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29/12/2012

Une seconde avant Noël - Romain Sardou

1s avant Noël,romain sardou,conte de Noël,dickens bis,orphelin,petit papa nowel deviendra grandUn peu de Gui, c'est beaucoup de bonheur!

Fin XIXème siècle, à Cokecuttle, cité industrielle "sans âme" du Lancashire, vit le jeune Harold Gui, 9 ans, orphelin de l'Assistance publique. Le garçonnet fort débrouillard a fait la conquête d'un vieux clochard vivant sous le pont d'Hollowspring, Le Falou. Cet homme érudit, père d'adoption, éducateur et conteur hors pair permettra non seulement à Harold d'apprendre à lire, écrire et compter/conter mais aussi d'échapper pour un temps aux griffes de Miss Parrott, intendante du bien nommé orphelinat End's End. Mais la malchance poursuit Harold et, bientôt accusé de mille torts, il se verra exilé dans une ferme de redressement en Ecosse où, au milieu d'autres enfants mis en esclavage dans de biens piètres conditions, il ne devra son salut qu'à une rencontre plus que fabuleuse où réalité et conte se rejoindront. Ainsi, dans un monde où l'esprit de Noël se perd il faudra l'intervention d'un enfant des rues pour que celui-ci renaisse et se perpétue jusqu'à nous.

Prenez un orphelin gentil et émouvant à souhait, plantez un décor triste, des compagnons à la vie non moins rude, rajoutez-y des méchants qu'on se prend à détester tout de suite et une tripotée d'ennuis qui se succèdent rapidement avant que tout ne s'inverse et ne finisse heureusement et voilà la recette d'un conte comme on les aime! Cela semble facile dit ainsi n'est-ce pas? Et pourtant, nul doute qu'il faut un peu plus que ces éléments-là pour être pris dans la magie d'un conte et en faire surtout un bon à la manière de Dickens. Il faut savoir conter, saisir l'âme d'enfant qui se cache plus ou moins profondément en chacun de nous et la tenir jusqu'au bout de l'histoire en faisant briller plein d'étoiles dans nos yeux de lecteurs. Il faut savoir saisir le coeur du lecteur et le faire vibrer au son des clochettes de lutins. C'est ce que Romain Sardou réussit à faire fort bien avec son livre, il prend le lecteur par la main et l'entraîne avec lui dans ce conte de Noël merveilleux.

J'ai été séduite par les personnages, Harold bien entendu mais aussi Le Falou, Honnêt'Joe, Lord Chubblewig. Bien entendu, l'histoire d'Harold Gui, riche de rebondissements m'a tout de suite plu. Comment rester insensible à ce petit homme que la vie n'épagne pas et qui pourtant sait distribuer le bonheur autour de lui :
"Mais Harold sut se faire apprécier de ses compagnons d'infortune par d'autres moyens que sa gloire d'assassin : Le Falou lui avait expliqué qu'un homme qui avait de la mémoire et connaissait beaucoup d'histoires à raconter était riche de biens inestimables, et qu'il pourrait toujours amadouer les coeurs plus durs : c'est bien ce qui se passa ici. Presque chaque soir, Harold pris le rôle de son vieil ami et se mit à conter des légendes et des aventures à ses voisins de lit. [...] Après les journées terribles, la mauvaiseté des Parrott, la fatigue, vous imaginez aisément l'excitation et la joliesse 2 ces instants entre enfants. [...] L'enfance jusque-là étouffée en eux par le mauvais sort resurgit dans toute sa fraîcheur. Harold constata cela avec plaisir."

Harold Gui c'est un peu un Oliver Twist, ils suivent presque le même chemin. Presque... la comparaison s'arrête à leur statut d'orphelins et à l'exploitation par les adultes dont ils sont victimes avant qu'un évènement ne vienne chambouler toute leur vie et le happy end.
La magie de ce conte c'est aussi de donner libre cours à notre imagination. Il pose certes l'histoire, l'intrigue, les personnages, les paysages mais, je sais pas, c'est comme quand on est enfant : on ne lit pas, on écoute. Et là, on voit la scène, on se l'approprie et la magie de Noël opère.

Une seconde avant Noël c'est ça, le merveilleux, le fantastique, l'émotion. Il suffit de se laisser transporter (sur le chariot du Père Noël tant qu'à faire...). Un conte à partager en famille :)

Je tiens à remercier Ingrid du blog Histoire du soir de m'avoir offert ce livre qui est tombé pile poil en cette période de fêtes de fin d'année pour émerveiller l'enfant que je reste. Retrouvez son avis ici.

23/12/2012

Bilbo le Hobbit - J.R.R. Tolkien

Bilbo le Hobbit,Tolkien,Gandalf,Gollum,nains,trolls,orcs,gobelins,elfes,fantasy,adaptation cinématographique,qu'on aime ou pas c'est beau!Courts sur pattes, le voyage est forcément plus long ^^

Bilbo Baggins coule des jours heureux et paisible à Bag-Ends Sous la Colline jusqu'au jour où Gandalf le Gris se pointe devant lui et lui annonce tout de go qu'il est en quête d'une personne pour vivre une aventure. Bilbo réfute l'offre mais c'est sans compter le grand magicien. Aussi, le lendemain, notre hobbit tout penaud se retrouve envahit chez lui par une horde de nains ayant pour chef Thorïn fils de Thraïn, petit fils de Thror ex-Roi sous la montagne. Leur but : reconquérir La Montagne Solitaire où se terre Smaug le dragon qui a saccagé la cité de Dale, poussé les nains rescapés à l'exil et volé leur richesse.
Gandalf va donc imposer en Bilbo Baggins, un quatorzième compagnon aux nains en le présentant comme cambrioleur de son état. D'abord effrayé par la tâche Bilbo refuse puis, piqué dans son orgueil de Took, finira par accepter de participer à cette aventure riche de rencontres toutes aussi surprenantes les unes que les autres et non sans dangers le mettant sans cesse en péril...

J.R.R. Tolkien dans la mémoire collective n'est autre que le maître de la fantasy, celui à qui l'on doit le célèbre Seigneur des Anneaux porté aux nues par le cinéaste Peter Jackson. Alors certes le grand public ne se doit d'être familiarisé avec l'oeuvre de Tolkien que grâce à cette trilogie cinématographique, cependant je ne doute pas que certains, comme moi aient eu envie de se plonger dans le livre Bilbo le Hobbit avant que P. Jackson n'en propose une adaptation encore une fois en 3 volets et comme préquelle au S.D.A.
Parce que ce roman a avant tout été écrit pour des enfants Bilbo le Hobbit se lit sans difficultés, comme un conte gai et facétieux mais aussi avec une bonne dose de péripéties, de monstres et de gentils. Le style est direct, très visuel aussi parce que descriptif, parfois détaillé à l'extrême. Tolkien nous donne à voir ce qu'il écrit et c'est plutôt plaisant. Certes cela crée par moment une certaine langueur, longueur qui vient casser un tantinet le rythme de cette aventure mais voilà, ça a l'avantage de planter le décor, de laisser libre cours à l'imagination des lecteurs qui peuvent se projeter dans chaque lieu où nous entraînent Bilbo et ses compagnons. Le moins que l'on puisse dire c'est que l'on est immergé dans l'histoire à l'instar de ses protagonistes.

"La matinée passa, l'après-midi vînt ; mais sur toute la lande silencieuse il n'y avait aucun signe d'habitation. Ils devenaient inquiets, car ils voyaient à présent que la maison pouvait être cachée à peu près n'importe où entre eux et les montagnes. Ils tombaient sur des vallées inattendues, étroites et escarpées, qui s'ouvraient subitement à leurs pieds, et ils les contemplaient d'en haut, surpris de voir sous eux des arbres et de l'eau courante au fond. Il y avait de petites crevasses qu'ils pouvaient presque franchir d'un bond, mais qui étaient très profondes et contenaient des cascades. Il y avait des ravins sombres que l'on ne pouvait ni sauter, ni escalader. Il y avait des fondrières, dont certaines offraient une vue agréable avec leur verdure parsemée de fleurs hautes et vives ; mais un poney qui aurait marché là, un chargement sur le dos, n'en serait jamais ressorti.
La région qui s'étendait du gué à la montagne était certes beaucoup plus étendue qu'on ne l'aurait cru. Bilbo en était plongé dans l'étonnement. L'unique sentier était marqué de pierres blanches, dont certaines étaient petites et d'autres à demi recouvertes de mousse ou de bruyère."

Ce qui m'a aussi plu c'est le ton de cette aventure. En partie humoristique, en partie haletant. Certains passages font franchement rire et pour d'autres on ne peut que "serrer les fesses" en se disant "houlala pourvu qu'ils s'en sortent".
Comme dans Le Seigneur des anneaux nous avons dans Bilbo le Hobbit une flopée de personnages divers et variés : hobbit, nains, magiciens, elfes, trolls, orcs, semi-homme/ semi-bête, affreux gobelins... Le monde imaginaire de Tolkien est foisonnant et d'une très grande richesse. A tel point qu'il est parfois ardu de se souvenir non sans mal du nom de tous ces personnages... Ne me demandez pas de vous citer les nains un par un, j'en suis incapable de mémoire. Mais nul doute que vous saurez comme moi (peut-être) vous attachez à cette troupe qui ne cessera de prendre de l'envergure au fur et à mesure de l'aventure.
Le personnage de Bilbo, héros malgré lui, est judicieusement choisi pour porter avec lui l'histoire, nul doute que les enfants à qui était destiné au préalable cette histoire (et le grand enfant en chacun de nous lecteurs) auront pu être séduit par Bilbo et s'identifier à lui à travers chacune de ses épreuves. Non content d'avoir l'étoffe d'un héros, de sortir grandit de cette aventure, Bilbo le Hobbit ne manquera pas de délivrer ce message : le bien et la vertu triomphent toujours sur le mal.
Bien entendu, ce roman fait aussi la part belle aux personnages que nous serons amenés à retrouver dans Le Seigneur des Anneaux : Gandalf, Gollum, Elrond... Pourtant je ne saurais franchement dire si Tolkien songeait déjà à cette suite du S.D.A. en écrivant Bilbo le Hobbit. Hormis ces personnages communs et l'anneau, je n'ai pas franchement vu de lien se dessiner entre l'un et l'autre. Qui sait si ce nécromancien dont il est fait parfois allusion à un quelconque rapport avec le mage noir du S.D.A.? Nul doute qu'en Terre du Milieu certaines choses se préparent mais sont encore tues...

En bref, Bilbo le Hobbit est un merveilleux conte initiatique, plus abordable, moins complexe et moins sombre que Le Seigneur des Anneaux. Il peut représenter un bon moyen de s'initier à l'oeuvre de Tolkien et par là à la fantasy.

Dans cette L.C. officieuse  avec Soundandfury s'inscrivait, après lecture du roman, le visionnage de l'adaptation cinématographique :

Bilbo le Hobbit,Tolkien,Gandalf,Gollum,nains,trolls,orcs,gobelins,elfes,fantasy,adaptation cinématographique,qu'on aime ou pas c'est beau!Le Hobbit : Un voyage inattendu - Peter Jackson

Ici le lien avec Le Seigneur des Anneaux est complètement assumé et le film se pose en véritable préquelle à cette trilogie. Ainsi, l'histoire nous amène directement 60 ans plus tard alors que les habitants hobbits de la Contrée s'apprêtent à fêter l'anniversaire de Bilbon Sacquet. On resitue cet instant dans le temps du 1er opus du SDA. Souvenez-vous, Frodon son neveu partait à la rencontre de Gandalf alors que Bilbon ouvrait un manuscrit dans lequel étaient en partie écrites ses mémoires... Procédé du flash-back intelligent pour nous ramener aux aventures de Bilbo le Hobbit.
Nous retrouvons donc la trame principale de l'histoire : Bilbon, un brin poussé par Gandalf le Gris, va être amené à rejoindre un groupe de 13 nains cherchant à reconquérir le royaume d'Erénor et ainsi récupérer le trésor volé par le terrible dragon Smaug. Et à partir de là un certain nombre de péripéties se succèdent où notre Hobbit va faire preuve d'abnégation et courage.

Si Peter Jackson arrive encore une fois à nous concocter un film de presque 3h qui n'est en plus que le 1er de ce triptyque sur Bilbo le Hobbit, c'est en prenant certaines libertés avec le roman. Ainsi, il développe un peu plus certains passages du livre, comme l'attaque de Smaug sur la cité des nains ainsi que le combat des survivants avec Azog le profanateur. Procédé qui permet aux non lecteurs du roman de comprendre de quoi il retourne et pour mon compte je n'ai pas trouvé ces éléments "historiques" inutiles.
Il semble que les scénaristes se soient aussi éclatés en redéfinissant quelque peu le personnage de Radagast le Brun, certes mentionné dans le roman mais qui prend dans le film une vraie dimension de sorcier un peu fou mais non dénué d'intérêt. La scène l'introduisant laisse d'ailleurs bien entendre qu'une sombre menace s'est introduite en Terre du milieu...
Peter Jackson a aussi su saisir les moments humoristiques du livre pour les retranscrire à l'écran, notamment la scène première entre Bilbon Sacquet et Gandalf, la scène avec les trois trolls et la scène des charades entre Bilbon et Gollum qui ne peut que faire sourire.
Le film compte bien évidemment sa dose de moments trépidants : le combat des géants de pierre, les scènes de poursuite que ce soit avec les orcs à dos de wargs ou les gobelins (iiiiik!!!).

Ce qui fait selon moi la force de ce film c'est le visuel : les paysages sont évidemment merveilleux, d'une grande beauté graphique. Le character design est sublime, que ce soit la bouille des nains, les orcs, les gobelins, les worgs ou les elfes, le travail accomplit est fabuleux. Alors certes ce n'est pas nouveau, la surprise n'est plus là (sauf pour ceux qui n'auraient pas vu Le seigneur des anneaux) mais le plaisir de l'oeil est au rendez-vous.
Le film en lui-même n'apporte rien de plus par rapport au roman. Les afficionados de Tolkien trouveront certainement à redire quant au manque de fidélité du film quant au roman. En ce qui me concerne, sans être fan et malgré que je me sois à plusieurs reprises étonnée de la longueur du film, j'y ai trouvé un bon divertissement. A défaut de plaire aux initiés je me dis que ce film aura au moins le mérite de faire connaître Tolkien et son oeuvre et peut-être inviter certains à le lire.
Le jeu des acteurs est plutôt plaisant : Martin Freeman alias Bilbon Sacquet est tout à fait crédible dans son rôle. On retrouve Ian McKellen dans le rôle de Gandalf et le toujours aussi bon Andy Serkis dans le rôle de Gollum. Certains nains semblent se démarquer un peu plus que d'autres dans ce premier opus Richard Armitage en tant que Thorin par exemple. Sylvester McCoy dans le rôle de Radagast est pas mal aussi ^^

Pour conclure, je dirai que le film est à prendre pour ce qu'il est : une préquelle au Seigneur des anneaux, pas vraiment une histoire à part entière comme le livre. Il reprend certes l'histoire de Bilbo le Hobbit mais on sent que la volonté de Peter Jackson est tout de même de l'inscrire dans un continuum pré-SDA. J'ai d'ailleurs particulièrement apprécié de retrouver Gandalf, Gollum, Elrond, Dame Galadriel (j'ai vu ça comme un petit clin d'oeil à ces personnages de la trilogie). Certains verront dans cette adaptation en 3 volets d'un livre de 250 pages un prétexte commercial à but lucratif. Moi j'y vois un rendez vous cinématographique prétexte à un peu d'émerveillement (pourvu qu'on ait envie de jouer le jeu). J'y peux rien, j'aime ça les films en plusieurs parties (comme les HP), ce sont autant de raisons de se projeter dans l'avenir pour des rendez-vous à ne pas manquer :P
Probablement aussi que ceux qui ont aimé Le Seigneur des anneaux seront plus à même d'aimer Le Hobbit : un voyage inattendu.
Si je devais critiquer quelque chose dans cette adaptation ce serait d'avoir fait de cette histoire un film qui n'est pas à montrer à un public jeune et c'est dommage parce qu'après tout Tolkien visait bien en premier les enfants par son roman.



Retrouvez un autre avis sur le roman et le film ici (en cours)

09/12/2012

Une place à prendre - J.K. Rowling

 Une place à prendre,j.k.rowling,les habitants de Pagford,critique du non humain dans l'Homme,Ouh c'est pas beau tout ça!,j'en veux pas de cette place,berk et reberk!Prendre la clef des Champs...

Pagford petite localité anglaise anodine vient de perdre brutalement son leader au Conseil paroissial, Barry Fairbrother. Le décès de ce dernier signe le point de départ d'une lutte acharnée pour la reprise de son poste. Dans cette bataille deux clans vont se livrer à une "guerre civile" faite de coups bas et trahisons en tous genres. Entre les pros Barry Fairbrother fidèles aux principes et aux luttes de ce dernier (ne pas abandonner la cité des Champs à Yarvil, ne pas fermer la clinique de désintoxication Bellchapel) et les notables proprets de Pagford (ligués derrière une de leurs figures emblématiques, Howard Mollison, éternel opposant aux Champs et à Barry Fairbrother) rien ne va plus.
Et comme dans toutes les guerres, les dommages collatéraux vont être de mise renversants sur leurs passages hommes, femmes et enfants...

Bienvenu à Pagford, bourgade qui n'a de paisible que les apparences!

"Tessa réfréna une envie subite de s'énerver. Colin avait une fâcheuse tendance à porter des jugements catégoriques sur les gens, fondés sur des premières impressions, des faits isolés. Il ne paraissait pas comprendre que la nature humaine était extraordinairement changeante, ni avoir conscience que derrière chaque visage en apparence quelconque se cachait un monde intérieur aussi unique et foisonnant que le sien".

Qui aurait pu croire que l'auteure de la saga Harry Potter puisse nous livrer dans Une place à prendre une satire de la société aussi sardonique et sombre que cela?! Certes l'on retrouve l'écriture détaillée et plaisante de J.K. Rowling, une grande maîtrise de la psychologie humaine mais, l'auteure signe ici un virage à presque 360°, un roman très adulte où le grivois, le cru côtoient le décent et le grave ; où le vrai et l'être se drapent de faux et de paraître.

Une place à prendre ce sont des hommes et des femmes en couple ou pas, vieux ou jeunes qui se cherchent (à lire à double sens), se déchirent et se perdent quand les masques tombent. Ce sont des jeunes : révoltés, haineux en prise avec les affres de l'adolescence et les conflits parentaux, avides d'une vengeance que rien n'arrête. Ce sont ces paumés mis au banc de la société pagfordienne, pris dans cette querelle de clochés qui les laissera encore plus esseulés et sans espoir qu'ils ne l'étaient déjà.
Pagford ce n'est pas un petit village tranquille, c'est une jungle où tous les coups sont permis, où la méchanceté, l'hypocrisie revêtent tous les visages. Il n'en est presque pas un qui nous émeuve et, si d'aventure, on se prend à s'apitoyer ou à avoir de la sympathie pour l'un deux, son comportement, ses actes ou ses paroles font que nous finissons par le prendre en aversion aussitôt. Je crois bien, au final, ne m'être véritablement attachée qu'à la jeune Sukhvinder parce qu'en définitive, elle est la seule en qui je n'ai rien vu de foncièrement méchant, la seule qui m'ait émue par la souffrance qu'elle endurait
-"Elle trouverait toujours moins de confort auprès de sa mère que grâce à la lame de rasoir cachée dans son lapin en peluche
[...] Le lac de douleur et de désespoir qui stagnait au fond de son âme, et dont rien ne pouvait la libérer, était en feu, comme s'il n'avait été depuis toujours qu'une immense nappe de pétrole."-

et ce courage dont elle va faire preuve. Peut-être ai-je aussi été touchée par Andrew et par Krystal Weedon. L'un devant supporter les brimades et violences paternelles (on ne peut que jubiler de le voir arriver à ses fins), l'autre malheureusement née dans un milieu si malsain et démuni qu'elle ne peut que susciter un vain espoir d'échapper à cette triste destinée qui se dessine pour elle.

La très grande force de ce roman est dans chacun de ses personnages, dans ce qu'il nous donne à voir de plus moche et bas du caractère humain. Quelle triste peinture... Oh! certes il serait facile de tous les juger et de les condamner (d'accord certains bien plus que d'autres) mais cette critique narquoise de la mini-société pagfordienne ne peut que nous renvoyer à ce dont nous pouvons nous-même être capable dans certaines circonstances... Miroir mon beau miroir dis-moi ce que tu vois. Sommes-nous si différents de ces simples gens ou de ces bourgeois et notables mielleux et artificiels qui n'assument pas tout ce qu'ils sont, ni tout ce qu'ils font? Ne cachons-nous pas nous aussi des secrets qui pense-t-on pourraient nous nuire ou nous révéler aux autres sous un jour différent, ne cherchons-nous pas nous aussi à arriver à nos fins coûte que coûte? (Je pousse un peu loin le questionnement mais n'empêche) ;)
Hypocrisie, orgueil démesuré, trahison, envie et jalousie, faiblesse d'âme et de caractère, troubles psychologiques, violence verbale et physique, manipulation... Rien n'est épargné de ce qu'il y a de plus avilissant dans la plupart de ces personnages.

Une place à prendre est une sacrée satire de société, un combat de classes et d'idées qui oppose les nantis d'un côté qui se gaussent d'être bien nés et biens sous tous rapports, une classe moyenne de l'autre tiraillée entre l'excellence et la bonne image de soi qu'elle vise à donner et ce rôle de "frère des pauvres" qu'elle revêt de temps à autre pour peut-être, allez savoir, se donner bonne conscience. Au milieu, des rebuts, dont on peut finalement douter que d'aucuns se préoccupent sincérement. Dans cette querelle de pouvoir ne sont-ils pas qu'un prétexte aux uns comme aux autres pour rassembler les votes derrière leur pseudo leader? Il semble bien que personne n'ait véritablement que faire d'eux et ne les ait jamais traités qu'en vulgaires objets. Et là, je pense à cette fin qui m'a quelque peu chamboulée et qui me laisse un arrière-goût amer...

Ce livre m'a été offert par Priceminister en cadeau de parrainage suite à l'opération des Matchs de la Rentrée Littéraire 2012 et je les remercie donc pour cette opportunité de lecture que j'ai beaucoup appréciée.