régime du Shah ou encore la peur et les menaces pesants sur les iraniens sous le régime de la république islamiste. La tension est donc aussi au rendez-vous.
Beaucoup de scènes m'ont touchée. Par exemple :
- celle dans les montagnes, une très belle scène chargée de sens, d'émotion, accompagnée par une musique de toute beauté. Scène où l'on comprend le soulagement d'avoir quitté ce pays, où l'on entend derrière, la tristesse de l'exil.
- celle du coup de fil express et muet entre une fille et son père. Pas besoin de mots, tout s'entend dans les soupirs, tout se lit sur les visages.
Mais ne vous y trompez pas, Nous trois ou rien, n'est pas un film larmoyant ou triste ou mélodramatique. Si la première partie (en Iran) (ab)use d'un humour qui verse dans la dérision et réussit à arracher au téléspectateur sourire ou éclat de rire, la seconde partie (en France), qui n'est pas dénuée d'instants graves, sollicite pas mal les zygomatiques.
Kudos aux premiers et seconds rôles pour leurs jeux d'une grande sincérité, d'une grande justesse. Une belle palette de personnages hauts en couleurs. Casting réussi sans aucun doute.

Le film nous réserve aussi quelques beaux morceaux côté bande son. Je ne suis pas spécialement férue de musique ou chants orientaux, mais là, dans l'ambiance du film, c'était juste parfait et exquis pour mes oreilles.

Je ne peux que vous conseiller de voir ce film qui, aujourd'hui, trouvera une résonance particulière alors que de nombreuses voix s'élèvent contre les migrants. Des migrants qui fuient comme Hibat, Fereshteh et leur bébé Kheiron en leur temps, la tyrannie, la mort.
Un film positif, humain qui saura montrer la force des liens d'amitié, de la solidarité de tous. Un film qui saura montrer un visage des migrants différents de celui que certains cherchent à véhiculer à tort, parce que non les migrants ne sont pas systématiquement des profiteurs, des voleurs, des terroristes. Ils sont comme Hibat et Fereshteh (ou mes parents immigrés italiens) des individus déracinés qui ne cherchent qu'à s'intégrer et vivre en harmonie avec leurs voisins et partager leurs richesses que ce soit par le travail ou par leur engagement personnel.
A la fin, une surprise vous attend et vous permettra de comprendre que ce film comme il est dit dans la bande-annonce "n'est pas inspiré d'un fait réel, c'est un fait réel".



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En Angleterre, au début du XIXème siècle, des voix féminines de tous bords et milieux s'élèvent pour obtenir le droit de vote, inspirées qu'elles sont par la militante féministe Emmeline Pankhurst. Face à la violence policière, au harcèlement et bashing dont elles sont victimes, ces femmes, à la base pacifistes, n'ont plus d'autres solutions que de se cacher pour agir, développant ainsi des actions clandestines de plus en plus percutantes. Leur mot d'ordre : frapper haut et se faire entendre coûte que coûte.
Maud Watts, jeune femme travaillant dans une blanchisserie depuis l'enfance, devient un peu par hasard membre du mouvement des Suffragettes. Sa prise de conscience, d'abord timide, de ce que subissent les femmes, de ce qu'elle a subit et subit encore en tant que femme, mère, salariée, épouse va la porter d'un engagement d'abord discret à un engagement plus radical. Rien ne pourra plus la faire taire, ni elle, ni ses sœurs de lutte et ce malgré le prix à payer.

Voilà tout à fait le genre de film qui provoque un éveil de conscience et une volée d'émotions qui serrent le cœur et font bouillir intérieurement longtemps après que le générique de fin soit terminé.

Ce terme suffragettes, je le connaissais plus ou moins, moins que plus en fait... Pourquoi? Peut-être, je dis bien peut-être, parce que peu d'importance donné à ce mouvement dans les manuels scolaires. Un sujet vite abordé, vite oublié à un âge où la question d'aller voter ne se pose pas encore. Manque de visibilité certainement. M'enfin au-delà de ça, je me sens quand même honteuse et je me dis que je n'ai pas d'excuses de n'avoir pas par moi-même cherché à savoir quand, où, comment les femmes avaient obtenu le Droit de vote. Bref!

Les Suffragettes parle de la lutte de femmes britanniques, issues de tous milieux, montées au créneau pour obtenir le droit de vote au même titre que les hommes.
Ce film montre plus que le combat, il montre les conséquences de cet engagement, les sacrifices consentis. Il vous montre sans fards, sans pathos mais avec force, la violence et les répressions auxquelles les Suffragettes ont dû faire face alors même qu'elles se voulaient pacifistes. Le traitement réservé aux Suffragettes, les humiliations subies tant au niveau sociétale que familiale, par les hommes certes mais leurs congénères aussi, les a conduit à durcir le mouvement et à entrer dans une forme de guerre clandestine pour se faire entendre. Un certain nombre de scènes m'ont secouée et émue aux larmes. J'en reste frappée plusieurs jours après, des scènes que pourtant je ne veux pas oublier pour ne pas reléguer ce film et l'action de ces femmes aux oubliettes.

Le film est superbement bien porté par des actrices (Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Anne Marie Duff) et des acteurs (Brendan Gleeson, Ben Whishaw, Finbar Lynch) qui ont su apporter subtilité, puissance et complexité aux personnages qu'ils incarnaient.
La réalisatrice a judicieusement évité tous clichés et vision manichéenne. Les rôles qu'ils soient féminins ou masculins sont ainsi bien plus complexes qu'il n'y paraît. On sent que tout a été longuement travaillé en s'appuyant sur des faits historiques pour rendre l'ensemble crédible. On sent aussi que le message à véhiculer est mûrement réfléchi et surtout, qu'il importait de donner visibilité à ce mouvement féminin et sans doute d'éveiller notre conscience.

Un film d'une grande intensité indéniablement, j'en sors grandie, j'en sors plus consciente de ce droit de vote qui m'a été octroyé grâce au combat de ces femmes. Je me dis que jamais je ne devrais oublier leurs sacrifices et me botter le popotin quand j'ai la flemme d'aller parfois aux urnes... Oui je me dis ça.

Mention spéciale au générique de fin qui fait défiler la chronologie du Droit de vote des femmes dans le monde. Croyez-moi, c'est édifiant et surprenant.

J'attendais ce film avec impatience, je ne suis pas déçue du résultat, je le répète j'en sors édifiée.