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09/12/2012

Une place à prendre - J.K. Rowling

 Une place à prendre,j.k.rowling,les habitants de Pagford,critique du non humain dans l'Homme,Ouh c'est pas beau tout ça!,j'en veux pas de cette place,berk et reberk!Prendre la clef des Champs...

Pagford petite localité anglaise anodine vient de perdre brutalement son leader au Conseil paroissial, Barry Fairbrother. Le décès de ce dernier signe le point de départ d'une lutte acharnée pour la reprise de son poste. Dans cette bataille deux clans vont se livrer à une "guerre civile" faite de coups bas et trahisons en tous genres. Entre les pros Barry Fairbrother fidèles aux principes et aux luttes de ce dernier (ne pas abandonner la cité des Champs à Yarvil, ne pas fermer la clinique de désintoxication Bellchapel) et les notables proprets de Pagford (ligués derrière une de leurs figures emblématiques, Howard Mollison, éternel opposant aux Champs et à Barry Fairbrother) rien ne va plus.
Et comme dans toutes les guerres, les dommages collatéraux vont être de mise renversants sur leurs passages hommes, femmes et enfants...

Bienvenu à Pagford, bourgade qui n'a de paisible que les apparences!

"Tessa réfréna une envie subite de s'énerver. Colin avait une fâcheuse tendance à porter des jugements catégoriques sur les gens, fondés sur des premières impressions, des faits isolés. Il ne paraissait pas comprendre que la nature humaine était extraordinairement changeante, ni avoir conscience que derrière chaque visage en apparence quelconque se cachait un monde intérieur aussi unique et foisonnant que le sien".

Qui aurait pu croire que l'auteure de la saga Harry Potter puisse nous livrer dans Une place à prendre une satire de la société aussi sardonique et sombre que cela?! Certes l'on retrouve l'écriture détaillée et plaisante de J.K. Rowling, une grande maîtrise de la psychologie humaine mais, l'auteure signe ici un virage à presque 360°, un roman très adulte où le grivois, le cru côtoient le décent et le grave ; où le vrai et l'être se drapent de faux et de paraître.

Une place à prendre ce sont des hommes et des femmes en couple ou pas, vieux ou jeunes qui se cherchent (à lire à double sens), se déchirent et se perdent quand les masques tombent. Ce sont des jeunes : révoltés, haineux en prise avec les affres de l'adolescence et les conflits parentaux, avides d'une vengeance que rien n'arrête. Ce sont ces paumés mis au banc de la société pagfordienne, pris dans cette querelle de clochés qui les laissera encore plus esseulés et sans espoir qu'ils ne l'étaient déjà.
Pagford ce n'est pas un petit village tranquille, c'est une jungle où tous les coups sont permis, où la méchanceté, l'hypocrisie revêtent tous les visages. Il n'en est presque pas un qui nous émeuve et, si d'aventure, on se prend à s'apitoyer ou à avoir de la sympathie pour l'un deux, son comportement, ses actes ou ses paroles font que nous finissons par le prendre en aversion aussitôt. Je crois bien, au final, ne m'être véritablement attachée qu'à la jeune Sukhvinder parce qu'en définitive, elle est la seule en qui je n'ai rien vu de foncièrement méchant, la seule qui m'ait émue par la souffrance qu'elle endurait
-"Elle trouverait toujours moins de confort auprès de sa mère que grâce à la lame de rasoir cachée dans son lapin en peluche
[...] Le lac de douleur et de désespoir qui stagnait au fond de son âme, et dont rien ne pouvait la libérer, était en feu, comme s'il n'avait été depuis toujours qu'une immense nappe de pétrole."-

et ce courage dont elle va faire preuve. Peut-être ai-je aussi été touchée par Andrew et par Krystal Weedon. L'un devant supporter les brimades et violences paternelles (on ne peut que jubiler de le voir arriver à ses fins), l'autre malheureusement née dans un milieu si malsain et démuni qu'elle ne peut que susciter un vain espoir d'échapper à cette triste destinée qui se dessine pour elle.

La très grande force de ce roman est dans chacun de ses personnages, dans ce qu'il nous donne à voir de plus moche et bas du caractère humain. Quelle triste peinture... Oh! certes il serait facile de tous les juger et de les condamner (d'accord certains bien plus que d'autres) mais cette critique narquoise de la mini-société pagfordienne ne peut que nous renvoyer à ce dont nous pouvons nous-même être capable dans certaines circonstances... Miroir mon beau miroir dis-moi ce que tu vois. Sommes-nous si différents de ces simples gens ou de ces bourgeois et notables mielleux et artificiels qui n'assument pas tout ce qu'ils sont, ni tout ce qu'ils font? Ne cachons-nous pas nous aussi des secrets qui pense-t-on pourraient nous nuire ou nous révéler aux autres sous un jour différent, ne cherchons-nous pas nous aussi à arriver à nos fins coûte que coûte? (Je pousse un peu loin le questionnement mais n'empêche) ;)
Hypocrisie, orgueil démesuré, trahison, envie et jalousie, faiblesse d'âme et de caractère, troubles psychologiques, violence verbale et physique, manipulation... Rien n'est épargné de ce qu'il y a de plus avilissant dans la plupart de ces personnages.

Une place à prendre est une sacrée satire de société, un combat de classes et d'idées qui oppose les nantis d'un côté qui se gaussent d'être bien nés et biens sous tous rapports, une classe moyenne de l'autre tiraillée entre l'excellence et la bonne image de soi qu'elle vise à donner et ce rôle de "frère des pauvres" qu'elle revêt de temps à autre pour peut-être, allez savoir, se donner bonne conscience. Au milieu, des rebuts, dont on peut finalement douter que d'aucuns se préoccupent sincérement. Dans cette querelle de pouvoir ne sont-ils pas qu'un prétexte aux uns comme aux autres pour rassembler les votes derrière leur pseudo leader? Il semble bien que personne n'ait véritablement que faire d'eux et ne les ait jamais traités qu'en vulgaires objets. Et là, je pense à cette fin qui m'a quelque peu chamboulée et qui me laisse un arrière-goût amer...

Ce livre m'a été offert par Priceminister en cadeau de parrainage suite à l'opération des Matchs de la Rentrée Littéraire 2012 et je les remercie donc pour cette opportunité de lecture que j'ai beaucoup appréciée.

Commentaires

Ton article est GENIAL. Franchement, juste, pertinent, sans en dire trop. Tu donnes envie en restituant une image plus que fidèle du livre. Je suis conquise !

Écrit par : DoloresH | 09/12/2012

Il est dans les premiers que je lirai sur ma liseuse toute neuve ! Je pense que cette analyse psychologique des personnages me plaira :)

Écrit par : solessor | 09/12/2012

Do' tu avais mis la barre assez haute avec ton avis, il fallait que je fasse aussi bien que toi. Et puis ce roman était vraiment intéressant et bon alors je voulais que mon billet rende bien compte de son contenu :) Tant mieux s'il t'a plu ^^

Sol' je vais suivre ça de près! :)

Écrit par : C'era una volta | 09/12/2012

Super ton avis, il résume ton ressenti qui est à peu près le mien, mais sans en dire trop.

Écrit par : clédesol | 10/12/2012

Apparemment, l'auteure a su prendre un bon virage et se renouveler.

Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 10/12/2012

Merci clédesol :) Celles et ceux qui ont apprécié ce livre (comme toi et moi) se rejoignent sur pas mal de choses dans nos avis effectivement (les personnages, leur psychologie, le thème, l'écriture de J.K.Rowling...).

Oui Alex, je pense que l'auteure a signé là un roman mature, on est passé du fantastique, presque du rêve à une réalité assez "cauchemardesque". C'est la vie c'est comme ça.

Écrit par : C'era una volta | 10/12/2012

Une belle chronique très complète qui me donne encore plus hâte de le recevoir et de le lire. ^^ J'espère que Bilbo t'inspirera autant !

Écrit par : Kyradieuse | 12/12/2012

Je te remercie Kyradieuse et je te souhaite de prendre du plaisir avec ce roman comme j'ai pu en prendre :)
Bilbo est bien plaisant pour l'instant ^^

Écrit par : C'era una volta | 12/12/2012

Quelle belle chronique ! J'ai adoré ce livre. Il m'a chamboulé. Je ne m'attendais pas à autant de noirceur.

Écrit par : MyaRosa | 14/12/2012

oui il est très adulte et sarcastique ce roman... Il donne pas mal à réfléchir aussi je trouve. Je l'ai vraiment apprécié pour tout ça. Rowling prouve qu'elle n'est pas qu'une auteur de fantastique et je trouve qu'elle a parfaitement négocié l'après Potter :)

Écrit par : C'era una volta | 15/12/2012

Ton avis me donne envie de le lire. Peut être que je me laisserai tenter :D

Écrit par : anne charlotte | 16/12/2012

Y a plus qu'à AnneC ^^

Écrit par : C'era una volta | 18/12/2012

Les commentaires sont fermés.