Mélisande! Que sont les rêves? - Hillel Halkin

I had a dream

Au hasard d'une rencontre, Howard, professeur et spécialiste de philosophie antique, replonge dans le passé. Sa mémoire l'emporte vers ces êtres qui ont marqué sa vie : Richard (Ricky), l'ami exceptionnel par son intelligence, par son assurance, par son comportement hors norme aussi et puis Mélisande (Mellie) dont il tomba amoureux au premier regard, elle qui lui préféra d'abord Ricky avant de l'épouser lui, le timide, le posé. De trio à duo(s), Hoo nous livre au travers d'un long appel à l'absente, cet amour aussi vivace qu'au premier jour. Pour un ami d'abord, pour une amante surtout.

Mélisande! Que sont les rêves? est un roman de la maturité. Parce que celui d'un homme qui se souvient de ce qu'il a vécu de plus fort dans sa vie. L'amitié et l'amour. Un hymne à ce qu'il y a de plus beau dans ce qui peut lier des êtres. Qui ne se souvient pas sans mélancolie de cette amitié et/ou de cet amour d'adolescence si intense (à la vie, à la mort ça vous parle?) qu'on y repense à chaque fois que l'occasion de se souvenir se présente?

Et parce qu'il y a de ça dans ce roman, je me suis laissée emporter par l'histoire et par les personnages. Je ne saurais dire pourquoi mais j'aime les récits qui parlent d'amitié. J'aime quand le narrateur de l'histoire raconte ce pourquoi sa vie a été marquée par telle ou telle personne d'exception. Points de vue sur l'amitié entre fascination et envie ; l'amour passionnel, fusionnel fait de désirs et de pulsions.
Intéressant aussi de voir ce qui peut briser une telle amitié, un tel amour. Ce qui fait que malgré toute cette force des sentiments, les êtres se perdent, se déchirent, s'éloignent.

Dans ce trio amicalo-amoureux, j'ai aimé le personnage de Ricky (qui peut rappeler par certains aspects le personnage de Christopher McCandless du film Into the wild) pour sa fougue, son envie, la flamme qui l'animait. Dommage qu'il s'y soit brûlé les ailes. Hoo m'a plu pour la force de ses sentiments, son amitié quasi indéfectible pour Ricky, sa tendresse envers Mellie, son amour pour elle quasi à toute épreuve... Et Mellie, Mellie... ? hmm... Tiens, je ne sais pas. Ou plutôt je saurais dire ce qui m'a déplu en elle. Mais là n'est pas le sujet.

L'écriture d'Hillel Halkin est plutôt plaisante mais pourrait paraître quelque peu doctorale à certains. L'auteur est érudit, cela se ressent dans les nombreuses références littéraires et mythologiques insérées dans le récit. Si j'ai apprécié la majeur partie du temps parce qu'elles étaient pertinentes dans le récit ou les échanges entre nos personnages, j'avoue que l'une d'elle m'a laissée quelque peu perplexe. Je l'ai trouvée mal amenée. Récit métaphorique peut-être? Bref, le niveau d'écriture est soutenu. Il faudra passer ce cap. Mais si j'y suis parvenue et, si j'ai plutôt apprécié la teneur de ce roman, nul doute que vous aussi.

"Au fond, nous ne sommes qu'une séquence continue d'impressions sensorielles, de sentiments et de pensées. Si nous n'en gardions pas la mémoire, nous n'aurions aucune notion d'identité. C'est la mémoire qui apporte à notre expérience une illusion de continuité que nous attribuons à un observateur détaché, tout comme le spectateur au théâtre attribue la pièce qu'il regarde à un auteur. En fait, la pièce a réellement un auteur, alors que nous sommes les auteurs de nous-mêmes".

Cette lecture est un partenariat Folio, que je remercie à nouveau pour la découverte :)