Le murmure de l'ogre - Valentin Musso

Au menu du jour : salade niçoise (comprenne qui pourra suis pas inspirée pour le titre)

Dans le Nice d'après guerre (14-18), la toute fraîche brigade mobile dirigée par Louis Forestier est confrontée à de sordides meurtres de prostituées et d'enfants d'immigrés. Perplexe face à ces crimes ritualisés, le policier décide de faire appel à un ami de tranchées, Frédéric Berthillon, psychiatre à l'hôpital St Anne de Paris. Quand soudain un gosse d'une famille "hivernante" de la Haute disparaît, venant alors rompre la logique du tueur en série, l'enquêteur, sous la pression des plus hautes instances, doit tout mettre en œuvre pour arrêter celui que la presse surnomme l'Ogre. Le temps est compté.

Si ce n'avait été la lecture des avis positifs de mes copines blogueuses Lizouzou et Ingrid, ce livre et son auteur (un Musso moi? non, jamais), n'auraient jamais aiguisé ma curiosité. Et c'eut été bien dommage parce que :
D'abord, 1- c'est un thriller qui se respecte
Puis, 2- parce que Valentin n'est pas Guillaume
Enfin, 3- y en a pas, mais ça m'fait bizarre de pas en mettre...

Ce policier "thrillesque" est un plaisir simple et savoureux. Il ne va pas chercher bien loin certes mais l'écriture, qui n'est pas hors du commun, est agréable à lire, efficace. Le Valentin a travaillé son sujet, l'ambiance du Nice années 20, les "mobilards" (fameuse brigade du Tigre, alias Clémenceau), l'avènement de la police scientifique et des profilers. C'est documenté et on apprend tout un tas de choses sur des rituels antiques, et, surtout, sur les méthodes d'enquête de l'époque. Ça a du bon de revenir aux origines du succès des séries tvs policières qui inondent (un peu trop) notre PAF. Bref, le monsieur surf peut-être sur cette vague mais il le fait intelligemment et avec doigté (si je puis dire ainsi).

Le duo vieux flic, jeune psy fonctionne bien. On s'y attache. De même qu'aux membres de cette brigade. Je me les suis tous imaginés avec la moustache et l'accent comme dans cette belle série Les brigades du Tigre que nous suivions le Dimanche en famille (il manquait plus que les cigales 'té!). L'enquête est ponctuée de rebondissements qui opèrent bien à relancer l'intrigue, brouiller les pistes (oui, oui elle m'a fait ramer!). Le décor niçois est bien planté et certains tableaux sont tellement bien décrits que l'on croirait voir la scène défiler sous nos yeux. Moi en tout cas, j'ai vu ce que j'ai lu : la poursuite sur les toits, les quartiers miséreux, la première scène macabre, etc etc etc... Cela a rendu le tout crédible, authentique.

J'ai apprécié aussi les flash-backs qui accompagnaient l'histoire, permettant de faire la lumière sur notre Ogre et son histoire. L'excusant? Hmm, le rendant moins inhumain peut-être...
Comme le souligne à juste titre Ingrid dans sa chronique, cette histoire pose pas mal de questions :
- Mécanismes psychologiques de ces serial killers : ils tuent mais ils voudraient bien qu'on les arrête aussi.
- Déterminisme (Ingrid je te pique le mot) psycho-social : ce que j'ai vécu de traumatismes conditionne-il ma vie d'adulte?
- Remise en question de la libération de ces "malades mentaux en sommeil" : doit-on jamais les considérer comme guéris?
- Question de la Destinée et du Fatalisme, le fameux "et si, et si..." ouvrant la voix aussi à une forme de culpabilité.

Plutôt passionnant tout ça. Valentin Musso j'

C'était un chouette "livrersaire" (A.O.C.), merci encore!