17/10/2014
Avis express (genre casse-croûte) #4
Voici une nouvelle rétrospective composée majoritairement des dernières bandes dessinées lues au mois d'Août dernier. Pas mal de découvertes sympathiques que ce soit en one shot ou en séries (à poursuivre!). Bref du classique, du fantastique, du jeunesse, du rire et de l'émotion, de la poésie aussi et des illustrations qui en mettent plein les yeux. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges.
A part ça, je persiste et signe avec le manga Bride stories et je vous présenterai en outre deux titres jeunesse que j'ai appréciés dont un gros coup de cœur.
Bonne découverte!
Sous-sols de Pierre Wazem et Tom Tirabosco
Je retrouve dans ce titre, le trait de crayon et les couleurs qui m'avaient ravie dans La fin du monde. Un trait un peu épais, gras, des tonalités bleu nuit à noires (j'adore!).
Une jeune femme se retrouve errant dans les couloirs du cyclotron du Cern. Elle finit par y trouver un vieil homme, un spécialiste de l'anti-matière mais voilà tous deux sont prisonniers de ses sous-sols. On apprend que l'accélérateur de particules a plongé le monde dans le noir. Pendant ce temps, en surface, une autre jeune femme triste et esseulée (jumelle de la dernière) rencontre "par hasard" la femme du scientifique. A partir d'un va-et-vient entre ce qui se passe au-dessus et en-dessous, le lecteur fera un cheminement assez troublant entre réalité et rêve. Ses sous-sols sont-ils l'allégorie d'un monde intérieur, un monde psychique autre qui permettrait de fuir la réalité ou s'agit-il de résilience post-traumatique? Ses sous-sols pourraient-ils correspondre à une autre réalité, sorte de monde parallèle? Mystère...
Wazem et Tirabosco renouent ici avec le fantastique, même si ici ils s'appuient sur des thèses clairement scientifiques. On reste dans le flou, l'interrogation, où se trouve la vérité quant aux jumelles? C'est à la fois très onirique et psychologique.
Billy Brouillard. Tome1 : le don de trouble vue de Guillaume Bianco
Billy est un petit garçon assez terrible qui vient de perdre son chat, ce chat qu'il malmenait mais qu'il adorait. Pourquoi Tarzan n'est plus, où est-il parti? Billy écrit au Père Noël au sujet de la Mort qui n'est plus sa copine, il voudrait retrouver Tarzan et le ramener du royaume des morts.
Billy est un sale garnement à l'imagination débordante, il en fait voir de toutes les couleurs à sa petite sœur, Jeanne, mais il a un côté hyper attachant. Alors on est pris de soudains élans de tendresses pour ce ptit bonhomme qui veut retrouver son chat, qui panique quand il croit avoir perdu sa petite sœur, par sa manière même de s'adresser au Père Noël. J'adore la façon dont Guillaume Bianco rend les traits de son visage, c'est hyper expressif.
Ce Tome 1 est à la fois un conte merveilleux, un recueil de poésies, une sorte de grimoire ou de gazette fantastique, il mêle aux aventures de Billy, de courts récits macabres, des extraits d'encyclopédie sur des bestioles très bizarres. On y trouve aussi des dossiers spéciaux d'Harry Price qui continuent d'alimenter l'univers fantastique dans lequel Billy erre et nous entraîne. C'est dense, c'est effrayant mais drôle et tendre aussi.
Ce tome a une ambiance très particulière, un monde très très riche qui foisonne d'images, d'histoires. On en sort émerveillé, un brin effrayé mais immensément satisfait.
Azimut (tome 1 & 2) de Wilfrid Lupano et Jean-Baptiste Andreae
Le professeur Aristide Breloquinte embarque le lecteur sur son vaisseau Le Labs, un laboratoire dans lequel il étudie le temps. Ce temps qui passe et nous conduit à la vieillesse et une mort certaine. Dans un monde étrange, Manie Ganza aimerait échapper à l'une et l'autre et est prête à tout pour cela. Il y est aussi question d'un lapin amoureux et du Pôle Nord qu'on a perdu...
Dans cet univers clairement fantastique, totalement azimuté, on trouve des personnages hauts en couleur, certains sont barges à souhait, d'autres vils et mesquins. C'est à la fois beau et moche visuellement, je veux dire qu'il y a de très beaux personnages et d'autres clairement vilains/effrayants. Les couleurs sont en tout cas superbes. J'ai plus été convaincue par le 2ème tome que le 1er, peut-être parce que le scénario (un brin obscure dans le 1er) s'éclaircit ici. Si vous avez envie de vous mettre la tête à l'envers dans ce monde sans queue ni tête n'hésitez pas.
Nous ne serons jamais des héros d'Olivier Jouvray et Frédérik Salsedo
Lorsque Nick perd sa grand-mère, il renoue avec son père invalide, veuf et impossible à vivre. Ce dernier lui demande de refaire avec lui le tour du monde qu'il avait fait dans sa jeunesse avec sa femme. Nick est au chômage, il accepte tout en sachant que ce sera compliqué.
Un scénario qui se fait parcours initiatique fait de réminiscences douloureuses et joyeuses pour l'un, de découvertes et d'apprentissages pour l'autre. Un ancien qui cherche à rattraper le coup, les années perdues à ruminer et qui, finalement, essaie à sa façon de laisser quelque chose de bon à prendre pour l'avenir à son fils. Ce dernier finira par écouter, s’assiéra sur ses jugements et finira par comprendre et sans doute grandir. Ces personnages de prime abord peu sympathiques sont juste humains et quelque part touchants.
Une belle histoire emprunte de mélancolie et une bonne réflexion sur les relations familiales, père/fils mais pas que, sur le conflit des générations notamment, sur l'amitié et sur le sens d'une vie.
Les peuples oubliés de Lilian Coquillaud et Julien Bertheaux
Théophile Lansier se crash avec son avion en pleine péninsule arabique. Il est alors retenu par un peuple de femmes au cœur d'une cité oubliée. Bien que l'homme soit bien traité, il n'est pas aussi libre qu'il le pensait. Bien décidé à ne pas finir comme cet individu mystérieux emprisonné, il tente de s'enfuir. Mais Makeda, la Reine de Saba, l'entend autrement maintenant qu'il connaît la Cité Interdite, à moins que Théophile n'accepte de lui ramener une carte pouvant la protéger elle et les siens des hommes de la Cité d'Atlantes.
Le récit fait appel à des peuples et cités légendaires, prendrait presque des allures de conte magique, il éveille une certaine curiosité du coup. Graphiquement, des tonalités chaudes et finalement un dessin qui porte et complète un scénario peu étoffé en soi.
Yaxin, le faune Gabriel (Tome1 Canto 1) de Dimitri Vey et Manuel Arenas
Yaxin c'est la rencontre du plus petit des faunes, Gabriel né avec le Printemps, et du grand magicien Merlin. Dans un univers fantasmagorique, Gabriel évolue tout émerveillé de ce qu'il voit. Il rencontre Merlin, s'attache à lui et n'a de cesse de l'interroger sur ce monde et les êtres merveilleux qu'il découvre. Merlin amusé par ce petit être vif et curieux répond aux questions qui fusent sans interruption et tente de lui faire comprendre qu'une part de mystère dans les choses doit être maintenue.
Le petit faune, tout en rondeur tel un poupon, apporte une dimension très tendre au récit et provoque d'emblée l'attachement. Merlin, empreint d'une certaine gravité est la figure sage du recueil, il invite à se poser, observer, réfléchir.
J'ai trouvé que le visuel, les graphismes étaient superbement mis en valeur par l'écriture poétique. Celle-ci accompagne à merveille cette bd qui invite à la contemplation, à la rêverie.
Alice au pays des merveilles de Xavier Collette et David Chauvelle
Dois-je résumer cette histoire connue de tous? Alice suit le lapin blanc dans son terrier et chute dans ce que nous découvrons avec elle être le pays des merveilles. Là, elle ira de rencontres surprenantes en rencontres surprenantes et pour certaines quelque peu dangereuses...
Une adaptation bd du roman de Lewis Caroll fidèle en tout point à l’œuvre originelle. C'est sans queue ni tête, on y perdrait presque son latin tant ça part dans tous les sens mais graphiquement c'est juste Beau. Plus que le récit, ce qui m'a séduit ici ce sont les dessins. Collette a apporté un soin particulier à la physionomie des personnages, effrayants à souhait! le souci du détail est bluffant et rend l'immersion dans l'histoire totale. J'ai retrouvé dans cette bd, ce sentiment diffus de malaise que j'ai toujours ressenti en lisant cette histoire cauchemardesque.
Deux mots pour résumer : beau et décousu.
De cape et de crocs, t.1 : le secret du Janissaire d'Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou
A Venise, deux mousquetaires, Armando et Don Lope, sont sollicités par un vieil homme afin de délivrer son fils, Andreo, prisonnier sur un bateau turc amarré dans le port. Les deux gentilshommes y découvriront une carte au trésor qui semble bien plus intéressante que cette affaire d'enlèvement. Mais ils ne sont pas les seuls à convoiter cette vieille carte...
Un premier tome très dense et intense par le scénario et le dessin. Il mêle humains et personnages aux allures animalières ainsi nos deux héros sont un renard et un loups, ce qui m'a ramené des années en arrière quand je lisais les histoires illustrées du goupil Renart et du loup Ysengrin (Roman de Renart). Cela m'a aussi renvoyée aux récits et films de cape et d'épée que j'affectionnais enfant. Souvenirs, souvenirs :)
Nos deux héros sont assez hilarants, les scènes sont cocasses, les répliques fusent. Et c'est là aussi que se dissimule la qualité de cette bd. Les références culturelles au théâtre de Molière et autres grandes œuvres françaises pullulent. Je ne les ai sans doute pas toutes décelées tant le texte est riche de références mais c'est plaisant de reconnaître, ici et là, une tirade ou situation.
Le scénario et l'histoire telle qu'elle se déroule s'apparente à la farce, tout est prétexte à rire. C'est assez débridé, sans limite dans la parodie.
Graphiquement, ce n'est pas là que j'ai été conquise bien que les couleurs chatoyantes soient agréables au regard. Mais peut-être que cela tient aussi, encore une fois, à la densité de l'écriture. Le sentiment de lire plus que de s'attarder sur les planches a dominé parce que justement l'écrit ici a pris le pas sur le dessin.
N'empêche que je continuerai sûrement de suivre nos deux compères dans leurs aventures juste pour ce rappel plaisant à mes lectures d'enfant qu'il m'a procuré.
Titres jeunesse :
La petite marchande de rêves de Maxence Fermine (1er tome de la saga Malo au Royaume des Ombres)
Malo va avoir onze ans, ses parents qui sont très occupés et généralement peu présents pour lui, lui ont concocté un anniversaire surprise. Sauf que le taxi qui emmène Malo est percuté par un bus et plonge dans la Seine. Le garçon se retrouve aspiré par un tube qui l'emporte vers un univers étrange où il va rencontrer des arbres et un chat qui parlent, d'autres enfants dont la fameuse marchande de rêves mais aussi des êtres plus inquiétants, spectres et magicien. Malo devra mener à bien une mission s'il veut sortir de ce monde étrange.
Cette histoire a de quoi rappeler l'histoire d'Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll. Un monde fantastique, de drôles de rencontres avec des êtres particuliers plus ou moins menaçants, une quête et un but pour refaire surface. Le scénario n'a donc rien d'original. Il n'empêche que cette histoire dégage un certain charme, c'est poétique et finalement prenant. Il y a de bons messages véhiculés par l'histoire et portés par les personnages : amitié, entraide... Bref, un conte fantastique pour jeunes enfants qui a réussi à m'embarquer comme si j'avais encore huit ans.
Point de côté d'Anne Percin
Pierre Mouron, dix-sept ans, fait face seul à la perte de son frère jumeau. 7 ans ont passé mais le jeune homme ne s'est jamais remis de l'amputation de celui qui fut l'autre moitié de lui. Alors il en appelle à la mort et malmène à n'en plus finir courses après courses son corps en se disant qu'il finira bien par céder. Mort préméditée. Mais le corps résiste. Le corps d'abord puis le cœur parce qu'un jour, un regard intense s'arrête sur lui, le garçon transparent.
Pierre nous jette au visage sa douleur, sa solitude, ses interrogations sur lui-même et sur son rapport aux autres, les filles et les garçons. De l'envie de reprendre le violon, de cette rencontre qui l'interpelle, le bouscule dans son désir de mort, l'éveille à l'amour et à ce qu'il est, Pierre renaît à lui.
C'est très bien écrit, c'est très beau. Ce personnage d'adolescent si grave est touchant, ses sentiments ne laissent pas de marbre, cet amour qu'il ressent intensément et lui redonne vie allume quelque chose en nous qui touche au Beau et au Vrai.
Anne Percin rend à merveille la souffrance et les doutes du jeune homme, l'éveil de ses sentiments. L'écriture est très belle, vibrante de sincérité. Les thèmes abordés donnent à réfléchir : deuil, anorexie, sexualité et homosexualité, amour et vie.
J'ai dévoré ce roman, un très gros coup de cœur à ne pas réserver qu'aux ados.
"J'ai envie d'avoir quelqu'un, ou que quelqu'un m'ait... j'ai envie d'une présence. J'ai envie d'une main sur mon épaule. J'ai envie... de quelque chose que je ne peux pas écrire, même pas ici"
A suivre...
14:56 Publié dans Bang, Boum boum | Tags : avis express bds et romans jeunesse. | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Copieux pour un casse croute!! :)
Écrit par : soundandfury | 17/10/2014
Oui Sound mais en même temps, ça faisait longtemps que je ne vous avais pas donné à manger! ^^
Écrit par : c'era una volta | 17/10/2014
Ah ouais, joli morceau ton casse-croûte, C'era ! Je viens de terminer le dernier roman de Maxence Fermine et ouais, moi aussi je suis sous le charme ! Je vais sûrement lire sa petite trilogie jeunesse !
Écrit par : Ingrid | 17/10/2014
Sacré billet, et sacré casse-croute !
Je ne connais pas du tout les titres dont tu parles, il faut dire que je ne suis pas très Bds.
Par contre, oui j'ai beaucoup aimé la trilogie de Maxence Fermine.
Et j'ai hâte de pourvoir lire son dernier titre. ^^
Écrit par : cledesol | 17/10/2014
@Ingrid : ^^ l'avantage c'est que chacun peut y lire ce qu'il veut même si c'est gros :)
Si je dois relire Maxence Fermine, je pense que j'irai plutôt vers un de ses romans adulte, j'ai entendu beaucoup de bien de Neige par exemple. Et celui que tu viens de lire a l'air sympa aussi.
@clédesol : c'est pour les personnes qui ont très faim :p
tu n'es pas très bd mais n'empêche que c'est grâce à toi que j'ai découvert La guerre des lulus ^^
Une BD ça se glisse bien entre deux romans et ça permet aussi de se poser après une lecture intense avant de passer à la suivante :)
Écrit par : c'era una volta | 18/10/2014
A consommer sans modération.
Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 18/10/2014
Merci Alex!
Écrit par : c'era una volta | 18/10/2014
Il y a l'air d'avoir des trucs sympas ^^
Écrit par : Marie et Anne | 20/10/2014
Tout à fait!
D'ailleurs, j'ai oublié de parler de cette autre bd jeunesse que j'ai lue et qui était bien sympa aussi et qui s'appelle Sorcières, sorcières ^^ Elle m'a fait pensé à votre blog :p
Écrit par : c'era una volta | 20/10/2014
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