Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/11/2013

L'hiver au coeur - Dalila Bellil

l'hiver au coeur,dalila bellil,relation mère fille,amour amère,pardon,alzheimer,que ces mères peuvent être cruelles,moins tu m'aimes plus je t'aime,se construire malgré tout,deuilL'amour à mère

Devant la dépouille de sa mère, Victoire, incrédule face à cette mort, revient sur ce qu'aura été la relation mère-fille/fille-mère. Une lente et douloureuse introspection pour comprendre que cette mère devenue absente du fait de la maladie l'était déjà bien avant son apparition et comprendre que, malgré cela, l'amour de l'enfant pour sa mère pardonne à tous les manquements.

Lire la suite

27/05/2013

Absences - Alice LaPlante

absences,alice laplante,alzheimer,meurtre,amitié,le vrai est au coffre,isolement psychologiqueÇa s'en va et ça revient...

La meilleure amie de Jennifer White, Amanda, est retrouvée morte chez elle, la main mutilée. Les soupçons se portent alors sur elle, le Dr White, chirurgien orthopédiste retraitée, la dernière personne à avoir vu la victime. Mais soupçonner n'est pas prouver et la police devra se livrer à une enquête soumise aux aléas de la mémoire défaillante de la suspecte. Car Jennifer souffre de la maladie d'Alzheimer et son état, qui s'aggrave de jour en jour, l'empêche elle-même de se rappeler les derniers instants passés avec son amie. Coupable, pas coupable? Bienvenue dans les méandres de la mémoire de Jennifer White!

Comment rendre hommage à ce livre comme je pense qu'il le mérite? J'ai envie de le défendre contre ces avis négatifs que j'ai lu avant et après ma lecture et de vous donner à vous qui allez parcourir ces lignes, l'envie irrésistible de le lire. J'ai le sentiment que mon billet va se démarquer parce que mon ressenti est clairement positif.

J'ai ouvert ce livre de 400 et quelques pages pour ne le refermer que 3 fois faute de temps pour le lire d'une traite. J'aime quand je ressens dès les premières pages tournées, l'envie d'aller de l'avant dans un roman. Plonger dedans et me laisser porter par l'histoire sans effort. Je n'ai à aucun moment ressenti cet ennui qui vous fait dire "allez accroche-toi, ça va sûrement finir par être mieux". Non, ce que je lisais était déjà suffisant à mon plaisir. Le texte est aéré, l'écriture agréable, le rythme en adéquation avec le contenu (mais ça je vais y revenir). Pour peu que l'on entre dans la peau du Dr Jennifer White, que l'on s'accroche comme elle aux bribes de souvenirs, Absences devient purement addictif.

Le point fort pour moi de ce roman est cette narration à la première personne, la "voix" de la Jennifer White lucide, qui se fait entendre avec de plus en plus de difficultés. Cette femme qui mène un combat de chaque seconde contre sa mémoire défaillante pour répondre aux sollicitations de son entourage, aux interrogatoires et contre-interrogatoires des enquêteurs. Est-elle en mesure de se rappeler ce qui a pu se passer, le veut-elle vraiment ou sa maladie lui offre-t-elle surtout un refuge contre l'accusation qui pèse sur elle?
Alors je suis là, moi lectrice, à suivre ses pensées, à recoller avec elle à coups de notes dans un carnet ou à coups d'éclairs de lucidité les souvenirs qui lui restent de sa vie, de sa famille, de cette relation pas si paisible que ça avec cette amie dont elle doit en plus, revivre à répétition l'annonce de la mort.
Je m'intéresse aussi à ces autres voix que l'auteure a choisi de distinguer par des caractères en italique. Il y a Fiona et Mark, les enfants de Jennifer. Il y a Magdalena, sa garde-malade et la voix par procuration d'Amanda.
Dans ce qui peut nous paraître que confusion, absence de trame j'ai trouvé, au contraire, que tout était clair et que l'auteure n'avait rien laissé au hasard. Dans les bribes de souvenirs, dans les échanges brouillons entre le Dr White et les autres, on en apprend des choses. Des secrets étouffés refont surface... Le vrai caractère de certains est mis à nu. Ces petites indications sont autant d'éléments qui permettent aussi d'essayer de trouver un mobile au crime, de s'interroger et remettre en question ou non la culpabilité de Jennifer White. Et si, et si quelqu'un d'autre avait profité de sa confusion mentale pour lui faire porter le chapeau?
On sait, on devine comme l'inspectrice que quelque chose est là, proche à jaillir de la mémoire de Jennifer pour infirmer ou confirmer sa culpabilité. C'est comme avoir un coffre sous les yeux et avoir perdu la combinaison du cadenas. C'est comme se dire "ah mince, je l'ai sur le bout de la langue" mais ça ne vient pas... Pas encore, peut-être jamais. Alors j'ai attendu, patiemment, sans même me dire "pfft il ne se passe rien", "pfft ça piétine". Non, rien de tout ça. J'étais dans la tête de cette vieille dame en train de reconstituer comme elle des pans de son histoire, lointaine ou proche, heureuse ou douloureuse, avouable ou non et je trouvais ça bon. Bon dans le sens où je ne m'ennuyais pas, au contraire!

En cela, je trouve aussi qu'Absences est magistral. Alice LaPlante a vécu 10 ans de la maladie de sa mère. Forte de cette expérience douloureuse, elle nous donne à lire un roman qui sonne terriblement juste quant à la la reconstitution de l'état mental propre à la maladie d'Alzheimer et à la détresse psychologique dans laquelle le malade peut se trouver. Elle aurait pu écrire une histoire inspirée de la réalité qu'elle a vécu mais non, elle a choisi une histoire fictive. Sur fond d'enquête autour d'un meurtre, elle nous donne à voir ce qu'est la maladie d'Alzheimer, pour la personne malade mais aussi pour l'entourage. La fragilité, la précarité, la perte de repères, la dépendance, la souffrance de vivre sa déchéance mentale mais, au milieu de tout ça,  il y a aussi à voir quelques sursauts pour garder sa dignité, pour préserver les autres aussi... C'est superbe!

Je ne porterai pas le débat sur la question du genre, j'en ai débattu oralement avec Soundandfury qui avait aussi ce partenariat en main. Je ne vois pas pourquoi certains étaient convaincus d'avoir un "thriller" en main. Sur la couverture est inscrit "roman"... La 4ème de couverture que j'ai lu ensuite pourrait laisser supposer que évidemment. Et certes le récit en possède quelques ficelles mais pas que. Ce serait réducteur alors qu'Absences c'est bien plus que ça, comme le souligne la citation du New York Times.
Je lui préfère amplement celle de S.J. Watson, auteur de Avant d'aller dormir (un autre titre qui avait eu des avis mitigés et que j'ai tout autant aimé et défendu) parce qu'elle dit tout et rend vraiment hommage à ce roman :

"Merveilleux. Cette exploration déchirante de la lente désintégration de l'esprit est profondément émouvante et complètement bouleversante, tout en étant passionnante. J'ai adoré."

Et encore une fois, je conseillerai aux lecteurs éventuels de se plonger directement dans le roman afin de ne pas avoir d'attente "thrillesque" particulière ^^

Quelques citations :

"Si j'apprécie mes chaînes, je serai libre."

"Au milieu de la douleur et de la colère, j'ai ressenti du soulagement, le soulagement d'être moi toujours vivante. Ainsi, à un certain niveau, j'envisage la mort comme une chose à repousser à plus tard. Ce n'est pas que je n'y pense pas -quand je suis dans mes mauvais jours mon état d'esprit est différent, il m'arrive alors de faire des plans pour mourir. Mais je ne me sens pas encore prête [...]
Aujourd'hui, je me sens vraiment bénie.
Non, l'heure n'est pas venue. Pas encore."

"Quelqu'un n'a-t-il pas dit un jour que répéter la même chose sans discontinuer en espérant un résultat différent était une manifestation de la folie?"

"Je me retire en moi-même. J'utilise toute ma volonté pour m'éloigner d'ici et partir ailleurs. Un cadran tourne dans ma tête, je retiens mon souffle et attends de voir ce qui va se passer. Les plaisirs et les risques d'un voyageur dans le temps."

"Accepter ses actions passées. Accepter les visions. Patienter en leur compagnie. A la fin, c'est suffisant."

 

Je remercie Livraddict et les éditions Robert Laffont pour ce partenariat encore une fois très agréable!

30/11/2012

Se retenir aux brindilles - Sébastien Fritsch

Se retenir aux brindilles_Sebastien Fritsch.jpgSur mes traces...

Ariane Vermus, la trentaine bien sonnée, ses 2 enfants en bas âge sous le bras sonne à la porte de Marthe et Noël Aride. Elle ne les a pas revus depuis une vingtaine d'années. Elle ne sait même pas ce qui l'attend derrière la porte, si sa soudaine arrivée, sans prévenir, lui vaudra un bon accueil, mais a-t-elle le choix? Non, elle est en fuite. Ainsi commence ce roman Se retenir aux brindilles. Des interrogations sur le présent, sur le futur que se pose Ariane et qui trouveront peut-être leur réponse en ce lieu de son enfance et dans les souvenirs qui remontent à la surface. La narratrice nous entraîne avec elle dans un "presque road-movie" -de la Dombes de son enfance en passant par Lyon, ville de ses 1ers pas de femme "libre", suivi d'une ultime échappée belle sur Nantes en quête d'un ami/amour perdu- sa course s'achèvera sur un retour à la case départ : Lille qui l'accueillera métamorphosée et la boucle sera enfin bouclée.

Il y a des histoires comme ça qui vous enferrent dans une ambiance dont vous ne pouvez sortir qu'une fois le livre fermé (et encore, je dis ça mais je suis encore toute imprégnée moi de ce roman et des émotions qui m'ont traversée). Oui, je crois que j'ai été saisie toute entière par les souvenirs d'Ariane, par son passé comme son présent, par les émotions qui l'ont traversée et qui sont parvenues jusqu'à moi.

Immersion totale dans la peau de l'enfant soumise aux jeux interdits et si pervers de son ami Tristan (mentor et maître de l'horreur). J'ai souri à cette amitié "innocente", à l'image de cette petite fille toute dévouée à ce premier ami et à cet autre compagnon de jeu, Matthias (dans l'ombre de Tristan toujours...). L'émotion m'a saisie encore et encore dans ce lien si profond et, si fragile à la fois, qui la reliait à Marthe Aride, la maman gâteau qu'Ariane n'a pas goûté enfant et qui, on le comprend avec tristesse, souffre de la maladie d'Alzheimer. J'ai souri à ces soubresauts de femme révoltée et fermé les yeux sur les doutes qui l'accompagnaient... tout en ayant envie de lui dire "allez, allez s'il te plaît ne laisse pas tomber". J'ai grincé des dents en comprenant enfin certaines choses de son passé et de la femme qui en était née. J'ai été émue un peu de ses ratés amoureux, de ses rendez-vous manqués qui auraient pu faire que tout soit différent pour elle, alors oui j'ai été entraînée comme elle à certains regrets. Enfin, j'ai frémi de peur et de rage à ce danger en elle, autour d'elle, après elle...

Des questions je m'en suis posées, autant sinon plus qu'Ariane elle-même. Et il m'aura fallu être patiente pour obtenir les réponses. Il m'aura fallu refaire le chemin à l'envers avec elle. J'ai été tenue en haleine oui par ses/ces questions et, si parfois, je me doutais de certaines choses, j'ai apprécié que les réponses ne soient pas venues tout de suite, qu'il ait fallu prendre le temps qu'il fallait, celui du travail de mémoire, celui du travail patient de l'assemblage des pièces d'un puzzle, celui qui se trouve aussi dans les questions amenées au détour d'une rencontre que l'on croit anodine. J'ai accepté en rongeant mon frein les silences, les non-dits et ma patience a été récompensée. Même quand je me suis agacée de certaines choses qui me semblaient "invraisemblables", qui soulevaient des "tiens mais pourquoi elle fait ça?", j'ai obtenu une explication dont j'ai pu me satisfaire ; preuve est que l'auteur n'a rien laissé au hasard.

A maintes reprises aussi je me suis fait la réflexion que Sébastien Fritsch s'y connaissait drôlement bien en psychologie féminine pour rendre aussi bien la pensée, les doutes, les vibrations du coeur d'Ariane. Parce que ce personnage sonne terriblement juste dans ce qu'elle vit, dans ses souvenirs et ses émotions. Et si d'aventure vous aimez Radiohead ou Marillion, groupes qui ont accompagné Ariane dans son évolution, pourquoi ne pas accompagner votre lecture de ces morceaux choisis pour encore mieux être au diapason de ses émotions.

Et si pour saluer la plume de l'auteur je vous laissais avec quelques extraits que j'ai aimé?

"En l'absence de toute réelle discussion avec les trois adultes qui composaient mon entourage immédiat, je n'avais donc pas d'autres solutions que de garder toutes mes questions pour Tristan. Avec ses deux ans de plus que moi et sa brillante intelligence, il avait, à coup sûr, toutes les réponses.[...]

Pourquoi le chat des soeurs Montorfano, il est couché dans le caniveau sur la place de l'église?

-Parce qu'il est mort.

-Et pourquoi il gonfle?

-Pour pouvoir s'envoler vers le paradis des chats.

Et effectivement, deux jours plus tard, il avait disparu. En ne le voyant plus au bord du trottoir, j'avais levé les yeux par réflexe. Et j'avais pu en tirer deux conclusions : le Paradis était vraiment très loin, puisque je n'arrivais plus à voir le chat ; le clocher des églises était pointu dans le seul but de montrer à tous les félins la direction de la terre promise. Et j'avais continué ainsi mes interrogations d'enfant :

Pourquoi tes parents te laissent faire tout ce que tu veux?

-Parce que c'est moi le chef. Ils ne sont là que pour me servir.

-Pourquoi les soeurs Montorfano veulent toujours jouer avec nous?

-Parce qu'elles s'ennuient. Tu imagines, toi, passer tout ton temps entre filles?" (p.71-72)

"Et de toute façon, on est tous comme ça, nous les humains : à dix ans, on vit dans le rêve, à vingt, dans l'illusion, à trente, dans les projets et à quarante, dans les regrets. Et à chaque fois, on oublie simplement de vivre la réalité." (p.192)

"Les paroles de Constance me remettent en mémoire cette phrase de Mattias : on se laisse impressionner par les montagnes que la vie nous oblige à gravir, mais si l'on se contentait de s'intéresser uniquement à la petite pierre posée au sol devant nous, on se rendrait compte, en posant le pied dessus, qu'on est déjà lancé dans l'ascension." (p.211)

"Mais j'ai beau remonter pas à pas dans ma mémoire les sept années que je viens de vivre avec celui que j'ai choisi pour mari, je ne retrouve pas le moment où "tout donner" s'est transformé en "tout céder", "tout recevoir" en "tout accepter", puis "tout accepter" en "ne rien refuser"." (p.269)

A cette interrogation laissée par l'auteur en dédicace : "Fuir ou rester? Avancer ou revenir? Abandonner ou se retenir aux brindilles", je crois qu'une réponse est apportée. Si cette question vous titille alors n'hésitez pas à lire ce beau roman pour y répondre :)

Je remercie Livraddict et M. Sébastien Fritsch & Editions Fin mars, début avril - 2012 pour ce 1er partenariat qui m'a ravie.