04/03/2013
Ville close - Franck Maubert
Méfiez-vous de la ville qui dort...
Julien Collardeau ex-parisien, ex-critique gastronomique s'est retiré à Richelieu, ville fortifiée d'Indre et Loire, ville érigée par le Cardinal de Richelieu. Dès son arrivée, il plane sur la ville comme un air de ville fantôme, les rues sont inanimées, les habitants à la limite de l'immobilisme. Alors que tout semble lui dire de fuir ce lieu où de tristes et sombres évènements ont eu lieu, Collardeau décide de faire fi de tous ces avertissements et parcourt la ville afin d'en refaire connaissance mais aussi par accès de curiosité. Ses pas vont le conduire à de drôles de zigotos qui incarnent à eux seuls l'atmosphère pesante, sombre et glaciale de Richelieu.
Drôle de livre que ce Ville close, à l'atmosphère étrange et pénétrante. Dès les premières pages j'ai été prise par cette ambiance presque irréelle qui plane en ce lieu. Il semble que Richelieu vive de sombres moments sous les dehors d'une cité endormie, ennuyeuse comme peuvent l'être les petites villes de campagne. Il semble qu'elle cache en son sein quelque chose de malsain, indiciblement mauvais mais quoi? Franck Maubert joue à coup de phrases courtes, presque tranchées sur cette pesanteur qui assomme Richelieu. Il règne une chape de plomb faite de mystères que l'auteur appesantit encore plus par la description de ces ruelles que parcourt Collardeau à la tombée de la nuit ou par mauvais temps, dans le brouillard mais aussi par ses figures qu'il nous donne à voir à travers le regard du narrateur.
Si la ville en elle-même apparaît lugubre aux yeux de Julien Collardeau, que dire de ces visages qu'il rencontre et qu'il nous décrit en détail. Un cafetier à la mine de musaraigne peu avenant, un antiquaire décorateur homosexuel parkinsonien dont le petit ami a été trucidé derrière l'église et dont le crime reste irrésolu, un libraire ex-taulard marié à une couguar aristo qui donne froid dans le dos, le maire de la ville accessoirement médecin et surtout homme à femmes, des jeunes aux allures de skinheads désoeuvrés, un corbeau qui sème la rumeur, la terreur par ses missives...
Et puis il y a ces morts : une jeune femme qui s'est "suicidée", une vieille femme retrouvée morte chez elle, un homosexuel assassiné, un homme vivant à l'état quasi sauvage retrouvé mort au petit matin... Autant de drames qui suscitent la curiosité de Collardeau, qui le mènent à poser des questions auxquelles ils ne trouvent aucune réponse. Les voix se taisent, les visages se ferment, les murs ont des oreilles... chut... mieux vaut sortir de la ville pour se laisser aller à des confidences.
A côté de ça, il y a ces autres visages qui donnent au roman un air de romance, un air de roman historique aussi ou de livre de recette. Ceux-là donnent une dimension plus légère au roman, le sortent un peu, peut-être trop d'ailleurs, de cette atmosphère à la Simenon comme le dit Patrick Modiano en 4ème de couverture. Je pense surtout à Jeanne et Jean-Paul Sabin, peut-être les seuls personnages à avoir des traits sympathiques au coeur de cette ville même s'ils ne sont pas eux-même épargnés...
Alors oui, Ville close c'est tout ça, presque un méli-mélo de genres, une sorte de polar sans vraiment l'être parce qu'on ne peut pas dire qu'il y ait une véritable enquête, et c'est peut-être d'ailleurs ce qui lui manque, un peu plus de suivi et de profondeur dans l'intrigue. Etait-ce voulu par l'auteur? J'avoue que je m'attendais à suivre une véritable enquête, avoir un ou des suspects à me mettre sous la dent comme dans un véritable polar mais je ne peux pas dire que ça a vraiment été le cas. Pour autant, j'ai vraiment apprécié ce roman. Je trouve que l'ambiance et ses personnages sont une réussite, que le style est plaisant, facile à lire, que la fin est bien amenée, pas alambiquée. Au contraire, elle justifie tout le reste, éclaire le tout et connecte finalement chaque indice les uns aux autres.
J'ai aussi apprécié dans ce roman la part historique et d'en apprendre un peu plus sur le Cardinal de Richelieu et sur cette ville que j'ai découvert il y a peu. J'ai aimé me délecter de cette préparation marathon de la purée Soubise et de ces vins qui l'accompagnent.
En bref, ce roman a des qualités indéniables pour attirer les lecteurs. En tout cas, il m'a plu aussi, je remercie Babelio et les éditions Ecriture pour ce partenariat, la découverte et le plaisir qui en a découlé.
Extraits :
"Le bourg dort encore. Se réveillera-t-il jamais?"
"Je marche dans l'obscurité sans croiser âme qui vive. Les rares habitants se cloîtrent, et derrière les pierres, on peut percevoir le bourdonnement des rumeurs, comme une ville qui couve la peste. Le soir bascule dans la nuit, et ce bourdonnement infeste chaque rue, chaque demeure."
"Ne pas se fier à la place paisible d'une petite ville de province avec ses tilleuls taillés et ses bancs repeints. S'y trouvent toute la langueur et la vacuité qui accablent les pays des confins."
23:33 Publié dans Bang | Tags : ville close, maubert, gueules d'atmosphère, richelieu, le cardinal et la ville, ambiance à la simenon, recette purée soubise | Lien permanent | Commentaires (9)
25/02/2013
Au pays des kangourous - Gilles Paris
Papa nous fait un coup de calgon!
Quand Simon, 9 ans, trouve son père Paul dans le lave-vaisselle, il se sent complètement démuni. Sa mère, si peu présente même quand elle est là, s'est encore absentée pour son travail au pays des kangourous. Il fait donc appel à sa grand mère, Lola, qui ne pourra que constater la gravité de l'état d'abattement de son fils. Simon, assiste alors, jour après jour, impuissant, à la descente aux enfers de son papa dont les yeux verts ont laissé place à un regard gris et vide, un regard dans lequel il ne trouve plus trace d'aucune émotion si ce n'est la tristesse. Petit à petit, Simon va livrer avec ses mots le désarroi dans lequel l'affliction de son père le plonge, la colère qu'il ressent par rapport à cette mère qui ne se décide pas à rentrer et dont il doute de l'amour. Il va enfin nous dire ses peurs, ses rêves dans lesquels il se réfugie et toutes ces questions qu'il ressasse en son for intérieur et qui trouveront réponses grâce à Lily, la petite fille aux yeux violets.
Gilles Paris comme dans Autobiographie d'une courgette, donne dans Au pays des kangourous la parole a un enfant pour parler d'un sujet grave, tabou paraît-il : la dépression jusqu'à l'internement.
Le lecteur pour peu qu'il se laisse emporter par les mots de l'enfant plonge autant que lui dans le désarroi de la situation. Il se sent comme Simon impuissant, triste, chamboulé par l'image de ce père qui, renfermé dans sa douleur, ne peut plus s'occuper de son petit garçon. Ce fils avec qui pourtant il entretenait jusque-là devine-t-on, au fur et à mesure que Simon parle de lui, une relation fusionnelle et privilégiée. Un père qui, surtout, jusque-là comblait par sa présence continue, ses câlins, son amour et autant de moments partagés l'absence d'une mère carriériste tombée amoureuse de ce pays où elle travaille. Une mère dont Simon nous fait comprendre encore une fois avec des mots sans demi-mesure, et bien après avoir compris la raison de son non retour, à quel point elle est passée à côté de son rôle de maman.
"-Elle m'aime aussi.
-Bien sûr, Simon, que ta maman t'aime, me dit Lola un peu gênée. Toutes les mamans aiment leurs enfants.
Comment dire à Lola que maman ne m'a jamais dit "je t'aime"?"
Le lecteur quant à lui interprètera à sa manière, plus ou moins sous l'influence des propos tenus par Simon, l'absence de cette femme auprès de son enfant à un moment aussi douloureux. Pendant toute la lecture, on se doute que le motif de la dépression du père a à voir avec l'absence de sa femme ; comme Simon on pressent qu'elle est responsable de ce qui arrive à Paul. Alors, évidemment on juge sur ce qui nous est dit d'elle à postériori. On s'insurge contre cette femme qui même lorsqu'elle était là auprès de son mari et de son enfant ne savait qu'exprimer des reproches pour l'un et une fausse attention pour l'autre. On juge facilement oui, parce qu'on se laisse toucher par ce gosse qui cherche des explications à l'absence de sa mère, qui cherche aussi des traces, des preuves d'amour dans les souvenirs qu'il a d'elle.
Étrange comme cette mère absente remplit presque chaque page du livre... On pourrait croire que sa non-présence physique l'occulterait complètement face à ce père en souffrance et, pourtant, j'ai trouvé que la manière dont Simon parle d'elle lui conférait presque plus d'importance que ceux qui sont là.
A part Paul, le père de Simon, d'autres visages sont là pour éclairer l'histoire par leur présence :
-Mamie Lola et ses amies "les sorcières". Adeptes de spiritisme, loufoques au possible, pleines de joie, d'entrain et de vie. On se demande parfois qui, entre elles et Simon, est l'enfant. J'ai souvent souri à l'évocation des moments que Simon passait avec cette joyeuse troupe. J'ai trouvé que les passages où elles apparaissaient, apportaient de bonnes touches de légèreté et d'humour, de quoi contrebalancer avec l'ambiance mélancolique dans laquelle nous entraînent les pensées de Simon.
-Lily, petite fille autiste que Simon va rencontrer à l'hôpital où son père se trouve interné. Personnage mystérieux dont on ne saurait vraiment dire si il appartient vraiment à la réalité ou si il n'est en définitif qu'un personnage issu de l'imagination du garçonnet pour l'aider à appréhender la maladie dont souffre son père ; une sorte de refuge.
Plusieurs choses m'ont fait douter de la véracité de sa réalité, elle m'apparaissait parfois comme immatérielle : apparition et disparition soudaines, elle porte le prénom que Simon aurait voulu donner à la petite soeur qu'il n'a pas eu, elle semble très au fait de ce dont souffre les autres patients et agit en tant qu'ange gardien auprès du père de Simon (qui dira lui-même avoir ressenti sa présence), et enfin, elle assure à Simon qu'il la retrouvera malgré le transfert de son père dans un nouvel établissement de soins... D'ailleurs même après avoir fermé le livre, je ne saurais dire si Lily était réelle ou non... Le doute subsiste (c'est un tantinet agaçant).
Je me suis aussi fait la réflexion qu'il y avait certaines similitudes entre Lily et Camille d'Autobiographie d'une courgette. De la même manière que Camille avec Courgette, la petite Lily va fasciner Simon et faire battre son coeur. De la même manière, elle ne passera pas par quatre chemins pour lui dire ce que tous taisent mais, elle sera aussi et surtout une présence tendre, rassurante et source d'espoir pour le petit garçon.
"Ton papa va s'en sortir.
-Comment tu sais ça, toi? Il a la maladie du sommeil, m'a expliqué ma grand-mère Lola.
-Ça s'appelle une dépression.
-Tu sais comment ça s'attrape?
-Ça ne s'attrape pas, Simon. Ça arrive et puis ça s'en va, pour la plupart du temps. Des fois, ça vient de l'enfance, des fois non. Ou de la drogue, ou de la mort d'un proche. Ou d'un grand ras-le-bol de tout."
Au pays des kangourous donne à lire un drame mais il n'est pas larmoyant pour autant. Il y a certes des passages difficiles mais j'ai trouvé qu'il fourmillait aussi de moments de bonne humeur. Les mots d'enfant sont parfois de vrais trésors :
"Des petits vagues fraîches nous remontent le long du corps. J'ai l'impression d'être caressé par des glaçons [...] Tant pis pour les glaçons et la peau chair de poule, comme dit maman. Je me demande pourquoi elle dit ça. Je n'ai jamais vu une poule se baigner."
Le sourire n'est pas si loin malgré la gravité des faits. Comme on dit "après l'orage, le ciel bleu" et, c'est exactement ça.
J'ai lu un avis où il était dit que tout cela était peu crédible, que la fin était alambiquée. Je ne suis pas d'accord avec ce jugement. Je trouve au contraire que Gilles Paris est extrêmement doué pour rendre la parole d'un enfant, pour rendre ses mots percutants, touchants, pour porter ses émotions, ses incompréhensions, ses espoirs. La révélation sur l'absence de la mère n'est pas là selon moi pour atténuer, comme à regret, l'image peu sympathique qui nous a été donnée d'elle depuis le début. D'ailleurs, les propos de Simon sur sa mère resteront les mêmes, il regrettera toujours cet amour qu'elle ne lui a pas manifesté et finira par conclure qu'"une maman ça ne sert à rien".
Je crois que Gilles Paris puisqu'il a donné la parole à un enfant savait pertinemment dès le début ce qu'il en était de l'absence de la mère, mais c'est Simon qui parle et l'enfant, lui, juge sur pièces et sur ce qu'il a entendu et vu : disputes entre ses parents, motifs de celles-ci. Il n'envisage pas autre chose parce qu'il n'en est pas encore capable. Je crois que ça il faut le comprendre aussi, comprendre qu'un cheminement doit se faire.
Cette histoire est pour moi d'autant plus percutante que bien que fictive, elle n'en est pas moins réaliste et le choix de la narrer par la voix de Simon ne la rend pas moins crédible. Il faut juste être apte à se mettre à la portée de ce dernier et être prêt à entendre le vide affectif dans lequel il se trouve soudainement plongé.
Morceaux choisis :
"Quand une grande personne décide de ne plus parler d'un souci, elle l'enterre si profond que personne n'ose proposer sa pelle."
"Les mots pour dire la magie et le mystère de la personne qu'on aime n'existent pas. En parler retire même un peu de magie et de mystère. Après, c'est quelqu'un comme tout le monde et c'est bien fait pour celle ou celui qui en a trop parlé."
"Elle s'est mariée très vite avec Edmond le boucher parce qu'elle avait un petit garçon dans le tiroir. Je n'ai pas osé demander à mamie pourquoi Violette avait couché son fils dans un tiroir. C'était peut-être trop petit chez Violette pour ajouter un lit."
01:26 Publié dans Bang | Tags : au pays des kangourous, gilles paris, dépression, internement, vide affectif, les dommages collatéraux d'un yaourt | Lien permanent | Commentaires (23)
10/02/2013
Lignes de faille - Nancy Huston
Ils ont un grain dans cette famille!
Solomon, Randall, Sadie et Kristina/Erra sont les narrateurs de Lignes de faille. Leur lien? Chacun est une voix, celle d'un enfant de 6 ans, celle de la génération précédente : le fils, le père, la grand mère, l'arrière grand mère. 4 voix, 4 parties distinctes qui remontent le temps et les conflits personnels ou politiques entre les années 2000 et 1940, entre les États-Unis, le Canada, Israël et l'Allemagne.
Tous ont conscience à un moment donné de leur narration que quelque chose est tu dans cette famille, un secret que Kristina/Erra l'arrière grand-mère porte en elle, le secret de son origine et par-là de sa descendance. Une faille à l'origine de la lignée qui va peser lourdement sur chacun, une faille qu'il faut combler.
Ce livre est un piège. Un piège dont vous ne pouvez sortir qu'une fois la dernière page tournée, une fois que tout s'est éclairci et que vous avez obtenu les réponses qui ont été soulevées, au fur et à mesure, par les narrateurs. Qu'ils manifestent naïvement à la manière de Sol leurs interrogations sur les conflits familiaux, qu'ils rejettent leur histoire familiale trop pesante à la manière de Randall ou qu'ils épient le moindre indice de leurs origines comme Sadie ou Kristina/Erra, ce besoin de comprendre ce qu'ils sont et/ou d'où ils viennent se fait nôtre : qui est Erra, quel mystère se cache sous son silence, pourquoi ce conflit avec sa fille, pourquoi ne veut-elle pas entendre parler de son passé en Allemagne?
Mais la réflexion ne s'arrête pas à ces questions, Lignes de faille va encore plus loin dans son cheminement... Ainsi, dans quelle mesure ce qui nous est légué par nos arrières grands parents, grands parents, parents influe-t-il sur ce que nous sommes? Dans quelle mesure ce qui n'est pas dit finit-il par nous rattraper malgré tout?
Il y a des failles dans une vie, dans l'histoire de chacun qui laissent des traces en surface, qui nous modèlent plus qu'on ne voudrait, plus qu'il ne faudrait. C'est aussi ce que nous montre Nancy Huston dans Lignes de faille. Dans l'histoire de cette famille il y a comme une fracture qui remonte à loin, qui laisse des séquelles, qui joue sur l'éducation qui est donnée, sur les interdits, sur les comportements, sur l'image de soi et des autres, sur l'acceptation ou la rébellion, qui font que les non-dits finissent par exploser à la figure d'une manière ou d'une autre.
Nancy Huston donne aussi écho dans ce livre à sa propre histoire, l'abandon par sa mère à l'âge de 6 ans. On retrouve cette douleur dans l'histoire de Sadie, élevée par des "grands parents" à la discipline de fer, autoritaires ; dans celle de Randall qui voit sa mère Sadie tellement obsédée par la quête identitaire de sa propre mère qu'elle délaisse mari et enfant pour courir le monde à la recherche d'informations sur les fontaines de vie (lebensborn) nazis dont elle croit sa mère Erra issue.
Le roman a certes pour trame ce mystère de l'origine autour d'Erra mais il nous parle aussi de chacun de ces enfants, tous porteurs d'une "empreinte" familiale : un grain de beauté qui a pour chacun un sens différent, bon ou mauvais. Certains y verront comme un talisman protecteur, une muse, d'autres une menace, un signe honteux d'imperfection dont il faut se débarasser ou le dissimuler. Chacun d'eux porte en lui une quête obsessionnelle de perfection et chacun d'eux porte aussi en lui des séquelles souvent liées à la mère alors que le père a plutôt le beau rôle, aimant, attentionné, drôle. A travers leurs histoires, on a le sentiment que chacun plonge un peu plus dans la faille laissée ouverte par la génération précédente.
Il nous faudra alors attendre que ce trou béant dans l'histoire familiale soit comblé par la voix d'Erra dans le dernier récit. Car elle seule est la véritable détentrice des pièces du puzzle qui ont été disséminées successivement par sa fille, son petit fils et arrière petit fils. Des indices distillés par ci par là, qui paraissent anodins parfois, dénués d'intérêt mais qui à la toute fin se révèlent être fondamentaux à la compréhension du roman. C'est magistral parce que tout est là dans chaque histoire, sans qu'on s'en rende forcément compte et tout prend son sens à la toute fin. Tout s'imbrique parfaitement et on referme le livre en se disant ça y est j'ai eu la réponse à mes questions, à ce qui a maintenu mon intérêt durant toute ma lecture et je comprends pourquoi ceci, pourquoi cela ; je comprends et même si ce roman est parfois triste, parfois sombre et cynique et dur, je peux dire que je l'ai vraiment aimé pour tout ça.
En bref, Lignes de faille est un récit à plusieurs voix, parfaitement bien orchestré par son auteur. C'est une espèce de polyphonie narrative où chacun s'exprime distinctement mais où chacun comme en musique suit un lien dont il n'est pas forcément maître mais qui s'assemble pour former une harmonie parfaite.
Quelques extraits :
"D'ici ma majorité, il faudra que tous les habitants de la Terre se mettent à parler anglais et s'ils ne le font pas c'est une des premières lois que je passerai quand je serais au pouvoir."
"La vérité c'est que l’atmosphère se détend chaque fois que ma mère quitte une pièce et se tend chaque fois qu'elle y entre"
"Il va sans dire que l’intensité de la présence de ma mère rend d'autant plus insupportable sa rareté dans ma vie."
"Ce n'est pas que tes parents ne t'aiment pas comme tu es, c'est juste que quand on est petit on a beaucoup de choses à apprendre et on se dit plus on apprend, plus ils vont t'aimer, et, peut-être que le jour où on reviendra avec un diplôme universitaire, on n'aura plus de souci à se faire."
"Une chose que j'aime chez mon père c'est qu'il ne tient pas trop compte des règles, il dit qu'il faut toujours jouer avec et non pas seln les règles parce qu'une vie sans danger ce n'est pas une vie."
"On ne peut pas construire un avenir ensemble si on ne connait pas la vérité sur notre passé."
"Ce qu'il y a avec les grandes personnes, c'est qu'elles prennent toutes les décisions toutes seules et que les enfants n'y peuvent rien."
"Je suis vraiment heureux d’être né garçon plutôt que fille parce que c'est plus rare pour les garçons de se faire violer, sauf s'ils sont catholiques ce que nous ne sommes pas."
"Je me suis dit que la mort devait être comme ça : la vie continue tranquillement sans toi."
20:49 Publié dans Bang | Tags : lignes de faille, nancy huston, 4 voix d'enfants, secret de famille, grain de beauté, lebensborn, polyphonie narrative | Lien permanent | Commentaires (14)