01/05/2013
Boys don't cry - Malorie Blackman
3 hommes et un couffin
Un jeune homme aux portes de la majorité, tout juste diplômé et prêt à prendre son envol loin d'une famille qu'il aime mais qui lui pèse. Son ambition, ses rêves semblent réduits à néant ce jour où son ex-petite amie, disparue dans la nature, réapparaît et lui laisse sur les bras leur bébé, Emma. Choqué, Dante saura-t-il prendre la bonne décision pour lui et le bébé? Pourra-t-il compter sur sa famille composée d'un frère plus jeune qui se bat de son côté contre l'homophobie et, d'un père qui élève déjà tout seul ses fils en portant sur eux les ambitions qu'il n'a pas lui-même réalisées?
Boys don't cry est un roman jeunesse qui se lit d'une traite et facilement parce qu'un style simple, des chapitres courts, alternants entre les narrations de Dante et celles plus concises d'Adam. Ce n'est pas larmoyant et, contrairement à ce que j'ai pu lire parfois, je trouve l'ensemble plutôt crédible.
On pourrait le croire léger de fait ce roman alors qu'il aborde des sujets qui entrent sans doute dans des préoccupations qui sont peut-être plus de l'ordre des parents que des jeunes ados. Eux, en général ils vivent d'abord les choses et se posent souvent les questions après ^^
Rapports sexuels non protégés, enfantement non voulu, parentalité précoce, père célibataire, assumer ses responsabilités ou déléguer?
L'attirance pour le même sexe à l'adolescence n'est-elle qu'un passage ou une homosexualité vraie et assumée? L'homophobie s'exerce-t-elle uniquement à l'extérieur? Les moqueries et dénis familiaux sont-il à considérer comme des actes d'homophobie, une forme de pression invitant à rentrer dans le rang?
Devient-on parent à la naissance de son enfant? Peut-on aimer et assumer un enfant non désiré sans conséquence future sur l'enfant? L'arrivée d'un enfant resserre-t-elle la cellule familiale ou la fait-elle exploser?
Un homme est-il moins apte qu'une femme à élever un enfant? Aime-t-il moins bien qu'une mère?
Modèle parental, modèle sexuel... Quelle place la société laisse-t-elle à ce qui sort de la norme?
Ces thèmes abordés font-ils de Boys don't cry un roman moralisateur et/ou ennuyeux?
Absolument pas! C'est un roman vivant, intéressant qui parle d'une histoire, celle d'hommes qui s'ouvrent à des sentiments, à la possibilité de ressentir et d'exprimer un amour qui se veut à la base maternel et, par là, démonstratif. Ce n'est d'ailleurs peut-être pas pour rien que celui qui se montre d'emblée le plus réceptif au bébé, le plus tactile, est Adam. Il est homosexuel et n'a pas honte de laisser voir sa part de féminité, de câliner Emma.
Histoire d'hommes qui vont apprendre grâce à la présence d'une petite fille à s'ouvrir les uns aux autres, à crever les abcès et tensions familiales. Histoire d'amour, de courage, de force de caractère. Apprendre à rebondir malgré les aléas de la vie. Apprendre à se serrer les coudes dans l'adversité. Savoir se remettre en question. Savoir ravaler sa colère et pardonner : à soi, aux autres. Être fier d'être ce qu'on est.
Apprendre à pleurer sans honte même si on est un homme.
Voilà ce que j'ai vu dans Boys don't cry. Voilà ce qui m'a plu. Dante, Adam, deux frères aussi attachants l'un que l'autre, que je me suis bien gardée de juger. Je me suis juste laissée porter par le tourbillon des sentiments, des pensées qui les traversaient ; tantôt mer tourmentée, tantôt mer apaisée. Le père aussi, qui voit en son fils aîné, son propre passé le rattraper et qui va aider Dante à rester droit, et lui transmettre son savoir, qui va apprendre à les écouter aussi.
Les autres protagonistes de l'histoire ne laissent pas sans réaction. Mais je ne vais pas tout vous dévoiler, je préfère que vous lisiez ce roman. Que vous puissiez l'apprécier autant que moi si possible!
J'ai failli oublier! Merci Stéphanie de m'avoir donné le prétexte du challenge Livr@deux pour sortir ce titre intéressant de ma PALN :)
Quelques citations :
"Parfois, les choses que nous sommes convaincus de ne pas vouloir sont en fait celles dont nous avions le plus besoin."
"Les enfants, c'était bien quand on avait la trentaine bien entamée, un emprunt pour sa maison, un boulot stable et des économies à la banque. Les enfants, c'était pour ces gens sans envergure qui n'avaient rien d'autre pour remplir leur vie."
"- J'ai récemment découvert quelque chose, ai-je reparti sans chercher à arrêter les larmes qui coulaient sur mes joues. Les garçons ne pleurent pas, mais les hommes oui."
"- J'aime la vérité, je crois. Il faut que certaines personnes s'assurent qu'elle soit dite."
21:08 Publié dans Bang | Tags : boys don't cry, malorie blackman, mono-parentalité précoce, un enfant ça vous prend aux tripes, homosexualité, homophobie, 2 papas et un tonton, le père n'est pas homo | Lien permanent | Commentaires (10)