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31/12/2015

Rainbow warriors - Ayerdhal

rainbow warriors,ayerdhal,lgbt army,droits de l'homme,démocratie,putsh humanitaire,rip ayedhalJe vais d'un autre monde

Commandité par une "société" secrète et puissante, le Général Tyler se voit investit d'une mission pour le moins particulière. Faire tomber le régime dictatorial véreux du Mambési (pays d'Afrique) avec une armée constituée quasi uniquement de personnes LesbiennesGayBiTransgenres et plus ou moins militairement expérimentées.
Pour un monde meilleur, pour un monde sans ostracismes et sans préjugés, cette armée va frapper au cœur d'un pays parmi les plus farouchement homophobes qu'il soit et bousculer tabous et idées reçues.


Oh je vous vois sourire ou froncer les sourcils vous. Penser "c'est quoi cette histoire farfelue?"
Mais non, écoutez-moi : Ayerdhal n'a pas écrit un roman dérisoire, absurde. Il a construit un récit qui sous des dehors saugrenus est même plutôt sérieux (j'y viendrai). Sérieux mais drôle... et tendre... et humain.

Passée la prise de connaissance d'avec notre général Tyler (en retraite forcée), celle d'avec l'ancien Secrétaire général des Nations Unies, et des motivations de ses riches commanditaires (respect des Droits de l'Homme, chute de la dictature mambésienne corrompue et élection démocratique), nous entrons dans le vif du sujet. Recrutement de nos milliers de lascars. A partir de là, c'est un florilège de personnages hauts en couleurs que nous rencontrons!

De Jean-No, l'artiste à Pilar, la farouche en passant par Andrea, Jarod, Anna-May, Marlee et tant d'autres (Ndidi, Azu, Koffane, E'unli), Ayerdhal nous offre des personnages bien campés, profonds, attachants. Je sais que certains ont été gênés par leur nombre, important. Cela n'a pas été mon cas. Je crois au contraire que j'aime ça aussi quand la palette est vaste. Et tous ceux-là, brossés par Ayerdhal avec soin, à la fois sérieux et légers, comptent dans et pour l'histoire.
Je me suis amusée avec eux, notamment dans la première partie du roman qui consiste en grande partie à la formation de ces milliers de volontaires peu ou prou expérimentés dans "l'art de la guerre" (si tant est que l'on puisse parler d'Art...).
Les liens passés, présents, ceux qui se tissent, ça se savoure. Les dialogues m'ont fait parfois plus que sourire :)

Venu le temps des choses sérieuses, du passage à l'action, le récit s'assombrit et plonge le lecteur dans des phases nerveuses, tendues. L'histoire vire au roman d'espionnage, de guerre, à la critique politique. Quand des agents, des infiltrés de puissances politiques contraires au projet Rainbow warriors s'en mêlent, les choses se corsent et on assiste à une guerre de tranchées, usante, impitoyable.
Dans cette partie, Ayerdhal balance gaiement sur les politiques hypocrites qui manient l'ingérence politique pour leurs uniques intérêts politico-stratégiques et financiers. Fi des humains et que leurs droits soient bafoués... Sacrée réflexion d'Ayerdhal sur ce point, cela donne à réfléchir.
La discussion autour de ce titre pourrait aussi porter sur la place des LGBT dans l'armée, dans la société, sur leur capacité comme tout un chacun à apporter leur pierre à l'édifice...

Rainbow warriors, c'est beaucoup de choses, ça vibre d'humanité et de rébellion. On sent la liberté de pensées d'Ayerdhal, son engagement, sa sincérité, son respect pour l'humain, pour sa diversité.
Rainbow warriors, c'est drôle mais surtout pas loufoque, c'est sérieux mais surtout pas chiant.

Voilà je ne voulais pas finir l'année sans avoir parlé de ce roman multi-catégoriel que j'ai fortement apprécié, sans parler d'un auteur que j'ai découvert trop tard pour lui dire, à la faveur d'une nouvelle rencontre en Festival, tout le bien que je pense de ce roman. Ayerdhal nous a quitté mais ma route avec ses écrits ne fait que commencer!

Allez, place aux morceaux choisis :

"Nous sommes tous d'une façon ou d'une autre engagés dans des combats contre l'iniquité. Avec notre argent, avec nos mots, avec notre savoir-faire, auprès des institutions, des citoyens ou sur le terrain. Nous le sommes tous depuis longtemps et nous ressentons tous le même écœurement. Nous ne sommes utiles que localement et ponctuellement. C'est plus qu'insatisfaisant, et ça devient enrageant quand nos maigres avancées sont balayées d'un revers de plume au bas d'un accord, d'un contrat ou d'un chèque. Les femmes et les hommes que vous voyez en face de vous aujourd'hui, Général, sont des femmes et des hommes qui ont décidé de tenter l'improbable pour provoquer un bouleversement dans la représentation que chaque femme et chaque homme se fait du monde et de l'humanité"

"Je connais assez bien le fonctionnement des institutions internationales et je ne comprends pas les réserves que certains observateurs étrangers se sont permis d'émettre à l'égard du scrutin qui vient de se dérouler. La première règle en la matière est, il me semble, de respecter la souveraineté du pays hôte et de se conformer à ses lois, dont bien évidemment celles qui régissent son organisme électoral. Ces lois ont été fixées par mon prédécesseur et personne ne les avait encore remises en cause, alors que de son propre aveu, le Mambési ne pouvait pas être considéré comme une démocratie modèle. C'est d'ailleurs pour que la nation évolue vers une Constitution démocratique qu'il m'en a confié la charge. Ce qui revient à dire que, pour toute la communauté internationale, ma présidence était déjà légitime avant que je ne la soumette au référendum populaire qui l'a confirmée. Mais là où mon étonnement est à son comble, c'est quand certains ambassadeurs aux Nations unies affirment haut et fort qu'un taux de participation deux fois supérieur aux scrutins précédents fait de celui qui me permet d'exercer sereinement la fonction que le peuple m'a confiée une farce ou une parodie. Est-ce à dire que les voix des femmes qui n'avaient jusqu'alors pas le droit de vote n'ont pour eux aucune valeur?"

"La connaissance se partage, se discute, se mélange, s'équilibre, se modèle pour que le savoir soit toujours en mouvement. Je n'attends de personne qu'il soit studieux. Curieux me suffit. La curiosité est le matériau qui éveille le désir d'apprendre, qui estompe les différences, qui refoule les peurs et les intolérances"

"Merci à mes ennemis pour tous les amis qu'ils m'offrent, dit le proverbe"

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Commentaires

Jolie lecture et joli hommage pour finir l'année 2015. Je sais à quel point elle te tenait à coeur. Ça me paraît beaucoup plus sérieux que ce que j'imaginais, mais je mettrai quand même la main dessus.

Écrit par : solessor | 01/01/2016

J'ai lu le premier chapitre en accès libre et j'avais lorgné le bouquin à la bibliothèque, suite à tes encouragements. Comme au début l'officier jouait un peu son Colonel Trautman (en plus grossier ^^) j'ai abandonné la lecture du roman qui m'apparaissait comme assez vain... et perché ^^.
En plus, je suis assez féru d'Histoire pour savoir qu'Alexandre le grand, Jules César ou Richard Coeur de lion avaient des penchants homosexuels tout en s'affirmant comme experts de la chose militaire. Ce roman que j'ai classé à tort comme une démonstration laborieuse semble, à lire ta critique dithyrambique, plus riche qu'il n'y paraît au premier abord.
Je ne pense pas renouveler mon essai, mais je tiens à te remercier pour ta sympathique et engagée chronique !

Écrit par : DocteurManhattan | 01/01/2016

Ta chronique rend un très bel hommage à l'auteur ! C'est vraiment triste qu'il nous ait quitté si tôt, et nous nous devons de partager la connaissance de son oeuvre en écho à ce morceau choisi dont tu nous fais cadeau dans ce beau billet.
Je pense justement me tourner vers la partie SF (qu'est-ce que tu veux, on ne se refait pas ^^) de sa bibliographie avec ses "Chroniques d'un rêve enclavé", rien que le titre me fait déjà tourner la tête !!!
Merci pour lui, mais aussi pour nous :) Bises !

Écrit par : Lupa | 02/01/2016

Ta chronique est géniale et il me faut absolument ce livre ! :D

Écrit par : Léa Touch Book | 02/01/2016

Je craque pour la couverture! ❤ merci pour cette belle découverte!

Écrit par : Attrape-mots | 02/01/2016

@Solessor : merci

@DocMan : ah je ne connais pas le colonel Trautman, j'ai donc loupé le rapprochement ^^
"vain et perché" :) Bon si au moins j'ai réussi, sans te convaincre à le reprendre", à te faire entendre que ce roman n'était ni vain, ni perché, c'est déjà une petite victoire (si je peux le formuler ainsi).
Autant je connaissais les penchants d'Alexandre le Grand, autant je ne savais pas pour les autres... ^^ Je suis peu calée en penchants en fait :p ahahah

@Lupa : Merci :) Le titre que tu cites a de bons échos, je me disais que je le tenterais bien aussi pour poursuivre ma "rencontre manquée du vivant de l'auteur".
On en reparlera donc du monsieur et de son écriture. Je m'en fais déjà une "joie".

@Léa : ton enthousiasme fait plaisir Léa. merci!

@Attrape-mots : Je t'en prie. Elle est "joviale" cette couverture malgré ce qu'elle représente. La palette de couleurs qui fait tout :)

Écrit par : c'era una volta | 09/01/2016

J'hésitais un peu mais tu m'as définitivement convaincue!

Écrit par : Mariejuliet | 05/02/2016

Ah ben voilà une bonne chose de faite. Lance toi MJ, tu verras avec Ayerdhal, tu ne peux pas être déçue!

Écrit par : c'era una volta | 17/02/2016

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