Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/11/2013

L'hiver au coeur - Dalila Bellil

l'hiver au coeur,dalila bellil,relation mère fille,amour amère,pardon,alzheimer,que ces mères peuvent être cruelles,moins tu m'aimes plus je t'aime,se construire malgré tout,deuilL'amour à mère

Devant la dépouille de sa mère, Victoire, incrédule face à cette mort, revient sur ce qu'aura été la relation mère-fille/fille-mère. Une lente et douloureuse introspection pour comprendre que cette mère devenue absente du fait de la maladie l'était déjà bien avant son apparition et comprendre que, malgré cela, l'amour de l'enfant pour sa mère pardonne à tous les manquements.


l'hiver au coeur,dalila bellil,relation mère fille,amour amère,pardon,alzheimer,que ces mères peuvent être cruelles,moins tu m'aimes plus je t'aime,se construire malgré tout,deuil
Il est bien difficile de parler d'un tel livre. Peut-être parce qu'il touche une corde sensible : celui du rapport à la mère. Et peut-être encore plus parce qu'il laisse en suspens dans l'air du temps un certain nombre de questions englouties avec la mère à jamais endormie.

Victoire, la narratrice a maintenant 25 ans et affronte en ce jour où il faut dire adieu la seule chose qu'il lui reste de sa mère : son souvenir.

Il y a bien sûr la mère qui depuis une dizaine d'années s'est éteinte, a oublié les uns les autres, elle-même. Une mère qui a été frappée de manière précoce par la maladie d'Alzheimer. On le devine oui le mal dont elle est atteinte car son nom n'est jamais prononcé. Les signes eux sont là et ne trompent pas : confusion, oubli, agressivité, dépendance. Une mère donc qui a pris toute la place, qui a effacé la fille adolescente, qui a plongé sa famille dans la tourmente. Une mère devenue inconnue, devenue cette Autre, une personne à apprivoiser, dont il a fallu s'occuper comme d'une enfant. Rôles inversés.

Et puis il y a, mêlé aux souvenirs de cette mère malade devenue si fragile, la mère aux mille visages du désamour. Une femme infâme, exigeante, dure, mal aimante envers ses enfants, son mari. Une image qui jaillit, quasi oubliée ou plutôt effacée par la maladie parce que celle-ci vous rend plus indulgents et vous apprend à aimer malgré les manquements et la rancœur de ne pas avoir eu la maman que tout enfant est en droit d'attendre. Une image qui laisse des traces, qui ne laisse pas indemne et qui pourtant n'empêche en rien le manque, la détresse de la perte et qui n'empêche aucunement l'amour de s'exprimer et permet le pardon.

L'hiver au cœur est un roman mélancolique, difficile, chargé d'émotions qui se transmettent au lecteur et ne laissent pas insensible. Un roman porté par une belle écriture, sincère. C'est un roman qui conte la douleur, le manque, qui permet au deuil de se faire et qui résonne comme un cri porteur de tant de questions mais un cri d'amour qui au final libère.

Quelques citations pour la route :

"Et toi, maman, as-tu continué à aimer du fond de l'oubli ou les sentiments sont-ils morts avec la maladie? Que restait-il de vivant en toi? Est-on encore vivant quand on n'est plus capable d'aimer?"

"J'ai appris qu'un jour ou l'autre, l'aube succède aux ténèbres. Je sais désormais que le malheur ne tue pas et que nos ressources sont infinies."

"Qu'est-ce qu'un être sans maison, maman? Sans un lieu à lui, dans lequel il inscrit son histoire? Qu'est ce qu'une vie qui n'a pas de lieux pour mémoire?"

"Il n'a pas été facile de devenir une femme sans toi. Devenir la femme de sa vie n'est jamais simple, mais c'est encore plus compliqué quand il manque la première, celle qui nous a donné la vie."

"Tu exigeais notre dévotion, notre amour, mais le tien était conditionnel. Quel était cet amour fou qui nous liait et nous faisait t'aimer quand tu nous aimais si mal? Quel était cet enchantement sous lequel tu nous tenais et qui nous faisait te pardonner tes offenses, tes manquements? Je t'aimais plus que tout, maman. Ce n'était pas une affection ordinaire. Elle était lucide et aveugle. Aliénante. Je t'ai aimée à la folie. Je n'avais pas le choix. Si je ne t'avais pas adorée, je serais morte. Je me suis attachée à toutes celles que tu as été, même celles que je redoutais. Celles qui me faisaient peur et me blessaient ; celles qui me faisaient me sentir seule.
Je t'ai détestée souvent. Je t'ai haïe, parce que tu ne m'aimais jamais assez.[...]
J'aurais dû admettre que je n'avais rien compris. Et il m'aurait fallu vivre avec le regret de n'avoir pas connu ma mère. Je dois me contenter de mes souvenirs ; je sais qu'ils ne sont pas la vérité. Qu'ils mentent. Je ne saurai jamais qui fut ma mère. Cela n'empêche pas l'amour."

"Tu aurais découvert que les murs ne protègent de rien, sauf de la vie elle-même."

"Je me garderai de transmettre mes certitudes à mes enfants. Je sais qu'ils seraient capables de me croire. Je leur apprendrai que je ne sais rien, que la vérité dont je leur parle n'est que la mienne et qu'ils devront, seuls, trouver leur chemin. Mais, quand, le soir venu, la tête pleine de doutes, le coeur chagrin, ils viendront chercher le repos, le tiède amour qui leur insufflera le courage de repartir, leur mère sera là, la main prête à la caresse."

Il faut que je m'arrête là mais il y a ces autres passages que j'aime : P.70, 75-76, 79, 82-83, 100...

Commentaires

Sujet difficile et apparemment traité avec délicatesse. Je ne lis que très rarement ce genre, mais tu m'as donne envie de l'ouvrir, ce roman.

Biz

Écrit par : nanet | 01/11/2013

Les citations que tu as choisies sont magnifiques ! C'est un roman que j'ai envie de découvrir en dépit de son sujet difficile et je pense savoir pourquoi il t'a aussi interpellée ! ;)

Écrit par : ingrid fasquelle | 01/11/2013

@Nanet : traité avec tendresse en fin de compte oui. C'est assez dur et douloureux, vibrant de plein d'émotions, de celles qui laissent hagards mais c'est fort bien écrit! Je te l'enverrai si tu veux, mais il est déjà réservé :)

@Ingrid : merci miss. Cela fait du bien de savoir que je ne suis pas la seule à avoir été touchée par ces paroles. C'est un roman qui parlera sans doute à beaucoup de femmes, qu'elles soient mères ou filles.

Écrit par : C'era una volta | 01/11/2013

Un roman qui a l'air difficile.

Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 03/11/2013

Je le lirais avec plaisir, après le premier oublié je suis très portée sur ce thème. Et les rapports mère fille me touchent svt bcp alors dans un tel contexte, ça devrait être d'autant plus touchant.
Et puis tous ces passages que tu cites...bien forcément ça me tente bcp !

Écrit par : stephanie plaisir de lire | 04/11/2013

@Alex : je l'ai trouvé intéressant, d'une certaine manière poignant mais aucunement larmoyant. Il pourrait paraître froid parce que la narratrice dresse un bilan, un constat assez triste et dur de ce qu'a été sa relation avec sa mère mais il y a aussi beaucoup d'amour/pardon derrière ses mots

@Stéph : il est de Massarotto, Le premier oublié? Un auteur que je dois découvrir!
Je suis comme toi, toujours particulièrement curieuse de ces romans qui traitent de la relation mère/enfant. Je l'ai prêté à une amie mais si tu veux je pourrais en faire un livre voyageur, je crois qu'il tentait aussi Nanet :)

Écrit par : c'era una volta | 04/11/2013

Oui c'est de Massarotto. Avec plaisir pour le partage. Quand Nanet aura fini, je ceux bien être la suivante. Merci :-)

Écrit par : stephanie plaisir de lire | 04/11/2013

Je ne peux que confirmer cet avis.. un livre coup de coeur et coup de poing pour moi!!! à lire, relire et rerelire!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Écrit par : titoulematou | 27/12/2013

@Stéph : la mère Noël a comblé ton souhait ^^ Bonne lecture miss

@Titoulematou :quel enthousiasme! Mais oui effectivement c'est une lecture qui ne peut pas laisser insensible. Bienvenue par ici :)

Écrit par : C'era una volta | 27/12/2013

merki!!!! bonne année!!!!!!!!!!!!!!

Écrit par : titoulematou | 02/01/2014

Un sujet difficile, mais un livre qui pourrait vraiment me plaire. Je le rajoute à ma wishlist

Écrit par : Paradiseandco | 10/02/2014

Bon choix :) Ecoute, j'espère que tu l'apprécieras réellement. Il donne à réfléchir et suscite pas mal d'émotions pour peur que l'on soit un peu touché par le sujet.
Et puis bienvenu par ici :)

Écrit par : c'era una volta | 10/02/2014

Les commentaires sont fermés.