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28/02/2015

Que ta volonté soit faite - Maxime Chattam

que ta volonté soit faite,maxime chattam,le bled de l'horreur,tel père tel fils? eh bien non heureusement!,abomination humaineHorror humanum est

Carson Mills, bled perdu au fin fond du Midwest, un de ces patelins de l'Amérique profonde où il ne se passe pas grand chose. Sauf que depuis quelques temps, le shérif Jarvis a quelques soucis : disparitions d'animaux, viols de mineurs, meurtre même... Qu'arrive-t-il à sa ville? Ce ne peut pas être un de ses habitants hein? Non, ils se connaissent tous, et surtout lui il les connaît tous.
Alors que notre bon vieux shérif patauge dans la semoule, le lecteur lui voit l'âme d'un gamin s'abîmer dans des actes de plus en plus odieux. Le Mal a un nom et il s'agit de Jon Petersen.


Avec Que ta volonté soit faite, je découvre Maxime Chattam. J'ai lu ça et là, que son écriture est ici différente, plus imagée. Il est vrai que les métaphores abondent. Sans doute pour préserver le lecteur de toute la cruauté qui s'exerce à travers Jon Petersen.
Dès les premières pages, dans une scène qu'on pourrait dire d'anthologie, le lecteur est confronté à cet homme horrible, terrifiant. Un père qui donne une leçon à son fils, qui veut marquer son esprit et le soumettre à jamais à son autorité.
Puis, l'auteur tempère, en introduisant un narrateur omniscient de tout ce qui s'est déroulé et reste à venir pour le lecteur ; en nous mettant même en garde de la conclusion (j'avoue que je l'avais oubliée cette mise en garde). Ce narrateur nous parle depuis Carson Mills et nous invite à un voyage au cœur du Mal, à découvrir peut-être ce qui pourraient être son origine et qui nous concerne tous.

Le moins qu'on puisse dire c'est que Maxime Chattam s'y entend pour poser là une histoire tout ce qu'il y a de plus noire, de ce noir qui vous enserre et vous oppresse. Alors oui, grâce à cette maîtrise-là j'ai été happée par le récit, presque hypnotisée par ce personnage, ce psychopathe en puissance. Horrifiée souvent par la cruauté de ses actes et encore plus par son plaisir.
J'ai scruté Jon Petersen attendant, souhaitant que quelque chose (un restant d'humanité?), quelqu'un (le shérif, l'amour, son fils?) vienne interrompre la bête avide de puissance, de violence lancée au galop et incontrôlable.

J'ai lu ici et là, que l'auteur était comparé à Stephen King et il est vrai qu'il y a quelque chose dans ce Que ta volonté soit faite qui rappelle le maître de l'horreur. Est-ce parce que le récit se déroule dans une bourgade américaine, est-ce grâce à ces quelques figures typiques de l'Amérique profonde, est-ce juste l'horreur telle qu'elle est décrite qui nous permet de faire le rapprochement?

J'ai beaucoup aimé le shérif Jarvis, son humanité venait parfaitement contrebalancer la brutalité de Jon Petersen. Il a beau être inefficace en ce qui concerne le cas Petersen, il reste une figure apaisante et même paternaliste dans toute cette horreur. Il est à la mesure de sa ville et de l'époque, quelque part assez limité.
Ensuite, il y a le jeune Riley, fils de Jon, qui après Ingmar et Jon apporte une note d'espoir dans la descendance familiale. D'autres visages, âmes torturées pour la plupart, viennent compléter le tableau sordide de ce récit.

Pas mal de choses m'ont plu et je dois dire que toute cette histoire donne à réfléchir sur la manière dont le mal peut se générer chez un être : inné ou acquis là est la question.
MAIS parce qu'il y en a un (ceci n'est que mon avis et ressenti et d'autres l'ont pensé autrement) :
Je ne m'attendais pas à cette chute-là. Je ne m'attendais pas à cette explication-là que beaucoup ont salué comme originale, osée. Moi? Elle m'a frustrée et même déplu.

Ce qui suit constitue peut-être bien un SPOILER (si vous comptez lire le livre, revenez lire ça après coup, histoire de me donner votre avis avisé ^^ ) :
Je me suis même exclamée "NON mais c'est quoi ça?! Mais d'où toi, l'auteur, tu décides qu'à ce moment précis de l'histoire, moi, lectrice, je voulais que ça se passe ainsi? D'où tu me laisses entendre que c'est comme ça et pas autrement parce que soi-disant c'est ce que je voulais à ce moment-là comme fin?" Ben non, désolée M. Chattam mais, à ce moment-là, ce n'est pas ce que je voulais, j'attendais autre chose (ou peut-être que j'en demandais perversement plus parce que tant qu'à prendre le lecteur à partie, oui on peut lui reconnaître un certain voyeurisme), j'attendais que ça se poursuive comme dans une "vraie" fin et non cet espèce de truc pseudo original, cette pirouette narrative tout droit sortie d'un chapeau magique foireux censée mettre le lecteur fasse à ses responsabilités. Parce qu'après tout, ce que vous annoncez comme étant le paroxysme absolu du désir général du lecteur qui en appelle à cette fin, aurait tout aussi bien pu s'exercer dès les premiers actes odieux du personnage et le récit se serait alors terminé dans les toutes premières pages. Alors pourquoi nous avoir embarqué si loin?
Peut-être que je lui poserai la question au Festival Quais du polar...

Ceci dit, je relirai Chattam car je lui reconnais des qualités de conteur de l'horreur indéniables.

"Jon avait remarqué que plus il s'intéressait à sa cible, plus il la détaillait sous toutes ses coutures, plus il faisait "connaissance" avec ses occupants, et plus le plaisir de la ravager était grand. Il y avait une étrange corrélation entre proximité, pour ne pas dire intimité, et jouissance d'anéantir ce qu'il appréhendait dans ses moindres détails."

"l’homme gêné préfère prétendre qu’il ne voit rien plutôt que de prendre le risque de chambouler son quotidien"

Commentaires

J'avais beaucoup aimé ses premières trilogies. Il sera au Quai du polar ? Chic !

Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 01/03/2015

Il est dans ma wishlist :D
Donc je ne lis pas tona vis.

Écrit par : Anne Charlotte | 01/03/2015

je reconnais qu'il ya de la frustration dans cette fin mais j'ai tellement tout aimé que mon plaisir n'en a pas été touché.

Écrit par : stephanie plaisir de lire | 02/03/2015

Je n'ai jamais lu de Chattam donc je ne peux pas dire si la comparaison avec Stephen King (un auteur que j'adore) tient la route... En revanche, autant j'aime l'univers teinté de fantastique de King, autant la froide et terrifiante approche du mal au travers d'un psychopathe chez Chattam me fait reculer ^^ C'est pourquoi je me suis fixée de découvrir cet auteur avec sa saga "Autre-Monde"... Merci pour cette chronique, qui me confirme que ce roman n'est pas pour moi ! A presto :)

Écrit par : Lupa | 02/03/2015

@Alex : j'ai quelques titres tenus au chaud que l'on m'a recommandé. Je réitérerai l'aventure Chattam ^^

@Anne-C. : :) je ne crois pas que mon avis te dissuaderait de le lire (il suffit de ne pas lire ce que je dis à la fin :p ). Il a quand même fait son effet faut pas croire.

@Stéph : C'est bien parce que j'ai trouvé que tout le reste était plutôt bon et bien mené que cette manière d'introduire la fin et de la motiver m'a déplue (genre WTF?!!!). Cela n'empêche pas de reconnaître certaines qualités. :)

@Lupa : Stephen King (que je n'ai pas lu depuis longtemps) s'il reste dans un registre teinté de fantastique, s'y connaît tout autant que Chattam à dépeindre le Mal. Le clown de Ça m'a tenue des heures éveillées ^^ Dans Misery, la nana est quand même pas mal barrée et ce qu'elle inflige au gars de manière très maîtrisée est assez terrible. Il a quand même une belle brochette de malades dans ses livres King :p
Alors peut-être que Chattam pousse cette exploration "humaine" du mal plus loin et qu'effectivement cela ne peut pas convenir à tout lecteur. Moi, j'avoue que ça me fascine un peu tout ça (curiosité malsaine je ne sais pas, curiosité tout court certainement).
J'ai aussi Autre monde dans ma PAL num. mais je serais plutôt tentée par un autre.

Écrit par : c'era una volta | 03/03/2015

Héhé, tu as raison, c'est sans doute pour ça que je n'ai pas lu les deux King que tu cites (Misery et Ça) ;)

Écrit par : Lupa | 03/03/2015

Bon je vais pas le redire ici, bon si : Maxime Chattam c'est mon auteur préféré.
Alors je suis contente que tu l'aies enfin découvert.

Moi j'ai adoré l'ensemble du livre, même la fin qui c'est vrai peut-être un peu frustrante, moi elle m'a convaincue, je me suis complètement laissée embarquée. Bref, il m'a eu. ^^

Écrit par : cledesol | 03/03/2015

@Lupa : :) ahahah. Et c'est pour ça que moi ils m'ont tenu réveillée des heures entières au lieu de dormir ^^ Il y a de très belles pensées sur l'amitié dans Ça ceci dit. A l'époque j'avais noté tout un passage à ce sujet. Ce qui prouve que King sait aussi parler d'humanité :) C'est que tu me donnerais presque envie de lire un King toi!

@Clé : :p Tu as parfaitement le droit de le dire et je le comprends tout à fait. Mon avis sur l'auteur est loin d'être figé.
J'aimerais savoir pourquoi cette fin t'a convaincue par exemple? Parce que les arguments qu'il avance pour expliquer ce qui est arrivé à J.P., ça m'a fait bondir en fait. Sérieusement, je me suis vraiment dit "non mais c'est quoi ce b..el?"
Je comprends le concept, l'idée qu'il met en avant pour en arriver à ça mais je garde ce sentiment que c'est une mauvaise pirouette narrative qui n'est pas à la hauteur de tout le reste. Il ne m'a eu qu'à 75% :p

Écrit par : c'era una volta | 03/03/2015

Les commentaires sont fermés.