30/09/2012
Le quatuor de L.A. T1 Le Dahlia Noir - James Ellroy
Amis, amour, à mort...
"Pour moi, elle était le centre de l’enquête criminelle la plus énigmatique que le service ait jamais connue. C’était elle qui avait brisé la plupart des vies qui m’étaient proches, c’était elle cette énigme faite femme dont je voulais tout découvrir. C’était là mon but ultime, enfoui si profond que je le sentais ancré dans ma chair."
Le Dahlia noir n'est pas sorti tout droit de l'imagination de James Ellroy, il s'est inspiré du meurtre sauvage d'Elizabeth Ann Short, jeune femme de 22 ans retrouvée mutilée (je passe les détails) dans un terrain vague de L.A en 1947. Ce fait divers a bouleversé les Etats-Unis, a fait la une des tabloïds et est à ce jour toujours irrésolu. Le Dahlia Noir c'est aussi un roman thérapie pour son auteur dont la mère a subi le même sort que "Betty" Short, alias Le Dahlia Noir.
Lentement, minutieusement, Ellroy introduit ses personnages : Bucky Bleichert, Lee Blanchard pour commencer. 2 jeunes flics réputés pour leur carrière de boxeurs, frères "ennemis", simples coéquipiers de la L.A.P.D. puis amis à la vie à la mort. Deux hommes qui traînent leurs fantômes, un père allemand et une mère morte à l'asile pour l'un ; une jeune soeur kidnappée et assassinée pour l'autre. Entre les 2 une femme, Kay qui vient apporter la touche de romance nécessaire à ce polar si noir. Triangle amoureux harmonieux, brisé, remanié...
Parenthèse de cette première partie : Le match de boxe entre Bleichert et Blanchard, j'ai adoré. La narration était parfaite, le combat nous est donné à lire comme sous le micro d'un commentateur sportif. Un sens du détail percutant comme les poings des deux boxeurs. Ce match est par ailleurs ce qui liera à jamais nos deux hommes.
La suite du roman nous place au coeur du meurtre le plus sordide qui soit donné à voir. Ames sensibles ou estomacs fragiles s'abstenir, la scène du crime est effroyable, peinte de la manière la plus crue qu'il soit, rien n'est épargné au lecteur. L'enquête qui s'en suit nous plonge elle, dans un milieu glauque à l'extrême, dérangeant, où la corruption à cours, où la violence et le racisme ne sont même pas masqués, où la débauche, les perversions sexuelles et les âmes perdues se mêlent. Une enquête qui ne laissera personne indemne.
A aucun moment on ne soupçonne ce qui arrive, on est régulièrement laissé sur le c..., parfois dubitatif, parfois bouleversé, parfois choqué.
Ellroy a voulu un dénouement à ce crime sordide, il lui était probablement nécessaire afin de faire le deuil du meurtre irrésolu de sa mère...
Le Dahlia Noir est un roman fascinant, obsédant. Il puise sa force dans une écriture réaliste, une peinture sans concession d'une société dépravée dont la noirceur et le désespoir nous saisissent à la gorge. On comprend mieux pourquoi cette enquête a tenu l'Amérique en haleine...
23:25 Publié dans Bang | Tags : le dahlia noir, j.ellroy, boxeurs, l.a.p.d, polar noir, meurtre non résolu, scène de crime à vomir | Lien permanent | Commentaires (8)
29/09/2012
1Q84 Livre1 Avril-Juin - Haruki Murakami
Ghost writer (nippon ni mauvais)
"Il n'y a toujours qu'une réalité, répéta lentement le chauffeur, comme s'il soulignait une ligne importante."
Japon, 1984, Tengo jeune professeur de mathématiques et écrivain en devenir, se voit chargé par son éditeur et "mentor" Komatsu de récrire "en douce" le roman d'une jeune adolescente dyslexique Eriko Fukada, alias Fukaéri. Il se fait fort de faire remporter à La Chrysalide de l'air le prix littéraire Akutagawa. Tengo en proie aux doutes rencontre la mystérieuse Fukaéri. Il apprend qu'elle a fui seule à 7 ans la secte des Précurseurs et est recueillie par un ami de ses parents, Maître Ebisuno, ethnologue réputé, maintenant retiré dans ses montagnes. Séduit par la personnalité de la jeune fille (et son décolleté), il accepte ce partenariat secret.
En parallèle, nous suivons Aomamé, une jeune femme indépendante et énergique, professeur d'arts martiaux, self defense (en mode briseuse de coucougnettes) qui a pour méthode afin de se vider la tête (après une rude journée de travail), de se poser dans un bar et faire du rentre-dedans aux hommes mûrs (de préférence dégarnis mais ayant un gros attribut). Outre cela, la demoiselle est nettoyeuse professionnelle d'ordures de 1er ordre, une manière pour elle de s'engager dans la lutte contre les violences conjugales au côté d'une vieille femme aristo qui la rémunère pour ses services.
Rien ne semble unir nos protagonistes et pourtant tous sont liés d'une manière ou d'une autre au destin de Fukaéri. Tous ont conscience d'une menace planant sur elle et du mystère qui l'entoure. Pourtant, certains n'hésiteront pas à vouloir la faire sortir de l'ombre sans mesurer que cette notoriété représente pour elle une mise en péril.
Comme sur un échiquier, Murakami place méthodiquement, avec minutie les protagonistes de son histoire. Il dénoue avec lenteur les prémices de sa trilogie faisant naître diverses questions auxquelles on voudrait trouver avec hâte une réponse. Et bien non! Il reste 2 tomes pour ça :)
J'ai vraiment apprécié ce 1er livre, l'écriture est plaisante, le style fluide. Une alternance entre réalité et quelque chose qui relève du fantastique qui ne m'a pas rebutée. Une alternance des narrations où comme je l'ai dit nos personnages semblent avoir des vies bien distinctes mais qui pourtant convergent toutes vers Fukaéri. Je me suis attachée à Fukaéri, à Tengo. Les pensées d'Aomamé dans certaines situations m'ont amusée...
Certes des questions demeurent : dans quel espace temps les uns et les autres se situent-ils? Qui s'inscrit dans la réalité, qui dans le fantastique? Qui est dans le présent, qui ne l'est pas, plus? Autant d'interrogations qui trouveront peut-être une réponse dans le livre 2 ou bien uniquement dans le 3 (ou pas du tout me glisse-t-on ^^). Bizarrement, je n'ai pas refermé ce tome en me disant "je veux savoir à tout prix ce qu'il en est!" Non, je ressens comme un apaisement, comme si je savais qu'ici nul besoin d'être impatiente...
Murakami fait de nombreuses références à 1984 de George Orwell dans ce livre1, et bien moi qui sortait d'une lecture commune de Fahrenheit 451, je n'ai pu passer à côté de ce passage qui m'a complètement ramenée à la réflexion dans laquelle il m'avait plongé :
"De mon point de vue, Takashima a produit des robots incapables de penser. Ils ont réussi à enlever de la tête des gens les mécanismes permettant de penser par soi-même. Un univers semblable à celui que George Orwell a décrit dans son roman. Mais comme vous le savez sans doute, sur terre, il existe pas mal d'individus qui cherchent volontairement à vivre dans cet état de mort cérébrale. Parce que, n'est-ce pas, c'est plus confortable. Ils n'ont plus à réfléchir à des choses compliquées, ils se contentent de faire ce qui a été ordonné d'en haut, sans rien dire."
Autre citation qui donne à penser :
"Dépouiller l'Histoire de sa vérité, c'est comme dépouiller quelqu'un d'une partie de sa personnalité. C'est un crime."
1Q84, c'est aussi un roman qui aborde des questions de société tel que l'embrigadement par les sectes, la violence conjugale, les blessures de l'enfance, la liberté sexuelle féminine...
12:40 Publié dans Bang | Tags : 1q84, murakami, 1984, prix littéraire, nègre, 4ème dimension ou pas?, dyslexie, castratrice, liberté sexuelle, milieu de l'édition | Lien permanent | Commentaires (17)
25/09/2012
Books appointment!
C'est Mardi c'est le rendez-vous de la Page 99
Un rendez-vous mis en place par Chasse-mouche autour d'une théorie particulière et auquel j'ai décidé de m'associer plus pour le fun que pour sa véracité ^^
De quoi s'agit-il? l'éditeur anglais Ford Madox Ford (1873-1939), auteur du Bon Soldat et créateur de The English Review avait un principe selon lui radical : "Ouvrez le livre à la page 99, et toute sa qualité vous en sera révélé."
Le principe : vous ouvrez votre livre en cours à la page 99 ou au 1/3, vous y puisez une citation qui vous parle et vous venez la poster sur votre blog. Un passage qui est au coeur de l'histoire mais qui pourtant ne doit pas trop en dire...
Que cache la page 99 du roman 1Q84 Livre 1 d'Haruki Murakami ? (extrait choisi)
"-Mais auparavant je dois rencontrer quelqu'un.
-Quelqu'un
-Je ne sais pas de qui il s'agit. Mais elle veut que je rencontre cette personne et que je lui parle.
Komatsu resta silencieux quelques secondes.
Et quand doit avoir lieu la rencontre?
-Dimanche prochain. Elle m'accompagnera.
-Il est nécessaire que le secret soit bien gardé, fit Komatsu d'un ton grave. Il vaut mieux qu'il y ait le moins de personnes possible au courant." [...]
Tout un mystère cette future rencontre... Suffisamment intrigant ce passage pour donner envie de poursuivre la lecture. En tout cas, j'accroche bien à l'ambiance particulière de ce roman.
17:21 | Tags : théorie page 99, ford madox ford, le rendez vous de chasse-mouche, y a du vrai... | Lien permanent | Commentaires (8)