02/04/2014
Vieux, râleur et suicidaire. La vie selon Ove - Fredrik Backman
I'm in lOve
Ove trouve que la vie n'a plus aucun sens donc Ove décide que ça suffit bien comme ça, il est temps de mourir. Alors qu'il s'emploie à mettre à exécution son suicide programmé, des importuns viennent interrompre ses plans. Qu'à cela ne tienne, Ove a l'art et la manière de refouler les gens et rien ne pourra l'arrêter. Rien?
J'aimerais ne pas trop vous en dire afin que vous puissiez goûter toute la saveur de ce roman et qu'il vous réserve la même surprise qu'à moi.
Vous ouvrez ce roman et vous vous trouvez en présence d'Ove, un vieux monsieur bourru, irascible, une vision de la vie à l'ancienne, droit dans ses bottes, qui ne transige pas avec ses principes. Un vieil homme aux yeux de qui ses contemporains ne trouvent aucune grâce. Un vieux pétri de manies et d'habitudes qui n'ont pour but que d'enquiquiner tous ceux qui rechignent à suivre les règles du lotissement où il vit, voisins comme visiteurs. Un vieux qui peste contre tout et tout le monde. Un vieil emmerdeur diraient certains. Mais surtout un homme épuisé, blessé par la vie et qui veut en finir parce que plus rien ne le retient ici.
Au fil des pages, à la faveur de certaines rencontres plus ou moins imposées (plus que moins en fait), à la faveur surtout du récit de ce qu'a été sa vie jusque-là, on découvre le vrai Ove. On se laisse attendrir mais jamais on ne s’apitoie. On rit de certaines situations, anecdotes mais jamais on ne se prend à railler l'homme. D'horripilé, on finit par être tour à tour admiratif, amusé, chagriné, accro au personnage. Ove il est un peu comme un chocolat fourré, il faut sucer longtemps pour arriver au cœur de ce qui est bon.
Comment ne pas aimer aussi Parvaneh, ce bout de femme enceinte jusqu'au cou, clairvoyante et qui saura mener notre Ove au doigt et à l’œil. Elle qui saura tout mettre en œuvre pour amadouer Ove, tenter ce qu'il y a à tenter pour empêcher ce qui doit arriver. Le rapport entre ces deux-là est juste excellent, savoureux. On sourit, on rit, on s'émeut de cette relation pour tout ce qu'elle amène de cocasse et de tendre.
Il en va de même, bien que différemment, des autres intervenants dans cette histoire. Vivants ou morts d'ailleurs. Avec leur gentillesse, douceur mais aussi imperfections ; avec leurs drames, leurs appels au secours, tous donnent à Ove et donc au roman une profonde humanité. Même cette épave de chat qui vient squatter le terrain de Ove participe à cela. Bon sang que ces deux-là ensemble sont drôles...
Fredrik Backman a ce don d'auteur qui fait que tout tient dans l'art de la description et de la mise en images. On lit et on voit la scène. On lit et on voit les attitudes, les mimiques et alors on sourit de ce sourire qui mange tout le visage.
On aime aussi la manière qu'à l'auteur de dénoncer les abus et incohérences du système, la critique est cinglante, sans concession. Et lorsque ce dernier plie le lecteur applaudit, des pieds et des mains tellement c'est bon.
Vieux, râleur et suicidaire. La vie selon Ove est un formidable roman qui est bien plus qu'humoristique. C'est un roman qui fait la part belle à la solidarité et à l'Amour avec un grand A ; positif et drôle même si emprunt de mélancolie. Un roman avec un très fort potentiel émotionnel. L'attachement que j'ai ressenti pour Ove est à la hauteur de celui que j'avais ressenti pour Owen dans Une prière pour Owen de John Irving. Mes larmes dans les dernières pages ont été aussi lourdes mais mon plaisir aussi grand durant toute ma lecture.
"Aimer quelqu'un est comme emménager dans une maison, disait Sonja. Au début, on tombe amoureux de la nouveauté. On s'étonne chaque matin que tout cela nous appartienne, comme si on craignait qu'on n'annonce qu'il y a eu méprise, que nous ne sommes en réalité pas autorisés à habiter une si belle demeure. Puis les années passent et la façade se ternit, le bois se fissure par endroits, et on commence à aimer la maison moins pour sa perfection que pour ses imperfections. On apprend par cœur chacun de ses coins et recoins ; comment éviter de coincer la clé dans la serrure quand il fait froid ; quelles lattes du parquet ploient quand on marche dessus ; comment ouvrir la penderie sans faire grincer la porte. Ce sont tous ces petits secrets qui font que c'est notre maison."
"- Ove, quand une personne fait un don à une autre, ce n'est pas celle qui reçoit qui est bénie. C'est celle qui donne."
Je remercie M.Krause de Babelio pour le cadeau que représente cette lecture. Un immense coup de cœur à recommander encore et encore!
00:17 Publié dans Boum boum | Tags : vieux râleur et suicidaire. la vie selon ove, fredrik backman, lui et les autres, la femme de hasard d'à côté, solidarité, humour, gros chagrin, un ove-ni | Lien permanent | Commentaires (20)
Commentaires
Un roman qui m'a vraiment plu
Écrit par : marie et anne | 02/04/2014
Contente de voir que tu l'as bien apprécié aussi :) Merci de ton passage ici et à bientôt peut-être.
Écrit par : c'era una volta | 02/04/2014
Bisous !
Écrit par : stephanie plaisir de lire | 03/04/2014
Écrit par : marie et anne | 03/04/2014
Écrit par : Licorne | 03/04/2014
Et comme Licorne, j'ai noté ton image particulièrement... parlante.
Écrit par : Soundandfury | 03/04/2014
Merci pour ton super billet.
Écrit par : cledesol | 04/04/2014
Écrit par : ingrid | 04/04/2014
Écrit par : chloé | 04/04/2014
Inutile de te dire que j'ai envie de le lire...
Écrit par : MyaRosa | 04/04/2014
Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 05/04/2014
@marie et anne : merci les filles. Votre duo est à suivre aussi ^^ A bientôt!
@Licorne : ahahah. Je savais qu'il y en aurait au moins une pour relever ce passage. Suçote donc, fais toi plaisir ma Licorne (en tout bien tout honneur toujours!). Sérieusement lis-le. biz
@Sound : Toi aussi t'es un esprit tordu! Elle était innocente ma phrase :)
@clé : mais de rien, le plaisir de partager est pour moi. J'espère qu'il te plaira autant qu'il m'a plu.
@Ingrid : depuis le temps j'ai lu ton avis et pu constater qu'Ove a su te conquérir toi aussi (ainsi que ton homme). Auteur à suivre!
@Chloé : alors tu l'as lu? J'ai un peu abandonné les suivis sur LA et du coup, je ne sais pas où tu en es. Viens me raconter ça.
@Mya : oui je déborde facilement, suis comme ça moi, hypersensible et quand un personnage me touche bah ça coule...
@Alex : un cadeau de Babelio on va dire oui
Écrit par : C'era una volta | 16/04/2014
Écrit par : Brouillard | 06/05/2014
Écrit par : c'era una volta | 06/05/2014
Au plaisir de te lire,
Cajou
Écrit par : Cajou | 08/05/2014
Au plaisir de te revoir par ici alors :)
Écrit par : C'era una volta | 08/05/2014
Ce livre plein d'humour, de tendresse et d'amour m'a particulièrement émue.
Encore un grand merci, Marie, pour m'avoir conseillé ce livre et surtout je te rejoins quand tu te réfères à "une Prière Pour Owen " dans ta chronique.
A bientôt ma belle ;-)
Écrit par : Delphine | 15/06/2014
La relation entre Ove et le chat est excellente, ça prête vraiment à rire. Mais tu sais, c'est pas toujours si improbable, quand je vois le comportement de mes chats, y a de quoi être surpris parfois :p
Je suis doublement ravie de voir que notre impression est identique pour le rapport à Une prière pour Owen, en tout cas, dans l'attachement au personnage :) C'est super d'avoir pu te prêter ce roman! A mercredi :)
Écrit par : c'era una volta | 15/06/2014
Écrit par : Léa Touch Book | 02/08/2014
Écrit par : c'era una volta | 16/08/2014
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