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08/09/2012

Méfiez-vous des enfants sages - Cécile Coulon

méfiez-vous des enfants sages,cécile coulon,adolescence blasée,il manque un doigt,et un oeil,con de sanglier,arachnophobieLes illusions perdues

Méfiez-vous des enfants sages, paru en 2010, est le deuxième roman de Cécile Coulon, jeune romancière d'aujourd'hui 22 ans. Il a pour cadre une petite ville de l'Amérique profonde. Ses personnages sont sous la plume de l'auteure tracés comme au crayon, avec le sens du détail. Et le crayon il est aiguisé!

Méfiez-vous des enfants sages est certes un roman court mais il n'est pas facile à aborder dans son début. Décomposé en 3 parties, la première met en scène les protagonistes du roman : "elle", "lui", "Eddy et Kristina", "la petite fille", l'un après l'autre et sans véritable corrélation. La narration se fait à la troisième personne sur un ton presque impersonnel et, donc oui, ça fait bizarre. Comment dire? On se sent quelque part comme complètement détaché de ce qu'on lit, pas touché par ces histoires. Du coup, avant d'aborder la suite, je me suis demandée si le roman allait se contenter de ça, faire défiler des tranches de vie. J'étais à la limite de me dire "mouais bof" mais quelque chose dans l'écriture, dans la manière de peindre ces vies m'a accrochée. Et j'ai bien fait...

Dans la deuxième partie tout s'éclaire, les pièces du puzzle "personnages" s'assemblent. "Elle" s'est mariée avec "Lui" et ils ont eu une "petite fille" qui elle, semble avoir élu domicile chez son voisin Eddy, un paumé... Tout se passe dans la même rue, Cold Street...

Le ton change, la narratrice adopte un ton personnel sous les traits de Lua "la petite fille", c'est son histoire maintenant qu'elle nous raconte, enfin... un pan de vie de l'enfance à l'adolescence.

Lua, petite fille heureuse, futée, précocement douée pour le business (à 5 ans, elle vend des réglisses dans la rue, elle loue ses supers baskets aux autres gosses de son école en échange de pièces sonnantes et trébuchantes, d'images ou autres ; elle achète des bonbecs qu'elle revend aux gamins de la campagne avec un bénéfice net...).

Lua qui jette pourtant déjà un regard acéré sur son entourage, à commencer par ses parents. "Markku et Kerrie. Deux atomes en veilleuse [...]" Un père, scientifique, s'intéressant plus à ses bestioles de laboratoire qu'à sa fille. Une mère, désabusée, lisant et relisant Sa Majesté des Mouches.

Lua qui, a l'âge de raison, vit un traumatisme qui la changera à jamais.

"Ce qui était né en moi, je le devais à mon père, endormi sur ses principes, oubliant qu'en ce monde, les gens ne vivent pas pour calculer des théorèmes en permanence. Il avait flingué en un rien de temps tout ce qui fait qu'une gamine est une gamine, mais pour comprendre ça, il aurait fallu que Père Markku ouvre grand ses yeux et détourne le regard de sa fichue boîte en carton percée de trous. Soeur Popeye s'est fait la malle pour venir se loger là-haut, blottie dans ma pâte à cervelle, ses huit membres serrant mon crâne jusqu'à l'étouffer."

Lua qui grandit, avec son araignée au plafond comme elle dit. Son regard d'enfant s'est transformé en un regard d'ado blasé, angoissé. Les visages qui la marque sont ceux d'êtres marginaux, amputés, héros négatifs à souhait. Eddy pour commencer, ex-drogué, figure bienveillante et omniprésente de son enfance à qui on ne peut, comme elle, s'empêcher de s'attacher. Kristina l'ex-copine borgne d'Eddy. James Freak (tout sauf un monstre), jeune professeur, beau comme un dieu, portant en lui la fêlure d'une vocation de pianiste raté (tout ça à cause d'un foutu sanglier qui lui a bouffé un doigt, dommage que ce ne soit pas celui du milieu qu'il dresserait bien volontiers contre Dieu...).

Oui, Lua grandit et comprend que tout n'est pas éternel, que la vie nous met des claques sans attendre le nombre des années et que ça peut faire mal. Face aux injustices qu'elle perçoit, aux vies gâchées, à ces vies qui ont renoncé, qui l'ont abandonnée Lua ne peut s'en prendre qu'à ce Dieu en qui elle crut un temps, le temps de l'enfance.

"Pendant seize ans, j'ai eu un pote plutôt beau gosse, avec ses cheveux longs et sa couronne d'épines, punk à souhait. Jusqu'à ce que la foi s'en aille comme un grain de sable entre deux rochers. J'ai perdu un copain et j'ai perdu une raison de me lever le matin. [...] Alors Dieu, ou Jésus, je vous ai toujours confondus de toute façon, prends tes cliques et tes claques, retourne là d'où tu viens, enlève-moi cette couronne à la con et trouve-toi des fringues propres. Cherche un taf, un vrai, fais-toi à manger le soir en rentrant, regarde la télé ou fais des mots croisés, appelle tes potes de la Cène et organise un barbecue avec merguez et sauce piquante, et surtout, ne me dis plus ce qui est bien ou mal, n'essaie pas de me montrer le chemin, parce que vu tout ce que tu as fait dans ta longue vie d'Eternel, il n'y a pas de quoi être fier. Vraiment pas."

La 3ème partie sonne comme un état des lieux de ce qui a été et n'est plus. Un constat rapide, sans appel.

Pourquoi cette lecture? Je passais dans les rayons de la bibli, je l'ai vu, on s'est plu... Enfin... c'est plutôt le titre qui m'a fait de l'oeil. Est-ce que j'en ai saisi la référence? Oui et non... Mais si vous êtes arrivés jusqu'ici vous aurez (je l'espère) compris que Méfiez-vous des enfants sages parle du douloureux passage de l'enfance à l'adolescence, de la perte des illusions, de cette candeur enfantine qui nous abandonne en chemin (pour peu qu'on ait eu une enfance protégée).

Le ton de Cécile Coulon dans ce roman est parfois cynique, ironique, triste mais ô combien juste. 

 

07/09/2012

Les Matchs de la Rentrée Littéraire 2012 - Priceminister

MatchsRL_Priceminister.jpgPriceminister organise cette année encore Les Matchs de la Rentrée Littéraire 2012. Un évènement "par les blogueurs pour les blogueurs". Une sélection hétéroclite qui promet de bons moments de lecture.

Retrouvez toutes les infos sur la page du site - Les Matchs de la Rentrée littéraire 2012 du blog de Priceminister.

N'hésitez pas à participer et relayer l'information autour de vous!

Pour la sélection et les conditions voir ci-dessous ou cliquez sur le lien ci-dessus ^^ Bonne chance!

La sélection 2012

RentréeLitt2012.jpg

Qu’est-ce qu’un match littéraire ?

PriceMinister vous propose de livrer votre avis sur l’un des ouvrages de la liste précédente : publiez votre critique sur votre blog, nous recueillerons votre avis et établirons un classement par popularité et satisfaction. A vous de choisir quel auteur vous voulez soutenir dans cette rentrée littéraire !

Comment participer ?

1. Sélectionnez le livre dont vous voulez faire la critique, et confirmez votre participation à l’adresse suivante: oliver.moss@priceminister.com avant le 12 octobre 2012. Précisez-nous vos coordonnées postales et l’URL de votre blog : nous vous ferons parvenir le livre de votre choix dès qu’il sera disponible.

2. Rédigez votre article et informez-nous de l’URL de l’article sur votre blog.

3. Vous pouvez inviter un ami blogueur à participer à l’opération, et ainsi gagner un livre supplémentaire, votre filleul doit pour ce faire préciser que vous le parrainez lors de l’annonce de sa participation à l’organisateur (N.B. : les blogs contactés par PriceMinister ne peuvent pas être parrainés, vous ne pouvez pas non plus vous parrainer vous-même si vous avez un second blog, mais pouvez quand même participer avec ce dernier).

4. Le match littéraire prendra fin le 1er novembre 2012. Le communiqué final mettra en avant les meilleures contributions publiées dans le cadre du match littéraire sur le blog PriceMinister.

Vous avez également la possibilité de recevoir un deuxième ouvrage en parrainant un  blogueur (en ce qui me concerne je remercie Lizouzou pour l'info et je l'ai citée comme marraine dans mon mail de candidature).

Oups, on me fait remarquer (merci Sound ^^) que j'ai oublié de dire sur quel livre j'avais porté mon choix! eh bien, après hésitation : Tigre, tigre! de Margaux Fragoso

03/09/2012

Cadres Noirs - Pierre Lemaître

cadres noirs,pierre lemaître,chômage,chômeur sénior,rh,prise d'otage,jeux de rôle foireux et foirés,monde carcéral,tu me manipules je te manipule on se manipule...de la Difficulté de Recruter un vieil Homme...

"Je n'ai jamais été un homme violent. Du plus loin que je remonte, je n'ai jamais voulu tuer personne. Des coups de colère par-ci par-là, oui, mais jamais de volonté de faire mal vraiment. De détruire. Alors là, forcément, je me surprends. La violence, c'est comme l'alcool ou le sexe, ce n'est pas un phénomène, c'est un processus. On y entre sans presque sans apercevoir, simplement parce qu'on est mûr pour ça, parce que ça arrive juste au bon moment. Je savais bien que j'étais en colère, mais jamais je n'aurais pensé que ça se transformerait en fureur froide. C'est ça qui me fait peur."


Alain Delambre, ancien DRH de 57 ans, est au chômage depuis 4 longues années. Il jette un regard désabusé sur cette société qui réserve un piètre sort aux chômeurs longue durée, aux séniors comme lui qui plus est.
Sa quête d'emploi n'a été qu'échecs, aussi il s'est résigné à accepter des petits boulots mal payés où il a fini par perdre l'estime de lui et pense-t-il des siens. C'est un homme à bout de nerfs que nous rencontrons dans les premières pages, un homme qui a cédé à la violence et qui s'enfonce un peu plus dans les emmerdes. Pourtant, une offre d'emploi comme il n'en espérait plus, dans son domaine donc et correspondant à son profil se présente à lui. Cet homme désespéré, cet homme blessé dans son orgueil va alors tout faire pour obtenir ce travail afin de restaurer son image de mari et de père et remonter l'échelle de la misère dans laquelle il se voit finir.


A lire mon résumé, on pourrait croire qu'il s'agit d'un drame, d'un roman traitant d'un fait de société que nous connaissons tous (personnellement ou par personne interposée): le chômage. Ne vous y trompez pas, du drame il y en a, un constat moche de notre société il y a aussi, mais Cadres noirs c'est avant tout un bon roman à suspens, avec une bonne dose de stress.


Ce roman décomposé en triptyque (Avant - Pendant - Après) joue avec nos nerfs comme avec ceux des protagonistes. 3 parties donc, 3 "environnements", 3 phases différentes qui nous plongent dans une grande tension et, si au départ il n'est "que" question de retrouver un emploi, on comprend vite qu'il sera rapidement question de vie ou de mort.


Je me suis demandée à un moment si cette quête absolue de Delambre pour retrouver une situation, et briller à nouveau aux yeux de son épouse et de ses enfants, n'en avait pas fait un homme froid, calculateur, manipulateur voir détestable dans certains aspects au même titre que ces hommes qu'il abhorre. Peut-on au final véritablement se sentir en phase avec un tel personnage? La souffrance psychologique peut-elle excuser tous les actes? Y avait-il plus à perdre ou à gagner dans cette histoire?


J'ai refermé ce "thriller" en me posant pas mal de questions... Et certes, de Lemaître j'ai préféré Robe de Marié mais celui-ci d'un genre différent n'en reste pas moins bon.