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09/02/2013

Le chien gardien d'étoiles - Takashi Murakami

Le chien gardien d'étoiles_Takashi Murakami.jpgParce que c'était moi, parce que c'était toi.

Une équipe de policiers identifie un cadavre humain dans une épave de voiture abandonnée dans un champ de tournesols. A côté un autre cadavre, celui d'un chien.
La petite Miku vient de recevoir un chiot qu'elle appellera Happy. Happy est heureux, Miku joue avec lui de temps en temps, la maman même si elle le gronde parfois le nourrit et puis, "papa" l'emmène toujours en promenade et lui parle à lui plus qu'il ne parle à sa femme.
Mais ce bonheur va basculer, "papa" malade perd son travail ; femme et fille l'abandonnent avec presque rien. "Papa" est contraint de vendre l'appartement et de rembourser les dettes avec l'argent. Alors avec son chien Happy, le seul à lui être resté fidèle et dévoué il décide de partir vers le Sud, là où les choses devraient s'arranger pour eux deux. Un voyage fait de nombreux rebondissements, un voyage au bout du chemin, au bout d'eux-mêmes mais qui scellera entre eux un lien indéfectible. Fin de la première partie
Transition sur une tombe, des tournesols : deuxième partie.
Okutsu est assistant social, il travaille d'arrache-pied sans se laisser toucher par les différents dossiers qu'il gère. Jusqu'à ce qu'on l'appelle pour récupérer un corps non identifié pour lequel il doit organiser les funérailles. Il y a un chien aussi lui précise-t-on. Ce cas va le toucher particulièrement, raviver en lui des souvenirs, des regrets et ramener en lui un peu de compassion pour les siens, lui faire comprendre qu'une fin n'est pas malheureuse dès lors qu'on est deux, en paix avec soi-même et les autres.

Takashi Murakami signe avec Le chien gardien d'étoiles, une oeuvre d'une puissance émotionnelle terrible.
Hommes ou animal arrivent à nous émouvoir, chacun à leur manière. Par les mots, sans les mots, par une attitude, par une absence de réactions.
Murakami nous livre cette histoire par le biais de 3 narrateurs : le chien Happy, le monsieur "papa", l'assistant social Okutsu.
La voix d'Happy est souvent faite d'onomatopées qui rendent le texte vivant et créent une véritable interaction avec son maître mais aussi avec le lecteur. Il amène par ses incessantes interpellations "papa!", "papa?", "merci papa!" une véritable touche de tendresse au récit. Mais la réflexion est aussi présente dans les pensées du chien, fin observateur, réceptif aux émotions de son maître et aux évènements, il ne laisse rien passer de ce qu'il voit et y va de sa remarque :
"Quand les choses changent petit à petit, on ne s'en rend pas toujours compte sur le moment. Mais en réalité, ça finit par faire un gros changement."

"L'homme est sans fard face à un chien. Papa, dès que tu es parti, le petit garçon a pleuré en me serrant très fort dans ses bras."

Monsieur "Papa" est lui un homme placide qui vous remue de l'intérieur. L'auteur aurait pu choisir un personnage tout en rébellion face à ce qui lui arrive mais non, il a créé un homme qui prend la vie comme elle vient, qui ne s'insurge pas contre les injustices et coups du sort dont il est victime et ne rend personne responsable de ses soucis. Résigné, fataliste? Lucide, il constate et accepte, point.
"Tu sais quoi? La dernière réforme ne nous a apporté que la pauvreté. Ça et rien d'autre! Que veux-tu, c'est ainsi... La plupart du temps les gens rejettent la responsabilité de leur malheur sur les autres. Cela les aide à maintenir un semblant d'équilibre mental."
Attention, il n'est pas absent de réactions "papa", ce n'est pas un être froid, bien au contraire. On sent dans son comportement, ce "dialogue" qu'il tient avec son chien, ces mots qu'il a, beaucoup de lucidité, d'amour et parfois aussi une sourde colère, de la tristesse, de la compassion. Il ne se dégage aucune froideur de lui. Peut-être bien à cause de la présence d'Happy à ses côtés d'ailleurs. Car c'est par son attachement et les sacrifices qu'il consent pour Happy que toute le côté humain et chaleureux de cet homme s'exprime. Il se fait, se veut rassurant tout de même, positif malgré sa situation et porteur d'un certain espoir malgré tout parce qu'il aura savouré des instants de bonheur à sa mesure et que ça aura suffi à le combler.
"Je n'ai plus rien et pourtant ta seule présence suffit à me rendre heureux!"

"C'est notre dernier banquet, Happy. Profitons du moment.
Alors, papa a regardé la mer fixement... pendant longtemps... très longtemps. Puis il a mangé son plat du jour en prenant tout son temps, jusqu'au coucher du soleil."

Takashi Murakami aurait pu s'arrêter là de son manga mais non, comme il le dit en postface, il avait besoin de la 2ème partie "Tournesols" pour rendre hommage à "papa" et Happy.
Et pour ce faire, il choisit Okustu, un assistant social dont son collègue dit qu'il est "détaché de tout". Un homme qui se suffit à lui-même, un fonctionnaire dans toute sa splendeur : froid et blasé comme il y en a tant. Le cas de M.Maeda et de son chien va pourtant le toucher, raviver en lui des souvenirs douloureux, des regrets enfouis. Il va alors se lancer dans une quête pour identifier cet homme et ce qu'il découvrira va ranimer en lui la part d'humanité et d'empathie qu'il n'était plus apte à ressentir pour son prochain. Mais aussi et surtout le réhabiliter à ses propres yeux, lui redonner dignité et espoir.
"En fait, tu es le gardien d'une inaccessible étoile. Le gardien de l'impossible en somme... Mais tu as raison, il n'est pas absurde de regarder ce qu'on ne peut pas obtenir... Si on continue à désirer, c'est justement parce qu'on ne sait jamais ce qu'on obtiendra à la fin."

Drôle d'histoire, qui ne paye pas de mine avec son dessin un peu à l'ancienne, en noir et blanc mais qui saisit le coeur du lecteur d'une manière dont on ne s'y attend pas. Cela fait presque mal tellement on s'attache à ce monsieur et à son chien, tellement on voudrait ne pas avoir compris ce qui va arriver, ce qui arrive. Je n'ai pas pleuré mais, parce que j'avais voulu le terminer avant de partir au travail, j'ai gardé un certain temps en moi quelque chose comme une certaine tristesse, comme le sentiment d'avoir les larmes au bord des yeux...
Émouvant oui mais pas larmoyant ce roman graphique parce qu'avec la distance, en relisant certains passages, il y a de l'espoir malgré ce qui est revendiqué : un peu plus d'attention pour l'autre - homme ou animal-, un peu plus d'humanité, un peu plus de reconnaissance pour ces gens simples qui nous entourent, susceptibles de nous apprendre le bonheur pour peu qu'on s'arrête et qu'on les regarde vivre.

Entre parenthèses :
Avez-vous vu le film Hachi datant de 2009 de Lasse Hallström avec Richard Gere? J'ai beaucoup pensé à ce film en lisant Le chien gardien d'étoiles et je pense que notre Happy appartient à cette race de chiens japonais, les Akita inu. Ce film est inspiré d'un fait réel et il est très émouvant... J'ai pleuré comme une madeleine durant toute la seconde partie et encore après la fin du film...

17:36 Publié dans Boum boum | Lien permanent | Commentaires (7)

Commentaires

Il se trouve qu'il est disponible à la médiathèque que je fréquente. Peut-être une bonne occasion de découvrir le roman graphique que tu sembles apparemment bien apprécier ces derniers temps... Hatchi, oui, j'avais adoré ! C'est un film émouvant qui m'avait mis une grosse boule bien douloureuse dans la gorge ! ;)

Écrit par : Ingrid Fasquelle | 09/02/2013

Hm... ils ne l'ont pas dans ma médiathèque, mais dans une autre à Nantes... je ferai le déplacement quand je trouverai le temps ! Si je pleure encore en lisant un livre, ce sera de ta faute ;)

Écrit par : solessor | 09/02/2013

comment on peut résister après un tel billet !!!!!
c'est noté (plutôt deux fois qu'une !)

Écrit par : stephanie plaisirdelire | 09/02/2013

@Ingrid : c'est le 1er manga "roman graphique" que je lis, il est différent de la BD "roman graphique" parce que manga quand même :) Mais il est saisissant. J'espère que cette histoire saura te plaire Ingrid. Je pense qu'il faut une certaine empathie pour les animaux pour se laisser toucher aussi par ce maître et son chien. Mais quelle émotion quand même!
Hatchi... ahlala...

@Sol' : j'espère que tu pourras te le procurer miss. Et puis si tu pleures... je suis sûre que tu trouveras la personne qu'il te faut pour te consoler près de toi :) A moins que vous n'en fassiez une lecture à deux... bah vous vous auto-consolerez.

@Stéphanie : ça me met toujours la pression quand je convainc une amie de lire un livre que j'ai beaucoup aimé... Je pense que j'ai toujours peur que l'autre soit déçue... Mais franchement, à voir les commentaires d'autres livraddictiens sur ce manga, je me dis que je ne me suis pas trompée et qu'il y a des chances qu'il te/vous plaise. Je le souhaite en tout cas!

Écrit par : C'era una volta | 10/02/2013

je ressent la même chose C'éra alors te tracasse pas. C'est comme pour tout, c'est une question de goûts,mais c'est toujours bon de suivre un conseille avisé ;-)

Écrit par : stephanie plaisirdelire | 10/02/2013

merci Stéphanie :) Alors souhaitons que celui-ci soit vraiment avisé ^^

Écrit par : C'era una volta | 10/02/2013

jai cherché le chien gardien détoiles a la bibliotheque municipal jai pas trouvé, vaut il vraiment le cout pour lacheter?

Stéphanie

Écrit par : chien | 17/05/2013

Les commentaires sont fermés.