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13/06/2013

Brooklyn - Colm Tóibín

brooklyn,colm Tóibín,enniscorthy,irlande,exil,rêve américain ou pas,émancipation,apprentissage,un regard qui déshabille les émotionsAmerican way of life

Années 50, à Enniscorthy (Irlande), Eilis Lacey vit avec sa mère veuve et sa soeur aînée Rose, ses frères eux ont quitté le pays pour l'Angleterre. Malgré son intelligence, ses diplômes en comptabilité elle ne trouve guère d'emploi à la hauteur de ses aspirations. Une opportunité se présente sous les traits du père Flood, un prêtre irlandais ami de la famille expatrié aux Etats-Unis. La jeune femme poussée par sa soeur accepte non sans crainte cette offre et s'expatrie à Brooklyn où commencera pour elle une nouvelle vie, une vie d'exilée certes mais surtout une vie de femme émancipée.

Ce livre m'a été offert il y a plusieurs mois par ma collègue Zaz, il traînait sur mon bureau (qui n'a plus rien d'un bureau...) envahi de bouquins. Ce jusqu'à ce que Stéphanie mon binôme du challenge Livr@deux pour PALaddict #4 ne me le propose en choix de lecture. Alors mon avis?

Je ne connaissais pas du tout Colm Tóibín et quelle bonne surprise! Cet auteur a le don de plonger le lecteur au coeur des pensées et sentiments de son héroïne. C'est simple, on vibre à l'unisson des émotions de la demoiselle. Les craintes, les espoirs, la nostalgie de son pays, la langueur des siens mais aussi l'exaltation, le coeur qui bat, le rouge qui monte aux joues, le regard qui se voile ou qui brille. Une écriture pointue, d'une minutie extrême, un regard qui perce l'âme et s'approche au plus près des personnages mis en scène et notamment de la jeune Eilis.

Suivre les premiers pas timides d'Eilis l'irlandaise dans ce Brooklyn des années 50, où les ethnies s'expriment encore fortement et ne se mêlent à priori pas, où les premiers noirs pénètrent pour la première fois dans les boutiques de luxe tenus par des blancs, où la réussite et les rêves sont encore possibles, où les femmes commencent à s'émanciper aussi c'était extrêmement intéressant, saisissant de réalisme et de justesse. Bref, ce qu'Eilis vit, on le vit, on le ressent profondément, intimement. On assiste avec plaisir à son éveil, à son affirmation de femme indépendante et amoureuse puis, parce que tout est trop beau, un évènement survient la rappelant au pays et, là, choix cornélien. On mesure le chemin parcouru, on s'interroge jusqu'à la fin avec elle, venant même à regretter que l'histoire s'arrête ainsi. Je suis restée sur une question, sur une interprétation insatisfaite de ce choix final qu'Eilis fait, un brin frustrée et me répétant "mais alors, mais alors"...

Brooklyn c'est un roman d'apprentissage, une oeuvre romanesque mais pas que, c'est surtout une histoire d'une riche intensité narrative où tout tient au personnage principal, Eilis bien sûr, mais aussi à ces autres figures féminines que l'on croise. Que ce soit la propriétaire ou les colocataires de la pension irlandaise où Eilis réside, que ce soit ces femmes du magasin où elle travaille encore mais aussi Rose, cette soeur aînée qui est en quelque sorte un modèle pour elle. Et puis il y a les hommes, le père Flood figure bienveillante, paternaliste, le frère d'Eilis lui-même expatrié en Angleterre, Tony l'italien conquérant et conquis et puis, l'irlandais qu'on n'attendait plus. On s'attache à notre Eilis sortie de sa réserve, partie prenante de sa nouvelle vie. On s'attache à ces personnages secondaires. On s'attache à cette histoire de coeur partagé entre le passé, ce qu'aurait pu être sa vie irlandaise et ce qu'est sa vie américaine.

"Pour chaque jour qui passait, elle aurait eu besoin d'un jour supplémentaire afin de l'assimiler."

Quelle belle découverte que ce roman, quel coup de coeur! Un petit conseil, ne lisez pas la 4ème de couverture, gardez la surprise entière.
Zaz, merci de ce cadeau! C'est un petit bijou, j'ai adoré.
Stéphanie, merci de m'avoir fait sortir ce beau roman de ma PAL. Tu étais curieuse de connaître mon avis alors voilà, j'espère qu'il te donnera envie :)

09/06/2013

La petite fêlée aux allumettes - Nadine Monfils

La petite fêlée aux allumettes_NMonfils.jpgShe's on fiiiiire!

Pandore, ville imaginaire est le théâtre de meurtres de gamines, version contes d'antan. Une jeune femme, Nake, craque une allumette et a la vision de ces horribles crimes. Un clodo, père de l'homme qu'elle a tué, est à ses trousses et veut lui faire la peau. L'inspecteur Cooper, vieux briscard se voit affublé pour l'enquête de son jeune collègue homo et travelo Michou qui n'en manque pas une pour le provoquer. Pour couronner le tout, voilà que mémé Cornemuse non contente de s'inviter chez notre inspecteur, décide de faire du bénévolat chez les flics. Le ménage par le vide et le pompage dans tous les sens du terme, c'est son domaine...

Voici une histoire complètement allumée, peu crédible, parfois crue, avec des cadavres à la pelle et un humour bien noir, empreint de dérision qui permet d'oublier toutes les incongruités du récit et de se concentrer sur l'amusement que nous procure cette lecture.
Je crois que le lecteur ne doit pas ici s'attacher à la vraisemblance des faits, il en sortirait déçu.

Les personnages que nous croisons, hauts en couleurs, sont tous liés par quelque chose ou quelqu'un, ont tous un lien direct ou indirect avec les crimes commis. Ils sont à part, paumés, déprimés, lubriques, mauvais, dérangeants ou en quête d'un mieux. Mais ils sont surtout drôles et surprenants. Les réparties qui fusent entre Cooper et Michou, Cooper et sa secrétaire ou Cooper et mémé Cornemuse sont un délice.
Mémé Cornemuse, ahlala quel phénomène! On peut ne pas adhérer à ses pratiques, à tout ce qu'elle est et fait mais, bon sang, une mémé comme ça, ça déménage! Elle ose tout sans scrupules et on se surprend à la trouver... je n'sais pas... sympathique n'est peut-être pas le mot, mais elle a quelque chose qui m'a fait sourire bien malgré moi parfois. Elle est détonnante, un feu d'artifice qui vous sidère et cloue le bec aux jugements qu'on peut porter sur elle.

"Eh stop! J'ai une mémoire sélective, mon coco. Je ne me souviens que des bonnes choses et des gens intéressants. Les cons, je zappe, pfouit, et je tire la chasse. On ne tapisse pas le bonheur avec des merdes."

Après avoir fermé ce livre, je n'ai pu m'empêcher de penser au visage de Nadine Monfils en train de me dédicacer le livre aux Quais du Polar. Je comprends mieux l'étincelle amusée dans son regard et cet air malicieux qu'elle avait, vous savez comme quelqu'un qui sait qu'il va vous jouer un drôle de tour :)

Je remercie Stéphanie pour cette LC à laquelle j'ai participé avec plaisir (et un peu de retard) et aussi Soundandfury qui a choisi ce roman pour le challenge Livr@deux de Livraddict.

Retrouvez ci-dessous quelques avis des participantes à la lecture commune :

Stéphanie

Ramettes

Lizouzou

Ingrid

Clédesol