A Mélie, sans mélo - Barbara Constantine

Happy days

Mélie s'apprête à recevoir sa petite-fille Clara pour les vacances d'été alors, elle met les mauvaises nouvelles que lui annonce Gérard, le médecin du village, de côté. Qui sait ce que sera demain et si demain sera? Alors, surtout, faire comme si de rien n'était, juste profiter! Priorité au bon temps, à la famille, aux amis de toujours et à ceux qui viennent se greffer à la tribu, le temps d'une journée ou plus. Il s'agit de concocter un été inoubliable et rempli de souvenirs heureux ; un été fait de découvertes où Mélie prend le temps de savourer la vie, entourée de ceux qui lui sont chers et la rend aussi plus belle à tous.

Cela fait un bon bout de temps que j'ai entendu parler de ce roman, Solessor et Titepousse m'en avaient dit le plus grand bien après leur lecture. Il aura fallu que je le débusque à la Foire au livres à l'automne dernier et, surtout, une LC organisée par de-pages-en-pages pour que je me rue dessus. Alors, alors?

Eh bien voici un petit roman sans grandes prétentions au premier abord, mais qui recèle un trésor, une pépite de bonne humeur et d'optimisme.
Ici, la tristesse, l’apitoiement sur soi (ou si peu), les conflits de génération, la mauvaise humeur et la ronchon attitude (ou si peu) n'ont pas voix. Non, ici la bonne humeur, la solidarité, l'amour sont de rigueur.

A Mélie, sans mélo, ce sont des individus qui avec leurs individualités propres font de ce roman un condensé d'humanité et de bons sentiments.
Il y a d'abord Mélie. Une mamie de soixante-douze ans bourrée d'énergie malgré son âge, qui se fait fort de prendre soin de tous : du plus vieux aux plus jeunes. Quand bien même, elle souhaiterait à certains moments parler de ses inquiétudes au sujet de sa santé, elle finit par les taire et prendre sur elle pour laisser les autres s'épancher sur son épaule. Mélie, toujours bienveillante, a le don de rassembler chacun autour d'elle, dans sa maison de campagne, et de susciter partage et connivence. Si elle se laisse aller, à titre exceptionnel, ce n'est que pour mieux se reprendre et sourire encore plus fort à la vie.
Ensuite, il y a Clara. Fille adoptive de Fanette, elle-même fille de Mélie. A 10 ans, Clara a la candeur, l'insouciance et la bonhommie de son âge. Particulièrement attachée à sa grand mère, elle n'hésite pas à se confier à elle, à venir trouver la quiétude auprès d'elle mais aussi être à son écoute. Espiègle comme sa mamie, elle entre dans son jeu et sait se montrer volontaire face aux diverses activités et surprises que Mélie lui prépare. Clara en fine observatrice et digne héritière des qualités de sa grand mère, sait elle aussi insuffler bonne humeur, entrain autour d'elle, de même qu'elle sait veiller sur chacun.

J'ai beaucoup aimé ce duo et cette complicité entre Mélie et Clara. En matière d'énergie, Mélie n'a rien à envier à sa petite-fille, difficile d'ailleurs de dire qui en insuffle le plus à l'autre. Ce qui est certain, c'est que l'une comme l'autre se font du bien et participent à la bonne humeur de ce roman. Et, ça fait du bien de voir cette relation harmonieuse, faite de tendres échanges et d'amour.

Et puis, il y a ces autres personnes qui gravitent autour de la grand mère et de la petite fille:
Fanette (fille de Mélie et mère de Clara, célibataire au cœur d'artichaut), Gérard (médecin de Mélie et dans une période de vie compliquée), Marcel (meilleur ami du mari décédé de Mélie, ancien résistant, un peu bougon et qui cache un secret quasi inavouable), Pépé (guitariste à l'accent prononcé), Antoine (petit copain de Clara, petit bonhomme si spécial et attachant), Bello (musicien improvisé parrain de Clara et d'une ribambelle d'autres gosses typés).
Tous apportent une touche tour à tour tendre, joviale, exotique, comique au récit. Tous sont à l'image du roman : simples et porteurs d'une profonde humanité et d'un optimisme à toute épreuve.
Oh il y en a bien un ou deux qui se laissent aller à se plaindre, à rouspéter (pour la forme?), à quelques mouvements d'humeur ou de tristesse passagère ou encore de mélancolie. Mais ça ne dure pas car, dans ce livre, le mélo n'a pas sa place et, l'amour et le soutien que chacun se porte est un précieux réconfort.

Si j'avais une seule remarque à faire sur l'histoire, c'est de ne pas apporter, à la fin, la réponse à la question qui est induite dès les premières pages. Et puis, je me suis demandée si cette question était vraiment fondée par moments, y a-t-il vraiment matière à s'inquiéter pour la vie de Mélie? Finalement, on n'en sait trop rien. Les analyses ne sont pas bonnes, des examens seront faits en fin de roman mais pas de diagnostic qui tombe. Au lecteur d'imaginer le pire. Mais je soupçonne l'auteure d'avoir voulu, à la lumière de l'ensemble du roman, nous laisser espérer le meilleur. J'ai choisi et vous?

Ce premier titre lu de Barbara Constantine est une lecture plaisir, revigorante. Qu'importe si ça dégouline de bons sentiments, ça n'est jamais assez. Un livre parfait pour les coups de mou, pour les vacances, après une lecture un peu lourde, etc... Y a toujours une bonne raison de lire un tel roman. Une sorte d'ode au Carpe Diem.

"C'est bon des fois les trucs nuls.
Et ça sert bien, quand on veut plus penser à rien".

"Je ne cherche pas à savoir ce que j'ai... C'est un peu spécial. Mais j'aime de plus en plus ne pas savoir. Ça me stimule. Et du coup, je n'ai plus peur de perdre mon temps. Ni de m'embarrasser de détails. Que l'essentiel...
Tailler la glycine...
Regarder le chat dormir au soleil...
Relire Poil de carotte...
Planter de nouveaux arbres fruitiers...
Ecrire pour Pépé la recette secrète des..."

Merci à de-pages-en-pages pour l'organisation de cette lecture commune. Retrouvez ci-dessous quelques avis des autres participantes :
AntRacith - Lydie et ses livres - Sokitty - Biblio87 - de-pages-en-pages - Beckigirly