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18/08/2012

Avant d'aller dormir - S.J. Watson

avant d'aller dormir,s.j. watson,amnésie,troubles de la mémoire,confabulation,usurpation d'identité,journal intime,psychiatrique,psychose,entre rêve et réalité,au jour le jourGardez les yeux ouverts sous peine de tout oublier !

"Peut-être que c'est pire ai-je dit doucement. J'ai écrit que c'était comme d'être morte. Mais ça? Mais ça, c'est pire. C'est comme mourir, tous les jours. Encore et toujours. Il faut que j'aille mieux. Je ne me vois pas continuer comme ça bien longtemps.Je sais que je vais m'endormir ce soir, et demain je vais me réveiller, et à nouveau je ne saurai plus rien, et le jour suivant ce sera pareil, et le lendemain encore pareil. Je n'arrive pas à l'imaginer. Je ne peux pas affronter cette perspective. Ce n'est pas la vie, c'est une existence où l'on saute d'un moment au suivant sans la moindre idée de son passé, et sans le moindre projet pour l'avenir. C'est comme ça que j'imagine l'existence des animaux. Le pire, c'est que je ne sais même pas ce que je ne sais pas. Peut-être y a-t-il des tas de choses qui vont me faire mal. Des choses dont je n'ai même pas encore rêvé."

"Avant d'aller dormir" suscite dès les premières pages la curiosité, l'envie d'en savoir plus. Que ça aille plus vite dans la progression : qui est Christine, que lui est-il arrivé et qui en est responsable?

Autant de questions qui demandent d'être patient. Patient comme doit l'être Christine, la narratrice de ce roman. Narratrice ou lectrice d'ailleurs puisqu'elle découvre comme nous à travers son journal ce qu'a été, est sa vie.

Christine a 47 ans et tous les matins depuis une vingtaine d'années, depuis ce fameux "incident", elle se réveille en ignorant tout du lieu où elle se trouve, de l'homme à ses côtés, du temps qui a passé.  A la limite de la dépersonnalisation... Ce n'est que devant le miroir de la salle de bain qu'elle prend conscience avec terreur qu'elle vit dans le corps d'une femme mûre, que la bague à son doigt est une alliance et que l'homme aux cheveux poivre et sel auprès de qui elle se réveille n'est pas une rencontre d'un soir. Ce que semble conforter les photos accrochées au miroir.

Alors, elle retourne dans la chambre et là, l'homme qu'elle retrouve lui explique patiemment et avec tendresse qu'il s'appelle Ben, qu'il est son mari, qu'ils s'aiment et que elle, Christine, souffre d'un type d'amnésie rare qui dès que le sommeil profond la prend, la plonge dans un oubli total d'elle-même, de sa vie, de son entourage et fait de ses jours un éternel recommencement.

Christine découvre ensuite qu'elle est suivie par un jeune psychiatre, Ed Nash. Avec son aide, elle tente de recoller les morceaux de son passé à l'insu de Ben. Ce Dr Nash lui remet un journal intime où journalièrement elle doit se replonger pour lire les miettes d'un passé et d'un présent fuyant. Journal intime faisant office de mémoire, seul lien entre Christine, son passé et son présent. Source d'autant d'incertitudes que de certitudes...

Et que signifie cette phrase écrite en première page : "Ne pas faire confiance à Ben". Sourde inquiétude planant sur tout le roman, pressentiment à la fois fugace et persistant.

La question qui se pose et s'impose alors : en quoi, à qui faire confiance dès lors que tout n'est qu'inconnu, dès lors qu'il n'y a aucun souvenir stables? A quoi se raccrocher lorsque toute parole est mise en doute par ce qui est écrit, dit et répété? Qui croire? Ben, son psy, ce journal intime ? Mais ce dernier n'est-il pas le fruit de son imagination, de ses rêves, de ses souvenirs sous influence? Confabulation?...

Comment vivre lorsque tout n'est que doute, lorsqu'il faut même se cacher pour avancer? A quelle source sûre se raccrocher? Toute l'angoisse est là.

Comme elle, nous avançons à tâtons. Ses interrogations, ses doutes, son angoisse jusqu'à son chagrin sont nôtres. Ce que nous pressentons à l'instar de Christine se monte et se démonte aussitôt. On croit savoir mais on ne sait plus vraiment. Tout n'est que doutes, longtemps et les certitudes n'arrivent qu'à la toute fin, en même temps que celles de Christine finalement.

On peut dire qu'"Avant d'aller dormir" tient sa promesse de nous tenir en haleine. Rien non rien n'est ici moins sûr que la réalité...

Pour moi, le terme de thriller psychologique a pris tout son sens dans les dernières pages du roman où j'ai vraiment ressenti à un moment une précipitation dans ma lecture, une soif de découvrir comme Christine la vérité avec cette pointe d'angoisse propre au genre.

08/08/2012

Contretemps – Charlie Smith

Contretemps,Charlie Smith,drogues,globe-trotter junkie,amour fou,passion,obsession,violence conjugale,harcèlement,éloquenceUne histoire qui prend au "trip"

« Alice et moi avions été amoureux dès l’enfance, puis amants à un jeune âge, mais nous nous étions séparés – explosés, bouleversés, fulminés, badaboumés, serait-il plus juste de dire – en raison de notre propension aux disputes à mort façon scorpions […] Je dis séparés, mais le terme n’est pas approprié. Nous nous étions l’un et l’autre mis immédiatement ensemble, à distance. Ensemble par l’esprit. Parfois comme une idée derrière la tête, parfois devant. Elle était toujours là, quelque part, en circulation. »

En 4ème de couverture on nous dit que Charlie Smith signe avec Contretemps son retour après 10 ans d’absence.

Bien, c’est peut-être le temps nécessaire à l’écriture d’une telle histoire. L’histoire d’un amour à la « je t’aime moi non plus », à la « je vais et je viens » mais… que rien ne retient.

Contretemps, c’est l’histoire d’une passion dévorante, d’une addiction, d’un amour excessif qui abîme (qui s’abîme), celui de Billy et Alice. Ils s’aiment depuis l’enfance. Depuis le temps où lui, digne fils de son père, était un prêcheur précoce, habité par Dieu.

Billy est la voix de Contretemps. Une voix qui tente de donner un "surplus de vie" à ce désordre amoureux, une voix qui se perd souvent dans les méandres d'un esprit embrumé par la drogue ou par l'obsession d'Alice.

Tel un ange déchu, junkie en errance, Billy n'est plus habité que par Alice. Elle le hante comme il la hante. C'est à elle maintenant qu'il voue un culte, pour elle qu'il prêche l'amour. Alice est une drogue dont il ne peut se passer : « L’amour rongeait mon cœur […] chaque jour il m’en fallait davantage. »

Alors il la cherche, il la "harcèle", quémande un peu de son attention malgré cette conscience aiguë de toute la rage et la violence qui les animent une fois réunis. Alice, elle, se tient à distance de Billy, femme mariée à d'autres qui se refuse hypocritement à succomber à son appel mais qui succombe pourtant. Alice qui l'aime, qui lui revient mais qui s'échappe toujours.

Et quand enfin ces deux-là semblent définitivement se retrouver, ils se heurtent et s’entraînent mutuellement dans une nouvelle chute qui les abîme un peu plus, un peu trop. Ces deux-là s'aiment à contretemps, avec une mesure de retard, d'un amour qui ne fait que se déchirer, amants maudits. Contretemps, est une dérive des sentiments, les tourments d’une passion dont on sort comme d’une fièvre, vidé.

Contretemps c'est aussi des personnages "colourful". Henry l'ami d'enfance, figure stable s'il en est une dans ce roman, homme tendre, fidèle en toutes circonstances, l'ancre de Billy et d'Alice. Le Garçon Rieur, tueur en série juvénile. Les contrebandiers... Autant de vies qui se croisent, se lient et se délient au gré des mésaventures du couple.

Contretemps est un poème, une prose métaphorique qui laisse pantois et Charlie Smith est un magicien des mots. Auteur à découvrir.

04/08/2012

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire – Jonas Jonasson

Le Vieux_Jonas Jonasson.jpgVive la T.N.T. ! Quand badaboum rime avec épopée…

Il y a l’histoire

Allan Karlsson est en maison de retraite, il va avoir 100 ans et alors que tout le gratin de la ville se déplace pour fêter son anniversaire, il se fait la belle en chaussons par la fenêtre de sa chambre. Il rit déjà de la tête que fera Sœur Alice, cette sorcière qui le prive de son ultime plaisir, l’alcool.

Allan à la gare rencontre un jeune homme qui lui demande de surveiller sa valise. Il accepte mais son bus est sur le point de partir alors ni une ni deux, il embarque la valise et part. Mal lui en a pris cette valise appartient à un gang qui n’a pas l’intention de lui abandonner la valise et son contenu…

S’en suit une fuite en avant ou notre papi entraînant avec lui dans son « échappée belle » diverses personnes (et un éléphant !) passe du statut de fugueur à celui de voleur puis meurtrier. Tout ceci sans que cela ne semble le perturber plus que ça. Et en effet, Allan Karlson en a vu d’autres et s’est sorti de bien plus mauvais pas…

La fin de cette « aventure » est truculente. Je ris encore un peu de l’esprit malicieux avec lequel lui et ses compagnons se sont joués du procureur.

…Et l’Histoire

Un siècle de vie ! La biographie d’Allan Karlsson n’est autre qu’une histoire dans l’Histoire. Un homme simple, généreux, sans éducation, un brin naïf mais loin d’être stupide. Un gars qui apprend à manier les explosifs un peu trop bien, qui passe par la case prison après un malheureux accident et, lui qui hait la politique, finit par fréquenter les plus grands de ce monde dans une course à la bombe nucléaire dont il semble être le seul à connaître la formule.

Tour à tour, artificier, alchimiste, touriste, prisonnier, évadé, espion aux 4 coins du monde. Ce papi qui a eu une vie entre Mc Gyver et Forrest Gump, une vie extraordinaire n’en garde pas moins une vision simpliste : il n’aspire en définitive qu’à une chose, siroter de l’alcool sous un parasol au soleil… On comprend mieux qu’il n’ait pas eu envie de finir sa vie dans une maison de retraite.

 

Sa lecture achevée, je suis pourtant restée perplexe, ne sachant dire si j’avais véritablement aimé ce roman. Et je ne saurais dire pourquoi j’avais hâte de le finir… Peut-être cela tient simplement au fait que j’étais encore trop imprégnée de ma précédente lecture ? Je crois que j’ai apprécié le personnage d’Allan Karlsson, sa faculté à influer sur la vie d’autrui, sa vision somme toute optimiste de la vie sans me sentir fondamentalement transportée par l’histoire.

Quant aux péripéties d’Allan Karlsson peu importe qu’elles soient complètement loufoques, elles n’en restent pas moins plaisantes, souvent drôles. Et elles ont au moins le mérite de nous refaire vivre quelques grands moments d’Histoire de manière cocasse.

Pour les amateurs d’humour noir, d’histoire/Histoire fantaisiste, d’histoire qui se termine bien…