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16/05/2016

Plus haut que la mer - Francesca Melandri

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Fin des années 70, une épouse, Luisa, et un père, Paolo, embarquent sur un bateau pour une île prison de haute sécurité où se trouvent incarcérés l'époux violent pour elle, le fils terroriste pour lui. A l'heure du retour, un incident leur fait manquer le bateau qui doit les ramener sur le Continent.
"Prisonniers" de l'île, sous la surveillance du gardien Pierfrancesco Nitti, la nuit va délier les langues et ouvrir les cœurs. La rédemption sera-t-elle au bout du voyage?


Plus haut que la mer (Titre original : Più alto del mare) est un court roman de l'auteure, scénariste et réalisatrice Francesca Melandri. J'ai lu ces 200 et quelques pages en quelques heures.
Dans un cadre sauvage et magnifique, il parle de l'intime, des pensées et sentiments qui se cachent au plus profond de nos personnages, comme un secret honteux.
Les états d'âme se livrent avec pudeur, avec douceur, sans heurts, c'est là toute la force de ce roman et de l'écriture de Francesca Melandri.

Luisa, Paolo et Pierfrancesco sont des êtres esseulés, l'un par le poids de sa fonction et ce qu'elle implique de violence subie ou livrée, les autres par celui de leurs devoirs qu'ils portent comme un acte de contrition pour les crimes de leurs proches.

Résignés, anéantis, coupables, à la limite du mutisme, ces trois-là vont se trouver et s'ouvrir les uns aux autres avec force et pudeur. Au-delà des mots, ce sont aussi les gestes et les regards qui parlent : une attention, une bienveillance, une solidarité qui n'étaient plus attendues. Et alors des barrières, des murs de protection plus hauts que la mer tombent.

Mais, il n'y a pas de hasard, la vie met sur le chemin de chacun la ou les personnes adéquates, qu'elles s'inscrivent sur le court ou le long terme. Luisa, Paolo, Pierfrancesco mais aussi Maria Caterina (la femme de l'agent carcéral, emmurée elle aussi dans des questions qui restent au bord de ses lèvres) vont retrouver le souffle de vie qui leur manquait depuis bien des années.

Plus haut que la mer effleure l'univers carcéral, la crise d'un pays mais il touche surtout au plus juste le cœur de ces femmes et hommes. Il montre que l'enfermement ce n'est pas que les murs d'une prison mais aussi celui dans lequel on se réfugie, et qu'il n'y a pas d'enfermement dont on ne puisse se libérer grâce à une main tendue.

"Car si l'on veut garder quelqu'un vraiment à l'écart du reste du monde, il n'y a pas de mur plus haut que la mer."

"Ceux qui sont capables de faire des blagues au milieu de l'horreur sont encore pleinement humains. Et face à la fièvre du dogme, il n'y a pas de meilleur remède que le rire."

"-Ces deux-là n'ont été jugés par personne. Ce sont des parents, pas des détenus.
Le directeur leva enfin les yeux.
-Ah! Car pour toi c'est très différent."

"Paolo eut l'impression qu'elle absorbait ce qu'il lui disait comme la terre le fait avec la pluie : l'eau disparaît mais continue à exister, même si personne ne sait dans quelle nappe, de quelle source, elle remontera à la surface."

"Il écrasa son visage dans cette douceur si connue, si nécessaire. Et il comprit qu'il ne trouverait jamais les mots qu'elle lui demandait."

Merci aux Editions Folio pour cette énième découverte. Je me replongerai sûrement dans un autre titre de Francesca Melandri.

Commentaires

Je ne connaissais pas du tout, mais je suis bien tentée après ton billet.

Écrit par : stephanie plaisir de lire | 16/05/2016

Ce sera ma prochaine lecture, normalement.

Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 17/05/2016

@Stéph : salut toi, ça faisait longtemps! rapide à lire et vraiment plaisant :)

@Alex : alors verdict?

Écrit par : c'era una volta | 25/05/2016

Je retrouve toute ta sensibilité dans ce billet, ainsi que dans ces phrases qui me touchent, et dont tu as le secret :
« Mais, il n'y a pas de hasard, la vie met sur le chemin de chacun la ou les personnes adéquates... »,
« et qu'il n'y a pas d'enfermement dont on ne puisse se libérer grâce à une main tendue ».
Merci pour ce beau partage :)

Écrit par : Lupa | 29/05/2016

Merci à toi Lupa, pour tes mots et de percevoir ce qui est dans les miens.

Écrit par : c'era una volta | 30/05/2016

Bonjour, je confirme que c'est un très beau roman que j'avais repéré sur un blog. Je l'ai conseillé autour de moi et les lecteurs ont été emballés. Bonne après-midi.

Écrit par : dasola | 26/08/2016

Coucou Dasola : excuse moi d'avoir tardé à voir ton commentaire et à y répondre.
Il fait partie de ces romans très courts, qui ne paient peut-être pas de mine mais qui touchent véritablement le lecteur. Je sais pas, les mots et les émotions sonnent tellement justes, c'est sans doute ce qui lui vaut son succès :)
Merci encore de ton message. :)

Écrit par : c'era una volta | 19/09/2016

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